‘’Idées fixes’’ au pays des T.O.C

Les obsessions, ou idées fixes, à ne pas confondre avec Idéfix, le chien d’Obelix, encore que le prénom est pour certains ce que la couronne est au roi, tellement ils le portent bien. Revenons, les obsessions, sont des pensées qui s’imposent à l’esprit à l’instar d’un assiégeant qui occupe de façon incessante, en l’occurrence l’esprit.

 

L’obsession, dérive de la racine latine, obsessio signifiant «action d’assiéger, blocus» et traduit l’idée d’images mentales dans leur sens le plus étendu, harcelant l’esprit, trouvant leur légitimité dans la peur de commettre l’irréparable, comme un acte violent et ou dangereux ou encore un acte immoral, voir également sexuellement déviant. Ces idées perçues sont comme opposées aux valeurs éthiques et morales du sujet qui en est le porteur. Il en émane une angoisse qui ne provient pas tant du caractère intrinsèquement immoral de ces obsessions, mais davantage des conflits psychiques. Le sentiment de culpabilité et de honte viennent de surcroit s’adjoindre et se confondre à la souffrance que ce trouble obsessionnel occasionne, puis s’ensuivent des rituels le plus souvent mentaux, supposés réduire voir calmer l’angoisse.

 

Nous distinguons deux grandes familles d’obsessions compulsives :

  • Les pensées intrusives.
  • Les ruminations mentales

 

Les obsessions mentales les plus récurrentes, relèvent de tout un registre de peurs dont notamment, la peur d’intenter à la vie d’un des membres de sa propre famille (conjoint, parent, enfant…), celle d’abuser d’un enfant, celle de prononcer verbalement ou par écrit des propos condescendants, blessants ou inappropriés, celle d’avoir de l’attirance pour des personnes de même sexe et enfin celle de pensées blasphématoires envers des symboles et archétypes religieux et spirituels.

 

L’examen de ce type d’obsession, met en évidence l’existence de compulsions mentales couplées à des réactions d’évitements parfois inconscientes, qui ont pour fonction l’inhibition de l’angoisse. Ces compulsions constituent un rempart contre l’émergence de pensées obsédantes naissantes et/ou récurrentes.

 

Toute pensée intrusive constitue un stimulus lequel produit en retour généralement une émotion, positive ou négative, parfois la perception est neutre. L’angoisse qui suit la pensée obsessionnelle, crée un sentiment de honte et de culpabilité traduisant une représentation réductrice de l’image de soi, c’est l’exemple de celui qui se dit :’’Mes pensées démontrent que ça ne va pas’’. L’obsession ainsi que son appréhension et les rituels qu’ils génèrent déclenchent une souffrance psychique et divers symptômes anxieux d’ordres psychosomatiques, tels qu’une tachycardie, des nausées, des tensions musculaires… ainsi qu’une asthénie due à la rumination mentale et à l’exercice de rituel longs et itératifs.

 

Parmi les compulsions mentales les plus couramment vécues, nous observons, la rumination persistante ayant pour thème l’obsession de celui qui ne veut, ni ne peut commettre une acte redouté. La recherche permanente et systématique de réassurance auprès d’autrui. Suite à l’émergence de la pensées obsessive, le sujet cherche systématiquement à obtenir confirmation qu’il ne désire, ni ne peut, commettre l’acte en question, ni qu’aucun malheur ne lui parviendra s’il ne s’y conforme pas. L’énonciation récurrente de phrases ou de prières en vue de neutraliser toute pensée immorale. Un comportement d’évitement visant à contrecarrer une obsession.

 

Les obsessions de compulsion se déclinent sous différents aspects, elles sont souvent l’effet d’un évènement donné, mais peuvent aussi bien se manifester à l’esprit d’un individu en l’absence d’un quelconque stimulus.

 

En 1978,[1]une étude réalisée sur des sujets dits saints, met en évidence que toute personne peut avoir des pensées inhabituelles et/ou blizzards dans sa vie. Ce qui distingue une personne obsessionnelle d’une personne dite normale, c’est l’importance attribuée à la pensée ainsi que l’angoisse qui en découle. Plus la pensée devient récurrente, plus l’anxiogénie s’ensuit et plus il est question d’obsession. D’autres études se sont focalisées sur les résultats fournis grâce à un I.R.M, suggèrent l’hypothèse d’une hypersensibilité héréditaire aux pensées intrusives, due à un dysfonctionnement de sécrétions de certains neurotransmetteurs.

 

Phillipson s’explique la survenue des pensées intrusives par un malfonctionnement au niveau du tri de l’information. Cette faculté qui est prise en charge par la partie périphérique du cerveau dont Brown et MC Neil en ont fait un sujet de recherche, demeure inconsciente.

 

Cerveau - AmygdaleUn autre phénomène est responsable de ce trouble : l’amygdale. Rappelons que ce dernier est situé dans la zone du lobe temporal en avant de l’hippocampe, fait partie du système limbique et est impliquée dans la reconnaissance et l’évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l’apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l’anxiété. L’amygdale fonctionnerait comme un système d’alerte et serait également impliquée dans la détection du plaisir. En effet, les processus de sélection et de traitement de l’information est relié à cette zone du cerveau régissant les réponses d’alertes : tachycardie, l’accélération du rythme respiratoire…C’est à l’intersection de ces deux systèmes que le Trouble Obsessionnel Compulsif dit T.O.C. apparaît.

 

 

La transmission de l’information des processus inconscients de sélection à la conscience est un mécanisme purement réflexif et quasiment hors de contrôle. Lorsqu’un sujet conscientise la pensée intrusive, il dispose du choix quant à son traitement : il peut la considérer comme importante voire alarmante, soit la rejeter. Chez les personnes souffrantes d’obsessions pures, le système d’alerte présente une ultra-sensibilité au point de déclencher des réponses inappropriées. Ce phénomène incite le sujet à canaliser son attention sur la pensée intrusive, et à la considérer comme inquiétante voire redoutable. C’est alors que l’individu se mobilise pour lutter contre l’objet de sa peur. Une quête de sens déchaînée s’amorce et entrave la tentative du patient d’assimiler l’intrusion : c’est la rumination. Une autre opération mentale se développe également : le rituel ou compulsion mentale qui a pour objectif de chasser voir d’éradiquer la ou les pensées anxiogène(s). Cependant, lorsque la lutte s’avère inefficace, le sujet peut adopter une réaction d’évitement vis-à-vis de certaines situations capables de déclencher la survenue d’une pensée obsédante.

 

Un autre phénomène observable chez les obsessionnels compulsifs, c’est l’accentuation de la réponse anxieuse. Il se présente sous l’aspect d’une distorsion cognitive appelée : fusion pensée/action. En effet, la fusion pensée/action est une appréhension erronée de l’obsession qui pousse la personne à considérer la pensée intrusive comme un passage à l’acte réel.

 

La réponse anxieuse d’attaque ou d’évitement, légitime la nature menaçante de la pensée et renforce ainsi son traitement par les processus inconscients de sélection. En effet, selon Wenzlaff, Wegner et Roper (1988), un cercle vicieux s’installe : le fait de réagir négativement à une pensée quelconque et, par conséquent, d’essayer de la rejeter, accroit sa probabilité de résurgence. C’est à cet instant précis que le trouble commence à revêtir une allure plus complexe et s’enrichit de distorsions cognitives renforçant les symptômes de la maladie. Pour une personne ne souffrant pas de T.O.C, il existe tout simplement une absence de réponse anxieuse à des pensées intrusives.

 

Les T.O.C se traitent par des instruments thérapeutiques du registre cognitivo-comportemental. Ils procurent des résultats satisfaisants avec toutefois le risque d’une éventuelle une rechute. Le patient peut parvenir à vivre normalement avec des rituels qui s’espacent de plus en plus.

 

 

[1] Rachman & de Silva

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