Du concept d’impulsivité dérive un éventail de comportements agissant prématurément, hautement risqués, inappropriés dont les conséquences peuvent s’avérer néfastes. Les personnes dites impulsives ou exagérément impulsives éprouvent de nettes difficultés à réguler leurs émotions et à détourner l’apparition de pensées et de comportements inadéquats. L’impulsivité est associée à divers troubles des conduites tels que l’agressivité, les addictions multiples, telles que l’alcool, les stupéfiants, le jeu, les achats, la mise en danger de soi et d’autrui… Les récentes recherches en psychologie ont conduit à définir les composantes de l’impulsivité, dont on en dénombre principalement quatre*:
- la précipitation,
- la carence en persévérance,
- L’irresponsabilité
- la recherche de sensations.
La précipitation renvoie à la nécessité d’une action hâtive, au risque même de le regretter, singulièrement lorsque le sujet est en proie à des émotions négatives. Ainsi, l’impulsif aura tendance à dire : ‘’lorsque je suis contrarié, j’agis sans réfléchir ou encore, je dis des choses que je ne pense pas et que je regrette ensuite’’. C’est par conséquent, cette idée d’agir sous l’impulsion de l’émotion négative qui inhibe tout processus de réflexion, elle-même s’étalant sur quelques instants. Or la précipitation ne connait pas le répit, mais s’allie naturellement à une impulsion, elle même exempte de réflexion.
La carence en persévérance traduit cette difficulté pour un sujet donné à demeurer concentré sur une tâche ou un projet lui paraissant subitement excessivement long. Cette difficulté est elle-même sous-tendue par un sentiment d’impatience rendant impossible la poursuite d’une tâche jusqu’à son achèvement car cela requiert un certain temps que le sujet en carence ne peut supporter. Bien souvent, le sujet amorce une tâche qu’il laissera inachevée.
L’irresponsabilité consiste à peu évaluer les conséquences d’une action avant de s’y engager. Celle-ci connote d’une paresse entravant un processus de réflexion. Le facteur de précipitation peut aussi ici pleinement jouer son rôle dans la mesure il exempte le sujet de l’étape qui consiste à se poser et à réfléchir, chose que l’impulsif se refuse de faire. Or l’impulsif revendique toujours une immédiateté des résultats ou des objectifs recherchés.
La recherche de sensations comporte la recherche d’expériences nouvelles, mais également des expériences occasionnant une prise de risque pouvant aller jusqu’à la mise en danger de soi et d’autrui
Mécanismes psychologiques sous-tendant les composantes de l’impulsivité
La carence en persévérance et l’irresponsabilité seraient principalement associées à des difficultés touchant des mécanismes exécutifs et de prise de décision tandis que la recherche de sensations refléterait davantage des dispositions motivationnelles ou encore celles qui seraient liées au tempérament de l’individu.
Une précipitation de niveau paroxystique, résulterait d’une difficulté à inhiber des automatismes, difficulté qui serait exacerbée par la présence d’un état émotionnel positif ou négatif. Dans ce contexte de relations entre inhibition et émotion, il a été observé qu’un niveau élevé d’activité émotionnelle pourrait perturber les processus d’inhibition par une  réponse instantanée et non réfléchie (Verbruggen & De Houwer. 2007).
Le manque de persévérance dériverait de difficultés à résister à l’inhibition de pensées et/ou de souvenirs négatifs.
L’irresponsabilité quant à elle, renvoie aux processus de prise de décision, et notamment aux processus, plus ou moins conscients, permettant d’anticiper et de prendre en compte les conséquences positives ou négatives d’une décision, et ce à partir de la réactivation des émotions positives ou négatives qui ont été associées à des décisions similaires dans le passé.
Enfin, la recherche de sensations correspondrait à un facteur de motivation et plus spécifiquement à une prédominance des comportements d’approche (plutôt que d’évitement) ainsi qu’à une sensibilité accrue aux récompenses plutôt qu’aux punitions.
Dans cette perspective, les comportements seraient régis par des réactions d’approche et d’évitement, interagissant avec les quatre configurations évoquées ci-dessus. C’est ainsi que des individus ayant une recherche de sensation élevée associée à de bonnes capacités de maitrise de soi prendront des risques « contrôlés », alors que des sujets ayant une recherche de sensation élevée associée à un manque de maitrise de soi, auront des difficultés à contrôler leurs émotions et obéiront à des conduites potentiellement dommageables et destructrices.
* Données fournies par Whiteside et Lynam (2001)