La Raison comme puissance d’agir.

Spinoza a considéré que tout est déterminé, c’est-à-dire que ce tout obéit à une cause qui le détermine. Si l’homme se croit libre, c’est sans doute parce qu’il ignore les causes qui le déterminent à désirer et à agir. Se pose dès lors la question de l’existence d’un libre arbitre ? Si celui-ci est, de quelle façon s’exerce-t-il ? Le penseur de nous répondre, qu’il se manifeste dans l’obéissance à la raison. Mais qu’est-ce que la raison ?

Il ne s’agit pas de gravir le monde de la béatitude à coup de volonté mais de gravir le monde avec son intelligence, pense Spinoza. Autrement dit, il convient de tenter de percevoir le fonctionnement des choses avec une intelligence pratique et affective. Qu’est-ce qu’un corps muni d’un esprit ? C’est un champ de bataille sur lequel les affects s’entrechoquent et s’entretuent. Or, la raison doit elle-même se faire force affective contre les affects nuisibles, contre les émotions négatives dirons-nous en des termes plus contemporains. La raison entretient plusieurs rapports avec les affects, elle est à la fois, ce qui peut prendre les affects comme objet et demeure également celle qui est prise à l’intérieur des forces émotionnelles. Augmenter sa puissance de penser c’est éprouver de la joie nous dit Spinoza, c’est accroitre et éprouver de nouveaux désirs, lesquels ouvrent des fenêtres affectives se jouant sur le théâtre du corps.

Au regard de ce qui vient d’être exposé, la raison peut être perçue comme une émotion et pour cause, Spinoza, définit la raison comme un ensemble d’idées, qui loin d’être des peintures muettes sur un tableau, incarnant bien au contraire, des puissances d’affirmations mentales. Plus ces idées sont grandes, plus elles sont des puissances d’agir et des forces affectives. Par conséquent, la raison est un affect actif et positif. L’objectif visé par l’être consiste à transformer ses affects en toute puissance. Si pour Freud comme pour Spinoza, l’affect est au centre l’être, leurs vues divergent dans ce que pour le psychanalyste, la cure permet de le comprendre, alors que pour le philosophe, elle l’occasion d’exercer la force de la raison permettant d’accroitre sa puissance d’agir.

Spinoza, postule pour une transformation des affects négatifs en affects positifs, dans le sens ou ceux-ci perdent de leur teneur au profit d’une préoccupation féconde plus importante empreinte de raison. C’est ce mode de réaction qui va stimuler un affect tel que la joie, elle-même incitée à partir de la puissance des idées et des affirmations mentales.

Dans un état pathologique, notant la présence insistante d’une mélancolie ou d’une angoisse, ou des deux réunies, de quelle façon l’individu peut-il agir pour faire en sortes, que ces deux symptômes n’occupent plus le terrain de l’esprit ? Nous savons que comprendre et analyser ne suffisent pas à les faire disparaître, Spinoza milite pour un enthousiasme, lui-même sous-tendu par un désir. Comment stimuler ce désir lorsque celui-ci est éteint, autrement dit, lorsque la volonté ne s’affirme plus. Se pose alors la question de savoir si celle-ci a jamais existé chez le sujet ? A-t-elle était éteinte à force d’avoir tenté de la faire taire, ou encore y avait-il un terrain propice au développement d’une paresse ? Les deux suppositions peuvent cohabiter, tout en sachant qu’il faille élucider la part d’influence de chacune et agir sur chacune d’elle.

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