Parents aliénants et enfants déchirés

Syndrome d'Aliénation Parentale

Le syndrome d’aliénation parentale et ses conséquences sur les enfants

Le syndrome d’aliénation parentale est une manifestation aussi complexe qu’insidieuse auquel on prête autant de définitions et d’interprétations que de situations. Néanmoins, on retrouve chez l’enfant atteint des symptômes récurrents.

Le vocable d’aliénation, renvoie à  l’étymologie latine d’alienatio signifiant depuis le 16ième siècle  : égarement. Ce n’est que vers 1811, que ce terme endosse un sens psychologique pointant sur l’aliénation mentale: un enfant victime  se détache de l’autre parent en emprouvant injustement une certaine animosité.

Le syndrome d’aliénation parentale est un processus mis en place par un parent visant ternir l’image et la réputation de l’autre parent auprès d’un ou des enfants.  Lorsque le syndrome est présent, l’enfant prend fait et cause pour le parent aliénant et apporte sa propre contribution à  la campagne de dénigrement de l’autre parent. Il devient un enfant soldat.

C’est le cas, lorsque jalousie et haine se substituent à  l’amour entre les deux membres du couple, ou la seule vengeance sert d’exutoire à  ces sentiments.

Le conjoint et parent (père ou mère) d’avant devient l’ennemi et la cible. Il est vu comme l’unique responsable du malheur de l’autre conjoint. Une relation fusionnelle peut s’installer (si elle ne l’est pas déjà) entre le parent aliénant et l’enfant allant jusqu’à déprécier l’autre parent aux yeux de l’enfant, qui malgré lui, occupe la place l’otage d’un conflit qui ne concerne que deux adultes.

Cela débute par des phrases prononcées par le parent aliénant, qui prenant à témoin l’enfant, dénonce l’irresponsabilité et les manquements de l’autre parent Très vite s’ensuivent dénigrements et insultes voire l’espoir d’une disparition de l’autre parent prennent le dessus sans réserve. L’enfant annexé finit non seulement par répéter ce qu’il entend s’exprimer, mais devient lui-même persuadé que les paroles prononcées contre son autre parent se justifient pleinement. Le moindre faux pas de la part du parent cible, justifie le du sentiment négatif de la part de l’enfant. Cela finit non seulement par engendrer un clivage familiale : d’un côté les bons, en l’occurrence l’enfant et le parent aliénant avec lequel il a fusionné et le méchant, le parent-cible. Ce système est la résultante d’une manipulation du parent aliénant et du comportement des enfants eux-mêmes, qui perçoivent le parent aliénant comme victime et veulent le soutenir tout en s’assurant du maintien du lien qui les unit à  celui-ci. Les faits s’enchaînent sur une tonalité perverse et dans une chronologie telle que l’entourage proche ne réalise pas ce qu’il se passe. Par acquiescement passif, entérine cette vision du monde. Cette haine qu’éprouve l’enfant instrumentalisé, peut atteindre son paroxysme par le passage à  un acte criminel.

En somme, une fois le processus enclenché, aucune tendance spontanée de guérison ne s’observe, bien au contraire, la plupart des enfants livrés à  eux-mêmes évoluent vers des formes chroniques.

Ces situations ne sont en rien nouvelles, le syndrome d’emprise existait déjà  au sein de certaines familles ne vivement pas nécessairement une séparation. Les enfants sont souvent acculés à  prendre fait et cause pour l’un ou l’autre et deviennent l’objet, la chose, utilisés pour les vengeances, les chantages, les haines… Ils sont l’instrument de la discorde au service des adultes. Dans cette configuration, un marquage s’effectue en perdant et un gagnant,entre un bon et un méchant. La charge émotionnelle est telle que les parents oublient aisément que les enfants restent des enfants et n’ont guère leur place dans les conflits qui les préoccupent. C’est ainsi que l’enfant transite du stade de sujet à  celui d’objet et c’est principalement dans cette phase que l’aliénation parentale se cultive.

Peu de statistiques existent en à la matière, puisque ce sujet reste tabou. Le parent aliénant considère qu’il gère parfaitement une situation et qu’il protège son enfant en faisant ‘tout » pour lui, tandis que le parent aliéné en plus de son rejet, de sa honte, est formellement soupçonné d’être un mauvais parent par l’entourage proche et éloigné voire parfois pour les services sociaux. Il en vient même à se culpabiliser, ne sachant plus dénouer le vrai du faux. Fait-il réellement tout pour lui lorsqu’il aliène son enfant, contribue-t-il réellement à  son développement psychologique lorsqu’il fustige l’autre parent  ? Pour quelqu’un qui ignore le sujet, il lui sera difficile d’imaginer qu’un rejet aussi massif ne puisse se fonder sur rien de répréhensible de la part du parent aliéné.

A l’heure actuelle en France, un mariage sur deux se solde par un divorce. Le nombre moyen d’enfants par femme en est de 2,1. Il semble que le syndrome d’aliénation parentale concerne 5 à  10% des divorces, dont les 2/3 parviennent à  un stade tragique.

La moitié des enfants ne voit plus le parent qui n’en détient pas la garde au bout de deux ans.

Il n’est de secret pour personne que toute séparation a vocation à  être conflictuelle. Toutefois, si celle-ci se configurait dans le cadre d’un respect mutuel, le risque d’aliénation serait quasiment nul. En revanche, une séparation conflictuelle constitue un risque élevé pour les enfants. Il convient de rappeler que tant que les adultes n’ont pas résolu leurs conflits, les enfants en paieront le prix. Ils percevront les tensions, les non-dits et se sentiront obligés de prendre part et de soutenir en apparence le parent le plus faible si les adultes ne les écartent pas clairement de cette situation.

Plus la situation sera tendue entre les adultes, plus l’un des deux parents se sentira lésé, plus animé restera son désir de vengeance ou de haine et plus l’enfant sera impliqué dans ce conflit, voire contraint de prendre parti.

En d’autres termes, les parents doivent parvenir à  séparer très nettement leurs dissensions de couple de leur parentalité pour protéger l’enfant.

L’enfant incarne un rôle majeur dans la gestion de ces déchirements, car selon s’il prend ou non parti, il contribuera à  faire basculer basculer la balance d’un côté ou de l’autre. Le parent aliénant imagine qu’il peut être le seul bon parent. Si l’entourage accepte sa vision du monde, il va la conforter. La question de l’individu ne se pose plus.

L’entourage proche et ou moins proche, va favoriser ou au contraire entraver l’ancrage de cette situation.

En bref, des voisins immobiles qui considèrent que chacun gère ses enfants comme bon lui semble et qui ne se permettront pas de dire que la situation est étrange, renforcent la position du parent aliénant. Le médecin qui ne pose pas la question du père ou de la mère absente facilite également la tà¢che de ce parent, même si cette interrogation va créer un grand malaise dans le cabinet. Comprenons-nous bien, il n’est en aucun cas question d’être intrusif dans la vie d’autrui, ni d’avoir un regard normatif sur l’autre, mais la tolérance n’est pas l’indifférence. Si personne n’interfère, la famille, puis certains amis, et ainsi de proche en

proche une certaine masse de personnes vont contribuer à  créer un cocon protecteur de cette situation anormale. Par leur silence, ils seront comme garants de la normalité de ce genre de relation pour le parent aliénant. Mais ils peuvent se montrer plus zélés et refuser à  leur tour de revoir le parent aliéné décrit comme un monstre et cautionner ainsi la thèse du parent aliénant.

La vie est évidemment plus complexe. Le parent aliénant s’arrangera pour écarter les personnes qui ne soutiendraient pas sa cause. Le plus souvent les enfants aliénés sont progressivement « protégés » de toute mauvaise influence extérieure et évoluent dans un vase clos. Quant aux amis infidèles, eux aussi seront tout simplement rejetés voire calomniés.

L’entourage peut également participer activement et inciter à  l’aliénation. Les parents du parent aliénant sont parfois les premiers à  chercher à  éliminer « l’autre » parent. Un nouveau conjoint peut trouver grand intérêt à  créer ou encourager la zizanie afin de conforter sa place toute nouvelle.

Conséquences sur l’enfant

Le syndrome d’aliénation parentale a l’effet d’un boomerang ou d’une bombe à  retardement.    Dans la majorité des cas, les enfants donnent l’impression d’être bien dans leur peau et équilibrés. Les symptômes n’apparaissent que bien plus tard, lors de l’accession à  l’autonomie. On parle d’une maladie chronique, celle du «manque de tiers ».  Ces effets à  long terme, décrits par Stahl, engendrent de nombreux symptômes pathologiques dont le dénominateur commun tend vers la difficulté d’établir un lien social. Le sujet devenu adulte, fonctionne uniquement sur le mode dominant/dominé,  sur le mode d’un besoin de contrôle permanent sur son corps par exemple, et d’un besoin de sécurité quand tout le reste échappe,  et enfin un mode de représentation du monde totalement manichéenne. Ces enfants devenus adultes ont émettent souvent le sentiment de subir l’existence plus tôt que de décider.

Parmi les troubles on observe  :

Des déchirures ou des clivages dans leurs relations
Des difficultés à  nouer des relations intimes
Un déficit dans la capacité de gérer la colère ou un conflit dans leurs relations personnelles
Des symptômes psychosomatiques et troubles du sommeil ou de l’alimentation
Une vulnérabilité psychologique et dépendance
Des relations conflictuelles avec les personnes détenant l’autorité
Sentiment malsain d’avoir le droit de se mettre en colère sans prétexte valable qui mène à  un clivage social en général

Les enfants aliénés présentent davantage de propension à  l’anorexie, à  la boulimie, à  la toxicomanie, aux relations sexuelles précoces et aux conduites à  risque en général, aux suicide et accidents suicidaires, à  l’interruption précoce de leurs études et enfin au développement d’une personnalité antisociale ou border line.

Les conséquences sociales de ce phénomène se doivent d’attirer l’attention et être suivies de mesures. Dès lors qu’un enfant de 9 ans tient tête à  un représentant de l’ordre ou de la justice,      refusant d’aller voir son père ou sa mère et que ce représentant de la loi ne peut rien faire de plus, quel comportement ce même enfant laisse-t-il présager à  l’adolescence  ?

Le syndrome d’aliénation parentale porte en lui les germes d’un mauvais développement des relations sociales l’enfant, mais également un rejet de l’enfant de son image de soi. Ce dernier aura par conséquent des difficultés à  construire une vie d’adulte équilibrée, notamment dans le comportement amoureux ou vis-vis de ses propres enfants.

Par l’usage de l’arme du dénigrement et du rejet volontaire d’un parent, les enfants se rendent coupables de l’équivalent d’un paricide. Le parent rejeté va peu à  peu éviter tout contact pour prévenir au syndrome post traumatique.

Il leur faudra vivre avec cette culpabilité, consciente ou non, d’avoir écarté voire détruit son autre parent. Pour se punir, d’anciens enfants aliénés reproduisent ce modèle le phénomène, en devenant à  leur tour le parent aliéné.

Notons entre le lien entre le mécanisme du syndrome d’aliénation parentale et les moyens de séduction et de mise sous emprise utilisés par les sectes pour embrigader leurs fidèles. Une fois conditionnés, les enfants aliénés deviennent des proies essentielles pour les sectes. Discours manichéens, promesses d’affection absolue et actes de dénigrement à  l’encontre des « autres » pour prouver son appartenance, fusion avec le gourou et rapport malsain à  l’argent sont autant de thèmes que l’on retrouve dans le syndrome d’aliénation parentale.

Taggé , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .Mettre en favori le Permaliens.

5 réponses à Parents aliénants et enfants déchirés

  1. LA ROCCA dit :

    Bonjour,

    Pouvez-vous m’envoyer ce texte que je n’arrive pas à imprimer (Syndrome d’aliénation parentale).

    D’avance merci

  2. van vyve dit :

    Divorcé d’un premier mariage en 1995 je n’ai plus vu mes deux filles depuis vingt ans.
    Je pense à elles tous les jours et je croyais qu’elles m’avaient complètement oubliés. En fait il n’en est rien, elles vivent un cauchemar persuadées que je suis un grand criminel. Elles ont de graves problèmes de couples avec leur mari respectif. Elles ont perdu le contact avec toute ma famille. Si d’autres personnes veulent intervenir, elles sont rejetées comme manipulatrices.
    J’en souffre très fort et elles aussi. Comment faire pour les retrouvées? Si ont se réconciliait elles deviendraient très heureuses j’en suis sur!. Qui peut nous aider? Dois je leur écrire?

  3. A.S. dit :

    Page, Lorsque les conflits à l’intérieur d’une famille demeurent irrésolus, lorsque les nondits et les secrets, ponctuent une vie, alors certains membres de la famille sont condamnés à revivre leur propre histoire, à la faire vivre à leurs enfants. Cela ne comporte rien de magique, la non résolution de conflits, témoignent d’une incompréhension, et d’une incapacité à vouloir et à pouvoir regarder les choses en face et à y apporter un changement. Cela fragilise les porteurs de ces dits conflits jusqu’au plan neurobiologique. Alors lorsque cette fragilité touche le monde biologique, elle se transmet par voie génétique. Ainsi, le membre ou les membres de la famille qui en héritent, ont toute les chances de développer un symptôme, pour peu que l’environnement dans lequel ils vont évoluer soit propice à leur culture (symptome), c’est à dire que les parents reproduisent une forme d’environnement toxique pour que l’enfant fragile, puisse reproduise les mêmes schémas de conduite.

  4. PAGES dit :

    Bonjour,

    Mes parents ont divorcé quand j’avais deux ans (mon père a eu ma garde et ma mère a disparu de ma vie les premières années de ma vie) j’ai réalisé lors de mon propre divorce que j’avais vécu cela (mon mari ayant eu une emprise sur mon propre fils qui m’a rejetée… J’ai eu tout ce qui est décrit dans cet article mais le comble, se sont les conséquences sur les générations suivantes.
    Mon propre isolement par rapport à mes 1/2 frères et sœurs, et le comble, ma propre 1/2 sœur vivant un rejet avec ses propres enfants je cherche à comprendre ?

  5. fraisse dit :

    Merci de me faire passer le pamphlet par piece joint sur mon email. Je vis un cauchemard.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.