Le vocable lâcher-prise est si galvaudé qu’il tend à s’apparenter à de la pensée magique. Comme s’il suffisait de stopper l’action pour lever ses yeux vers le ciel et attendre d’en récolter les faveurs. Il n’en est évidemment rien, car sauf exception et encore, l’action n’est que l’aboutissement d’un nombre de pensées convergentes vers un même but.
Avant de définir un là¢cher-prise, faudrait-il nous semble-t-il, commencer par s’interroger sur les causes qui le déterminent ? L’individu engagé dans la réalisation de son souhait peut y mettre toute une énergie, mais qui au bout du compte ne lui procure pas le bénéfice escompté. Il en résulte une frustration, peut-être davantage à savoir un stress émanant de la représentation qu’il s’est fait de ses impasses, peut être encore un découragement et finalement un renoncement. Il réside dans tout but fixé une part relativement importante d’incertitude, elle-même fonction de la difficulté de l’épreuve à surmonter. Or, plus le désir est complexe à atteindre, plus il requiert une analyse, peut etre aussi un élargissement du savoir et de la connaissance et donc une extension de ses propres processus cognitifs, mais aussi une énergie qui consiste à maintenir en l’état sa propre motivation, sauf que la motivation est en relation étroite avec l’émotion. Au coeuur de la motivation réside un Affect. Plus les frustrations sont nombreuses, plus les affects sont ébranlés, plus le désir s’estompe et la motivation s’affaiblit. A quel moment faut-il alors appliquer la formule du lâcher prise ?
Mais avant, petit détour par une définition qui éclairera le chemin : qu’est-ce qu’un là¢cher-prise ? Cela passe d’abord par cette acceptation de la zone d’ombre que revêt chaque chose. C’est cette part d’incertitude que comporte la réalisation d’un processus, ce sont ces éléments que nous ne maitrisons pas parce qu’ils échappent à notre champ conscient et qu’il faudra préalablement nourrir avant de progresser.
Cette acceptation est supposée nous inciter à lever le pied, pour tenter de faire le point sur nos actions engagées en faveur de la réalisation de ce désir, de tenter de percer ce qui dans cette mécanique engagée a fait les frais du grain de sable qui aurait pu en perturber le fonctionnement, c’est s’assurer que les déterminants conduisent bien en direction de l’horizon ciblé. Or ces réflexions connotent par nécessité, un frein vis-à -vis de l’action engagée. Lâcher-prise, n’est donc pas un renoncement au désir, ni une volonté née de la frustration de se tourner vers la pensée magique en se disant que demain sera meilleur, ou en misant sur on ne sait quel Dieu ou quel saint qui agira en notre faveur ! C’est surtout se poser pour analyser et comprendre les étapes de l’aventure en direction desquelles nous nous sommes lancés. Réfléchir, c’est ouvrir le champ de la conscience par l’acquisition et la manipulation des cognitions. Or le lâcher-prise, est une pause vis-à -vis de l’action et non de la réflexion, c’est une distance vis-à -vis de l’action, une atténuation temporaire de l’émotion et qui permettent un regard macroscopique sur ce qui a été engagé. C’est enfin peut-être ce qui favorise un tropisme pour une meilleur évolution.