Croire en soi est sans aucun doute le ciment de toute entreprise personnelle ou professionnelle. La formule tient dans toutes les bouches de ceux qui font de la psychologie à leurs heures, comme ceux qui font d’elle, leurs heures. La pensée positive s’en emparée et son usage s’énonce sur le mode de l’encouragement, comme si en se l’insufflant, soi devenait à ses propres yeux, digne de crédibilité.
Croire en soi, suppose d’ores et déjà des ingrédients qui permettent d’entretenir la preuve de cette croyance. Mais comment croire en soi, sans avoir remporté quelques épreuves sur soi ? Comment croire en soi, sans avoir conscientisé sur ce qu’il y a en soi ? Si cela consistait juste à se le prononcer, ce serait d’évidence compter sur la magie de la pensée capable de produire un tel sentiment. Mais nous le savons, il n’en est rien ! Le simple fait de se l’entendre dire ou se le prononcer : ‘’il faut que je crois en moi’’, peut au mieux procurer l’entrain de l’instant nécessaire pour bouger mais qui se dissiperait aussi vite qu’une extase, ou au pire produire une anxiété dont la représentation se constituerait du présage d’un futur assombri.
Croire en soi, suppose que l’esprit de sagesse pose ses yeux sur la partie pleine du vase, c’est-à -dire sur ce qui en soi enregistre les succès, les capacités, les savoirs, les compétences, les accomplissements, tout en étant capable de tenir compte de ses manquements, de ses échecs, sans fléchir, sans le laisser envahir par l’auto dénigrement. L’idée consiste à observer ses forces pour se donner suffisamment de puissance et ses faiblesses pour réfléchir au comment les contourner et/ou les réduire voir les éradiquer. Il s’agit d’un véritable travail de réflexion et d’analyse requérant un investissement régulier de soi avec parfois la traversée d’une mer de souffrances.
Ceux qui envisagent la croyance en soi fondée sur l’unique image de l’entraineur qui sermonne une équipe ou un marathonien…, oublient ou ignorent qu’avant d’être en mesure de répondre positivement à cette forme de stimulus il faut avoir franchi le cap d’une conscientisation de ses propres capacités à partir de ses propres expériences de vie, à défaut de quoi il résultera un constat d’échec :’’Ça ne marche pas’’.
Certains rétorquerons, que leur vie n’enregistre que des échecs, que des manquements, que des imperfections. Observons que ces assertions langagières induisent des généralisations dont le principal marqueur sémantique est introduit par ‘’que’’ : ‘’que des échecs’’, soit une forme réductrice et simpliste de la chose. Cette tournure exagérée du langage connote une absence de nuances conduisant à des distorsions de la réalité. Posons-nous un instant la question suivante : ‘’est ce qu’une vie enregistre une proportion totale d’échecs, ou de réussites ?’’ Pour y répondre rigoureusement, faudrait-il encore quantifier statistiquement les cas apparus. Et quand bien même cela existerait, ce qui semble impossible au regard des conditions difficiles et imparfaites de l’être et de son existence, ferait-on de ces découvertes, une généralité ? A l’évidence, non ! Nous en concluons, que les échecs comme les réussites coexistent au sein d’un seul et même chemin de vie, mais qu’au final ce qui fait écho, c’est la représentation que s’en font les individus à partir de la réalité qui est la leur et non la réalité telle qu’elle est. Or la réalité se compose d’expériences teintées de multiples émotions et de sentiments et il est autant de réalités que de vécus au sein d’une même personne.
Croire en soi consiste à éradiquer certaines peurs comme la peur de l’échec, la peur de ne pas y arriver, la peur de ne pas aller au bout. La peur paralyse beaucoup plus qu’elle ne mobilise. Et si cette émotion est signe d’une conscience alerte, elle a tendance à s’amplifier si tôt que notre moi se laisse envahir par sa puissance crescendo, en mettant parallèlement en berne sa rationalité et son sens critique. ‘’La peur semble provoquer la désunion de la communauté, comme le rappelait déjà Platon dans La République. La peur est déshonorante, elle appartient aux femmes et aux enfants, mais n’est pas digne des hommes de la cité.’’ Celui qui se laisse tyranniser par le royaume de la peur, perdra le peu de liberté qu’il lui reste et demeurera esclave de ses propres démons. En des termes moins mythiques, ne prêter l’oreille qu’à ses propres peurs, entrave toute liberté d’action visant à accroitre le développement de soi, c’est dire si l’individu dans un tel état baigne dans le pathologique.
Le développement de soi conduit à la connaissance de soi, qui elle-même incarne le bénéfice des expériences de vie auprès des autres. Croire en soi, c’est conscientiser de cette singularité à condition de la développer et qui fera d’elle que chacun peut être individué soit unique en son genre. N’est-ce pas la meilleure façon de se rendre compte que cette unicité présente en chacun permet d’apporter ou de développer une lumière, une connaissance, un savoir, une réalisation, quelque chose qui lui est propre et qui fera d’elle un être singulier ?
Puisqu’il en est ainsi, que chacun se pense comme unique et qu’il contribue à apporter une avancée profitable à la sphère qui l’environne. Le monde ne s’en portera que mieux.