L’autoérotisme compulsif

Tableau de chagalSensible pour certains, tabou pour d’autres, l’interpréation de l’acte d’autoérotisme dit également masturbation varie selon les individus.

L’autoérotisme est la première manifestation de la génitalité d’un enfant. Freud Évoque et décrit quatre stades par lesquels l’Évolution de l’enfant transite : le stade oral , le stade anal, le stade phallique et le stade génital.

La plupart des enfants recourent à  des auto-atouchements et c’est ainsi ils découvrent leur sexualité. De 15 à  19 mois, ils ignorent les règles de la pudeur et n’hésitent pas à  le faire devant tout le monde. Passé l’âge des deux ans voire un peu plus tard chez certains, 85 % donnent à  cette activité un caractère exclusivement privé. De la réaction de leurs parents peut dépendre une bonne part de leur avenir sexuel. Ce sont bien souvent les parents et de façon générale, les adultes qui éprouvent une gène  à  la vue des expressions et de la sexualité infantile.

Les activités ludiques manipulatoires des enfants n’ont rien de perverses ; elles sont naturelles, et font partie de leur bon développement.

Chez l’adulte, en revanche, la perpétuation de l’autoérotisme peut devenir une situation préoccupante voir l’expression d’un malaise, d’un conflit, d’une angoisse…

La masturbation, ou encore l’onanisme  est l’acte par lequel le sujet recourt pour se procurer un plaisir sexuel personnel, par la stimulation manuelle de ses organes génitaux et/ou d’autres zones érogènes. La fréquence d’épisodes masturbatoires varie d’un individu à  l’autre.

Rappelons que l’auto-érotisme, inclut également les fantasmes, ceux-ci jouent souvent un rôle important dans l’éveil du plaisir des zones érogènes.

La masturbation demeure l’une des premières expériences sexuelles vécues par la plupart des sujets. Elle apparaît ainsi comme un prototype de la sexualité, comme une expérience primaire fondamentale, comme une étape maturative nécessaire.

Bien sûr, il peut être important d’expliquer à  l’enfant que cette pratique s’effectue dans l’intimité si on le voit le faire en public.

Certaines situations peuvent alerter, dans la mesure où¹ un enfant est anormalement excité sexuellement, s’il se masturbe de manière particulière, violente ou récurrente. Il peut avoir subi des sévices sexuels auquel cas, il convient d’aborder le sujet avec délicatesse afin de l’inciter à  se confier. Il a pu aussi avoir contact avec des images pornographiques à  un âge immature,  c’est pourquoi il convient d’installer sur Internet un filtre parental, afin d’éviter à  l’enfant de tomber sur de telles images ou vidéos, de même qu’il convient de pas laisser à  la portée des enfants des revues à  caractère érotique ou pornographique.

La plupart des personnes, hommes ou femmes, qui se masturbent régulièrement, laissent entendre que ce recours, constitue un instant avec leur propre intimité et cela leur procure des sensations agréables. Ainsi elles se laissent aller jusqu’à  l’orgasme.  Certains, l’utilise comme une méthode de relaxation ou de détente. Dans d’autres cas, elle sert de « soupape sexuelle » lorsqu’un partenaire n’est pas disponible ou inaccessible.

Une enquête élaborée par l’INSERM (Institut de Recherche Médicale) en 2006, fondée sur les comportements sexuels en France, prétend que 90 % des hommes et 60 % des femmes disent avoir pratiqué la masturbation. Une pratique régulière est présente chez près de la moitié des hommes de moins de 40 ans. Enfin selon la même source, 3 à  6% de la population sexuellement active serait atteinte d’addiction au sexe, avec une proportion de 8 hommes pour 2 femmes.

Ceux qui en viennent à  se demander s’ils se masturbent trop, ont le sentiment de ne plus maîtriser leur corps, la masturbation est devenue compulsive, avec peu de plaisir voire sans plaisir aucun. La satisfaction sexuelle n’est pas la principale motivation, mais l’apaisement d’une tension dont la source est extérieure à  la sexualité.

Les personnes addicts recourent à leur addiction comme une voie lénifiante, permettant de venir à  bout de leur mal être. L’écueil, est que tout objet de plaisir peut rapidement revêtir l’effet d’une drogue, activant sur le plan neurobiologique le circuit de la récompense.

Ce circuit neuronal, censé récompenser d’un shoot d’hormones du plaisir après une action spécifique, au même titre qu’une consommation de chocolat, d’alcool, ou de sexe, ou encore le fait de se livrer à  des achats en série et sans nécessairement en avoir les moyens.

L’activité masturbatoire compulsive dénote d’un mal être et/ou d’une angoisse. Elle peut également être le signe d’une timidité, de complexes, de solitude, d’un repli sur soi, d’une insécurité, d’un manque de confiance en soi, d’une mésestime de soi. L’acte peut se perpétuer indéfiniment tant qu’il n’y a pas de désir profond de venir à  bout de ce syndrome notamment par le suivi d’une psychothérapie.

L’autoérotisme représente pour les psychanalystes la forme la plus primitive des satisfactions sexuelles. C’est une notion qui a une très grande importance dans les conceptions de Freud, tout échec de l’érotisme vers l’autre entraînant secondairement un reflux de la tendance non satisfaite sur la personne du sujet. Les principales manifestations cliniques en sont la masturbation et les fantasmes sexuels, c’est-à -dire les rêves ou les rêveries à  contenu sexuel manifeste ou latent qui accompagnent ou non la masturbation.

Différentes études ont été menées à  ce sujet. L’une d’entre elles, révèle que 94% des hommes se masturbent avant l’âge de 20 ans, dont plus de 80 % d’entre eux indiquent que cette pratique tend à  s’émousser en vieillissant. Au début ce n’était que pour un soulagement rapide qui durait souvent moins de 5 minutes. Les hommes de plus de 20 ans ayant fait parti de l’échantillonnage de cette étude, mentionnent que leurs séances masturbatoires peuvent souvent durer entre 30 et 60 minutes dans le but de faire durer le plaisir.

D’autres études rapportent qu’un homme en bonne santé âgé de 18 ans ressent le besoin d’avoir un orgasme environ 4 fois par semaine. Cette fréquence diminue progressivement avec l’âge, surtout après 40 ans. Pour les hommes de plus de 60 ans, elle est de moins d’un orgasme par semaine. Ce chiffre n’est qu’une moyenne, ce qui signifie que les variations individuelles sont importantes.

La masturbation chez les adolescents

Plus de la moitié des garçons  dont l’ge varie entre 12 et 17 ans qui ont commencé à  se masturber ont découvert  le « mécanisme », souvent par hasard. L’âge médian de la première masturbation est de 12 ans. C’est à  13-14 ans que les garçons se masturbent le plus (entre 10 et 20 fois par semaine).

De plus en plus de garçons et de filles usent d’images ou de vidéos pornographiques sur Internet pour assouvir leurs fantasmes. Vers l’age de 13 ans, un garçon sur cinq a déjà  participé à  des séances de masturbations collectives, avec un ou plusieurs copains, tandis qu’un tiers des ados de 13-15 ans souhaiteraient tenter l’expérience.

Un sujet délicat à aborder

Plusieurs mythes entourant la masturbation piochent leurs racines dans l’histoire de la société occidentale.   Tissot ,  un médecin la condamnait au 18e siècle. Il présumait que le sperme jouait un rôle important dans le fonctionnement normal de l’organisme et que le gaspillage de ce liquide pouvait affaiblir les individus et provoquer des maladies. A cette époque, on s’en servait pour expliquer des pathologies telles que la tuberculose, l’impuissance, l’épilepsie, les troubles de vision et de l’ouïe, la perte de mémoire et les maladies mentales (la folie).

Jusqu’au début du 20ième siècle, toutes les activités sexuelles ne visant pas la reproduction, tant d’un point de vue moral que médical, étaient perçues comme déviantes et malsaines. La masturbation était ainsi vue comme un vice pouvant affecter la santé physique, psychologique et morale de l’individu qui la pratiquait.

Ce n’est donc qu’au début du 20ième siècle, par le biais de nouvelles théories sur la sexualité apportées par des auteurs comme Ellis et Freud, que la sujet a occupé le terrain scientifique et la scène publique. Ainsi, l’onanisme est passé du statut d’anomalie à celui d’une pratique acceptable et «normale» pour la société. Malgré le fait que la science soit parvenue à la conclusion que l’acte masturbatoire ne présente aucune dangerosité physique ou psychologie, il ne reste pas moins un sujet éminemment délicat voir tabou à aborder.

Il existe trois types d’expériences.

Celle qui est le fait de personnes qui ne se masturbent jamais, par absence de sens vis à vis de l’acte lui-même.

Celle pratiquée par des personnes qui n’ont pas de fantasmes et n’éprouvent ni culpabilité ni honte après leur acte. Elles ne se servent pas de la masturbation pour combler les besoins émotionnels de leur vie. Elles se soulagent de temps à autre et passent ensuite à autre chose.

Enfin, celle axée sur le plaisir à tout prix et pratiquée par des personnes utilisant un support pour parvenir à leurs fins. Support qui peut être un fantasme ou un objet, ou un support visuel concret (pornographie). Parfois cela peut mener à développer des déviances sexuelles de toutes sortes. Elles finissent par devenir prisonnières de la jouissance, d’où une véritable dépendance, dans un mode parfois compulsif.

Cela fait parti du mal de l’époque, puisqu’un grand nombre d’individus femmes et hommes confondus sont porno-addicts et recourent à de l’onanisme compulsif, car les deux vont de pair.

L’autoérostime favorise un accès immédiat au plaisir, d’autant qu’il est en libre service.

L’origine de cette masturbation compulsive peut être liée à des angoisses existentielles non résolues, à un manque de câlins des parents durant l’enfance, à un manque d’assurance et de sécurité, à un désir de calmer au plus vite un malaise intérieur indéfinissable, une souffrance diffuse et inexpliquée. C’est en fait, la compensation quasi immédiate de la souffrance par le plaisir, dans un cycle comparable à celui de la toxicomanie. Cette masturbation compulsive s’accompagne souvent, de nos jours, par un phénomène de porno-dépendance par Internet. Elle peut être comme un rendez-vous quotidien pour pallier à un manque de sécurité, à un apaisement des tensions, ou encore une pacification avec soi-même.

Que faire, face à cette compulsion ? Il convient de se tourner vers un professionnel pour en parler et se traiter. Elle cache bien souvent une dépression, une anxiété, une angoisse, une estime de soi écornée.. Le chemin peut parfois être long, mais s’avère bénéfique pour qui veut l’entreprendre et en trouver une issue. Cette voie permettra d’en explorer d’autres et de pallier à ces moments ou la charge émotionnelle est élevée.

Néanmoins, il faut tenter d’en tracer les mécanismes et tenter de venir à bout des stimulis pouvant déboucher sur l’acte. Le fait d’explorer d’autres voies, favorise l’investissement d’autres territoires. Enfin, la persévérance reste de mise, car une addiction est souvent longue à faire éradiquer. Puisque son principe est fondé sur la répétition du geste qui s’ancre dans une habitude. Par conséquent rompre avec elle, suppose d’en ancrer d’autres qui s’y substitueront.

Osez en parler soit en écrivant ci-dessous, soit en m’écrivant.

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3 réponses à L’autoérotisme compulsif

  1. Dubois dit :

    Bonjour, mon mari semble être en proie à des masturbations compulsives. Il a vécu des humiliations dû à un harcèlement moral très sévère dans l’enfance, je suis sûre qu’il y a un lien avec son comportement sexuel aujourd’hui. Cela devient un frein dans notre relation. Auriez-vous des conseils face à cela ? Je vous remercie.

  2. A.S. dit :

    L’autoérotisme compulsif, n’est pas irréversible il se traite fort heureusement.

  3. kiffinette dit :

    Il ne s’ agit ni plus ni moins d’ une maladie :avec l’ âge ,cela devient irréversible et gravissime .Les scientifiques ,alcooliques ,sont à peine au niveau des primates avant JC .et n’ atteindrons jamais le niveau de connaissance des religions .

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