La dépression est une affection fréquente dont on dénombre une prévalence sur une période de 6 mois, de 6% de la population générale. Plus fréquente chez la femme que chez l’homme, elle se joue sur deux tranches d’ ge : la première entre 20 et 30 ans et la seconde entre 50 et 60 ans. Une pathologie du genre itérative dont on évalue à 50%, les cas de rechute dans l’année qui suit le premier épisode.
L’autodépréciation à l’allure de postulat, caractérise entre autres le dépressif avec à la clé une menace explicite ou implicite. : »Je ne vaux rien, ma vie n’est que souffrance, elle est un échec, il n’y a donc aucune chance pour que j’en sorte ». Une personne laisse un message vocal à un ami, pour n’être pas parvenu à le joindre. Il interprètera cela comme une occasion de le mettre à l’écart pour l’abandonner : »il refuse de répondre à mon message, il veut m’abandonner, je ne l’intéresse pas ». Sans questionner son jugement, sans évoquer la moindre hypothèse, d’un manque de disponibilité, d’une fatigue, n’avoir pas entendu sonner son téléphone. La conclusion est h tive et conduit le sujet dépressif à se donner confirmation qu’il est condamné.
Les thèmes récurrents relatifs à la valeur personnelle et à la réussite dont la fonction est sociale, se configurent en de véritables schémas de pensées et polarisent la vie psychique. Exemple : »j’échoue TOUT ce que j’entreprends, je ne vaux pas d’être aimé, tout le monde m’abandonne ». Ces schémas sont gravés dans l’inconscient au point que la personne sélectionne de faà§on arbitraire ce qui confirme ses idéations, et lui fait conclure à partir de son état dépressif, qu’elle n’a jamais le vent en poupe.
Ainsi le dépressif acquiert au fur et à mesure de ses expériences chaotiques, une représentation de soi qui connote tout autant faiblesse qu’incapacité, activant la représentation selon laquelle que toute action pour changer sa vie serait vaine. En d’autres termes, action ou inaction induisent déception et découragement dont la conclusion la plus cohérente pour lui est que la vie est trop dure ne vaut parfois d’être vécue.
Selon Beck, deux dimensions de la personnalité prédisposent l’individu à des distorsions cognitives et à une dépression : la dépendance sociale, et l’autonomie dominent durant une période dans la vie du fonctionnement psychique d’un individu. La sociotropie ou dépendance sociale, est globalement ce qui rend heureux une personne au travers la dépendance à autrui. L’autonomie est cette capacité à jouir de ses propres lois et à exercer sa propre liberté d’action, peut chez un être autonome, engendrer un sentiment d’étouffement dans un style de relations trop proche des autres. La dépression naitrait à partir d’une représentation de l’autre comme une entrave à l’atteinte de ses propres objectifs : »maman m’étouffe, je n’y arriverai jamais ».
La dépression chez l’adulte, est définie comme la résultante d’une conjonction multifactorielle, à savoir par des déterminants biologiques et psychologiques. Elle correspond à un style parental peu affectif et à un grand nombre de critiques rabaissantes durant l’enfance. Cette pathologie affecte les sujets au mode perfectionniste. Ils estiment leur résultat jamais à la bonne hauteur. Une étude développée sur une population de parents de personnes déprimées a démontré, qu’ils étaient exagérément insensibles peu affectifs, couramment et sévèrement critiques, focalisés sur la performance de leurs enfants, au moyen de buts élevés, créant ainsi un terrain favorable au développement d’un noyau dépressif pérenne chez l’enfant.
La vie mentale du dépressif est encombrée de monologues intérieurs négatifs, de ruminations incessantes et c’est ce qui explique le ralentissement mental et la rupture du lien social : »Ah je suis perdu, je n’y arrive pas, je pleure toute la journée, je ne peux sortir comme à§a, je préfère rester chez moi ».
Les données de la neurobiologie, renseignent sur le fait que la plupart des perturbations psychologiques résultent d’une vulnérabilité génétique qui interagit au cours du développement avec les expériences individuelles, c’est-à -dire l’apprentissage. Les émotions autant que la personnalité et les troubles anxieux ou la dépression s’expliquent en partie par une vulnérabilité biologique, elle-même résultant de prédispositions héréditaires. En clair, il n’existe pas de gêne de la dépression mais des facteurs environnementaux susceptibles de produire des troubles anxieux ou dépressifs à cause de cette vulnérabilité héritée d’un parent.
Comment peut-on agir pour tenter d’en venir à bout ? Avant de répondre, rappelons que qu’un dialogue interne positif compte 62% de pensées positives et 38% de pensées négatives. A l’inverse, un dialogue interne négatif, compte 62% de pensées négative minimum. Enfin, un dialogue interne négatif de conflit, s’établit sur 50% de pensées positives et 50% de pensées négatives et correspondrait à un état d’anxiété ou dépressif léger.
En d’autres termes, les pensées positives et négatives coexistent dans les 3 cas, mais les unes sont supérieures, inférieures ou égales aux autres.
Ceci explicité, revenons au point thérapeutique, il ne saurait y avoir de recettes qu’on appliquerait, comme s’il s’agissait de faire un g teau. En revanche, on pourrait appliquer une thérapie par le langage pour une dépression de type unipolaire, non mélancolique et surtout sans thème délirant, visant à corriger les cognitions, les distorsions de la pensée et ancrer de nouveaux comportements de substitution. Il est nécessaire que le patient requière une mémoire et une concentration encore suffisante pour établir le lien entre humeur, évènement extérieur et pensées.
La mélancolie constitue une contre-indication, de même que des états délirants dans le cadre d’une bipolarité. Le sens du réel est un préalable pour extraire les pensées dépressives. Les antidépresseurs peuvent s’avérer nécessaire, lorsque le patient se montre incapable d’établir un lien entre émotions, pensées, et comportements.
Le fait qu’il y ait des perturbations de types physiques liées à la dépression, comme notamment la perte de l’appétence, l’insomnie, la perte de poids, le ralentissement, l’hypersécretion de cortisol (hormone du stress) ou un alcoolisme chronique, incite à coupler antidépresseurs à psychothérapie.