Détective ou Parano ?

Toujours dans une tentative de délimitation des frontières entre le normal et le pathologique, observons la différence entre un détective et un paranoïaque.

Entre celui qui ausculte les apparences à la recherche de fissures d’où jaillirait la vérité et celui qui parce qu’il est persuadé qu’on le trompe, soupçonne dans ce qu’il voit, tout ce qui n’est pas et  pense donc que la vérité est toujours cachée.

Le paranoïaque ne doute pas, il sait et l’affirme d’un ton péremptoire ! Il est même persuadé que pour lui aucune énigme aucun écran n’existe entre lui et cette vérité qui demeure à ses yeux si chère.

Le paranoïaque sait, son malheur ne vient pas de soupçonner la terre entière de se jouer de lui, mais d’être persuadé d’être le seul à le voir. Il nourrit son savoir de certitudes que seul lui détient et dont il n’éprouve aucunement le besoin de remettre en cause.

Quant à la paranoïa, elle est une solitude douloureuse mais en même temps rassurante car le malheur de voir la vérité en face est compensée par la satisfaction d’être enfin parvenu.

 »Je le savais » lance le jaloux devant les preuves de son cocufiage, mais sans savoir s’il doit se réjouir d’avoir eu raison ou qu’il a mérité qu’il en soit ainsi.

Si la paranoïa est la condition de l’homme moderne face à l’effondrement de grands récits, une chose est sure, elle n’est pas incompatible avec le génie , nous dirions même davantage, le paranoïaque ne manque pas d’imagination.

Curieusement quelqu’un qualifié de  »normal », est celui qui se contente d’assez peu dans l’établissement de la vérité, qui fait plus ou moins confiance à ce qu’on lui dit et qui par conséquent accepte de demeurer dans un niveau d’incertitude tolérable pour pouvoir passer à autre chose. La question se pose sur le  »passer à autre chose », plutôt que de rester enfermé dans une ligne d’analyse.

Le détective quant à lui, adopte une attitude contraire en se comportant comme un véritable paranoïaque, dans le sens où il ne va jamais mettre un terme à son enquête, puisque le moindre indice ou la moindre anomalie de la vérité, nourrira sa recherche de l’énigme.

Alors pour ne pas passer pour un parano, vaut mieux annoncer qu’on est détective, l’inverse pourrait compromettre à jamais la poursuite de l’enquête.

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