Le trouble de la personnalité, le corps et la souffrance

Prendre soin de son corps est primordial dans le processus de thérapeutique. En effet, le corps et soi ne font qu’un. Les deux sont liées aux variations physiologiques qui agissent sur les sensations corporelles. Les pensées et les perceptions se scénarisent sur le théâtre du corps tant au niveau de la motricité que de l’activation physiologique. L’équilibre de la dyade corps esprit repose sur l’idée selon laquelle ils constituent à eux deux un tout indissociable. En prendre conscience, nécessite le parcours d’un certain nombre d’étapes dans le temps qui vont nourrir la connaissance de soi et les composantes de la personnalité.

Nombre de personnes ayant subi un abus sexuel, une maltraitance, ou encore une négligence durant leur enfance, auront du mal à  remplir certaines obligations vis-à -vis de leur corps. Une difficulté sous tendue par le dégout et et la peur de leur propre soma. Nous développerons ce point ultérieurement.

Certains parents n’estiment pas opportun d’expliquer à leurs enfants l’importance d’observer une hygiène alimentaire et corporelle, notamment par la consommation d’une nourriture saine et la pratique de l’exercice physique régulier, mais également les petites recettes qui permettent de prévenir certaines maladies. Or l’accompagnement et le soutien du parent ou du tuteur dans l’observance de ces principes hygiéniques ont une portée significative sur le devenir des capacités résilientes de leur progéniture.

Ceux qui sont atteints du trouble de la personnalité, ont une représentation ternie de leur corps, dont il émane un sentiment de laideur, de dégout, de honte, à  une tare qu’ils cachent et dont ils aimeraient se débarrasser. Ils vont jusqu’à inhiber le ressenti de certaines sensations physiques, transformer des postures corporelles voir même de ne plus les adopter. Le corps est perçu comme une autre entité, il est un étranger à  part entière. Certains diront :’’ ce n’est pas mon corps. Je ne l’ai pas choisi. La maladie que j’ai contractée n’est pas la mienne, elle est celle de mon agresseur.

Les personnes victimes d’abus sexuelles ou de maltraitance ont tendances à vouloir cacher le corps et à  l’enlaidir par la négligence de leurs tenues vestimentaires, mais également par de la prise de poids. Des symboles suscitant l’apposition d’une barrière entre elles et le regard de l’autre estimé menaçant, augurant du pire.

Ces personnes traumatisées ressentent des douleurs physiques se faisant à  leur tour l’écho de souffrances émotionnelles. Un des mécanismes usités au travers la cette gestion de la souffrance par le traumatisé, consiste à se dissocier de son corps pour ne pas en ressentir les maux. Le corps ou certaines parties incarnent alors le rôle d’une entité distincte, pour certains il est vu comme un ennemi.

D’autres blâment leur corps, en ont honte et/ou le haïssent. Corps, qui selon elles, a induit l’attouchement et par l’entremise de son esthétique a attisé les pulsions du violeur. Les rôles s’inversent dans l’esprit du traumatisé et c’est ce dernier qui endosse le rôle de la victime versus le corps, qui, lui est rendu coupable. Ainsi, si la victime est une femme et que son bourreau ait verbalement valorisé son corps (tu es belle. Ton corps est superbe, je vais te rendre belle.)  Elle aura tendance à dissimuler sa féminité et à négliger son esthétique. A d’autres encore dénigreront leur corps pour n’avoir pas su se défendre contre l’abus.

Nous observons des variantes dans les attitudes en fonction de la personnalité.

Le corps et la perception de la douleur

Lorsque l’esprit se dissocie, cela engendre une altération des sensations corporelles. Il est donc possible de ressentir des douleurs physiques sans la moindre existence de traçabilité somatique. Quand la vie psychique se concentre dans le creux de la molaire â» disait Freud atteint d’un cancer du maxillaire.

A contrario, la perception de la douleur peut être amoindrie, et donc la sensibilité affaiblie, voire parfois, un sentiment d’être anesthésié.

Nombre de personnes souffrant d’un trouble dissociatif, témoignent d’un certain degré d’insensibilité physique en ressentant moins la douleur que d’autres. Le dérèglement de leur sensibilité, fait qu’elles peuvent rencontrer des difficultés à percevoir la température d’une eau trop chaude ou trop froide.

En revanche, le sujet hypersensible serait plus vulnérable au changement, avec une réactivité accrue à  la douleur et aux malaises, le corps se plaint continuellement. A chaque émotion éprouvée, lui correspond une sensation physique, telles que des tensions musculaires, une posture corporelle, un changement de voie

Le sujet livre une lutte acharnée à l’idée de laisser transparaître certaines manifestations émotionnelles et à force, c’est une phobie du corps qui finit par prendre place.

Renouer avec son corps suppose de reprendre conscience de lui et de la place centrale qu’il occupe. Le trouble dissociatif tend à tenir à distance ce corps sur lequel se sont théâtralisées des souvenirs traumatiques, des émotions douloureuses et des pensées anxiogènes. Or la prise de conscience du corps rappelle à la mémoire ces idées vis-à-vis desquelles tant de luttes sont livrées et la crainte de faire resurgir ce qui a été refoulé.

La reconnexion avec les parties du corps s’effectue à partir de gestes simples et répétés du quotidien en vue qu’une nouvelle conscience s’installe à savoir celle qui perçoit le corps avec des traces somatiques et psychiques et qui conçoit de les regarder telles quelles sont.

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3 réponses à Le trouble de la personnalité, le corps et la souffrance

  1. A.S. dit :

    Iman, vous n’aimez pas votre corps, parce qu’il a été abusé et donc souillé par un tiers. Vous recherchez ce corps en vous et sur vous que vous ne trouvez. C’est un peu comme si ce corps avait été perdu. Est ce cela ?

  2. Iman dit :

    j’ai beau chercher des informations sur le trouble de l’image corporelle, je ne trouve rien qui me corresponde car c’est toujours lié à l’anorexie ou la boulimie et je ne souffre pas de cela. Ce dont je souffre, ce sont des phases qui se manifestent depuis l’adolescence, suite à un abus sexuel. Mais elles ne se manifestent pas tout le temps. Il suffit que je prenne du poids pour que tous les miroirs ( rituels de vérification permanents) ne me renvoient que de l’insatisfaction. J’en souffre alors de lanière très violente. Je suis très liée à mon corps car je suis danseuse mais je ne pratique plus assez. J’accuse toujours mes traitements pour la bipolarité et le trouble borderline, de me faire prendre un peu de poids car un traitement m’en avait fait prendre beaucoup et j’ai tjrs peur que cela recommence. Je ne me supporte plus mais surtout, je ne parviens plus à fixer mon image, à me voir objectivement, mon image me trouble et me déprime considérablement. Ces phases me suivent depuis l’âge de 16 ans, même sans prise de poids. Je peux passer bcp de temps devant le miroir avec une forte insatisfaction à la clé. J’en suis même à comparer les miroirs mais je dis qu’aucun ne me renvoient la réalité. Je souffre bcp car cela perturbe le rapport à mon corps, l’estime de moi et la confiance en moi, ainsi que ma relation intime, même si mon ami me répète qu’il me trouve belle. J’ai une voix qui est malveillante envers moi, je ne parviens pas à la faire taire…

  3. Ferland dit :

    Merci pour ce partage. Je penses qu’il est necessaire de savoir tous les secrets de notre corps afin d’avoir plus de confiance en soi. Mais il ne faut pas oublier aussi les problèmes mentaux

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