Une étude sur l’empathie conduite par l’Université du Michigan (2015) auprès de 104.000 personnes ressortissant de 63 pays a révélé des éléments non des moindres. Outre le classement des 7 pays les plus empathiques dont les résultats pourraient surprendre, on notera d’abord, l’Equateur, suivi de l’Arabie Saoudite, du Pérou, du Danemark, des Émirats, de la Corée, des États-Unis, Taiwan, du Costa Rica et du Koweït.
N’est pas tant le classement qui demeure le fait le plus intéressant, encore qu’il comporte ses propres explications.
Rappelons avant d’aller plus en profondeur, de quoi l’empathie est-elle le nom. Elle incarne cette faculté intuitive de se mettre à la place de l’autre et percevoir ce qu’il ressent. D’où les posées par cette recherche à l’échantillonnage ciblé :
1/ « Éprouvez-vous souvent de la tendresse et de l’empathie envers des personnes moins chanceuses que vous ? »
2/ Vous arrive-t-il de tenter de comprendre vos meilleurs amis en imaginant comment les choses se présentent de leur point de vue ? »
Le nombre de réponses négatives est 40% plus élevé chez les jeunes d’aujourd’hui par rapport à leurs semblables d’avant l’an 2000.
Ces résultats mettent en exergue le narcissisme hypertrophié de cette dernière génération, entretenu avec la contribution des réseaux sociaux. En d’autres termes, les réseaux sociaux disposent d’un effet indésirable, celui de favoriser l’assistance au développement de l’égocentrisme et au repli sur soi. L’autre n’importe plus, il n’est plus d’actualité, c’est en revanche le souci de soi qui lui a été substitué et la revendication de l’attention auprès de l’autre est conduite jusqu’à son paroxysme. L’autre est chosifié en tant qu’il lui est prêté la fonction de servir de regard contemplatif
Il devient dès lors compliqué d’élaborer du lien social puisque celui-ci ne se fonde plus sur ce qui peut être apporter à l’autre, mais davantage sur ce que l’autre incarne comme capacité à ‘’Liker’’ et à vectoriser le buzz.
La relation à l’altérité s’articule autour d’une performance qui graduellement appauvrit le sujet dans sa capacité à investir dans la construction d’un tissu relationnel enrichissant dans les deux sens de la flèche.
Cet autisme social s’observait essentiellement auprès de populations fragilisées dès l’enfance, nous observons à ce jour qu’il affecte les personnes bien au-delà de la sphère pathologique. Cette attitude se pérennisant, isole l’individu qui non seulement le rend vulnérable au regard de l’autre mais engendre en lui, une anxiété sociale. Nombre de jeunes consultent aujourd’hui pour des problèmes d’isolement et de socialisation dont l’origine émane d’un narcissisme exacerbé.