Alerte à la benzodiazépine.

Une étude s’étendant sur une période de plus de huit ans, vient de démontrer que la prise régulière de benzodiazépines, une classe de molécules prescrites contre l’anxiété et les troubles du sommeil, occasionnait des risques accrus de développement de démence chez les sujets de plus de 65 ans.
Les benzodiazépines sont largement prescrites : près d’un tiers des plus de 65 ans et près de 40 pour cent des plus de 85 ans en consomment de façon régulière. Pourtant, la prise chronique de ces médicaments n’est pas anodine chez les personnes âgées, car elles sont victime de nombreux effets secondaires, du fait de leur résistance moindre et de leur métabolisme plus lent : chutes, troubles cognitifs, psychomoteurs ou du comportement, perte d’autonomie, dépendance, sans oublier les interactions éventuelles avec d’autres médicaments.
Depuis une dizaine d’années, en outre, une association possible entre l’usage chronique des benzodiazépines et le développement d’une démence fait débat au sein de la communauté scientifique. Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence un risque accru de démence chez les consommateurs de benzodiazépines, tandis que d’autres n’observaient pas d’effet significatif, voire un effet protecteur. Des praticiens hospitaliers, pharmacologues et biologistes de trois unités Inserm et de l’Université de Bordeaux ont analysé un échantillon de 1063 personnes de la cohorte PAQUID, sans symptômes de démence au début du suivi. Depuis 1988, cette cohorte suit une population de 3777 personnes âgées de plus de 65 ans, vivant à domicile en Gironde et en Dordogne. Au sein de l’échantillon, 968 sujets n’ont jamais pris de benzodiazépines, ni avant ni pendant la durée de l’étude, et les 95 autres ont commencé à en prendre entre trois et cinq ans après le début de l’étude. Pendant les 15 ans de l’étude, 253 cas de démence ont été diagnostiqués, dont 30 parmi les consommateurs de benzodiazépines, soit 32 pour cent de cette population, contre 23 pour cent de ceux qui n’en prenaient pas. En outre, la démence se déclarait plus tôt chez les personnes ayant pris des benzodiazépines.
Même après la prise en compte des facteurs potentiels de démence tels l’âge, le sexe, le niveau d’études ou des symptômes de dépression, et quelle que soit l’année de début de traitement, les scientifiques ont observé un risque accru de démence chez les personnes qui prenaient des benzodiazépines. Si cette étude ne prouve pas qu’il existe un lien de cause à effet entre le traitement et la survenue de démence, elle incite à la prudence. Dans le doute, il est fortement recommandé de limiter les traitements à quelques semaines.

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