L’impact du stress sur les attitudes de l’enfant

La science permet d’évoluer par la compréhension de plus en plus profonde et étendue des phénomènes.

Autant dire que ça ne s’arrête jamais ? Qui, quoi ? La science ? Certes ! Plus généralement, l’acquisition de la connaissance et la compréhension des phénomènes. Demain, nous comprendrons davantage et saurons encore un peu plus, qualifier les phénomènes, non seulement par rapport au champ dans lequel s’opère la matière en question, mais dans bien d’autres domaines, parce que cette compréhension va développer des ramifications qui conduiront à percevoir d’autres phénomènes totalement indépendants des précédents.

Rejoignons ce qui nous préoccupe. On a compris certaines composantes du stress, mais il reste encore bien des constituantes et des déclinaisons à découvrir et à élucider. De surcroît, dans la mesure où l’individu devient en permanence, affectant au passage son environnement qui à son tour le configure, fait que la chaîne neuronale, émotions et sentiments compris en seront impactés.

Les recherches en la matière continuent de nous enseigner que l’exposition au stress et les expériences traumatiques, lors de la genèse de l’existence d’un individu sont des facteurs déterminants de l’équilibre psychique et en l’occurrence au déséquilibre voire jusqu’au développement de la maladie mentale.

Comprendre l’impact causal du stress est essentiel pour concevoir, développer et mettre en place des outils thérapeutiques et des dispositifs préventifs, mais aussi réunir les moyens qui favoriseraient la réduction des souffrances tant dans la sphère environnementale que dans la sphère individuelle et ce depuis les tous premiers instants de la vie d’un individu. Nous savons aujourd’hui que le stress est une question de santé publique qui ne se borne nullement au monde du travail.

Une recherche élaborée à partir d’un panel de 395 participants auxquels, on aurait d’abord montré des images illustrant un spectre d’expressions faciales allant de la colère, à la joie en passant des expressions neutres et à; la suite de quoi on aurait fait passer le test d’évaluation des traumatismes de l’enfance . Les résultats ont permis de mettre en évidence dans quelle mesure, un participant approcherait ou éviterait une personne dont l’expression émotionnelle correspondrait à; l’une de celle des images visualisées.

Les conclusions sont sans appel et laissent apparaître qu’un stress minimum soit-il, va affecter l’état émotionnel de l’enfant laissant des traces dans sa vie d’adulte. Et pour cause, peu de personnes de l’échantillonnage cité, affichaient des vécus traumatiques mais le stress vécu par la majorité des participants dans leur enfance bien qu’à faible dose, a impacté leur équilibre psychique se prolongeant chez certains jusqu’à l’âge adulte. En conséquence de quoi, les enfants exposés au stress, développent une peur de l’autre, qu’on ne guérit pas par l’injonction parentale des plus ingénues : »N’aies pas peur »;! » Comme si la prescription allait être performative de la représentation et de l’attitude de l’enfant.

L’impact socio-environnemental confirme la nécessité d’entourer et de transmettre les outils cognitifs et les stratégies d’adaptation aux enfants depuis leurs toutes premières années, ce, afin qu’ils connaissent un développement stimulant qui en même temps les apaise. Mais en parallèle il s’agit d’équiper les parents de ces mêmes instruments, afin qu’ils puissent exercer leur rôle pleinement d’accompagnateur et d’éducateur. Ce serait une véritable transition, qui ferait tendre la société vers le ‘Bien Vivre’.

 »La vie, c’est les autres »! me faisait remarquer une patiente. Lorsque les sentiments de reconnaissance et d’amour sont prodigués et entretenus par un environnement parental apaisé, l’enfant ne grandit pas dans cette course effrénée à la recherche d’un qui suis-je. Bien au contraire, il se sent sécurisé, apaisé et chemine avec enthousiasme vers l’exploration de son monde sans redouter de franchir celui des autres.

A contrario, lorsqu’il est biberonné à la négligence, conditionné par la performance, apeuré par la menace, malmené par la frustration fréquente, il demeure dans une angoisse permanente qui lui fait redouter l’autre et peut le condamner à végétailler. Son mode réactionnel ira de l’évitement, à l’agression en ignorant le plus souvent le mode neutre. L’autre finit par influer sur sa propre météo émotionnelle, il lui suffira de scanner les mimiques de son visage, ses postures, pour caler les siennes ; si l’autre rit, son visage se détendra et il ira vers lui, s’il perçoit des mâchoires crispées, il tiendra ses distances en demeurant en évitement, soit il ira au contact sur un mode agressif.

L’engendrement d’un stress peut être aussi une exposition indirecte de l’enfant comme c’est le cas, lorsqu’il est témoin de violences conjugales parentales. La violence est corrélée négativement par l’estime de soi principalement chez les garçons. En d’autres termes, plus l’exposition à la violence est récurrente et plus l’estime de soi tend vers la baisse.

On a comparé deux groupes d’enfants âgés de 4 à 6 ans : l’un exposé à de la violence, l’autre jamais témoin de violence. Il en résulte ceci : 80% des enfants du premier groupe présentent une dérégulation émotionnelle par rapport au second groupe d’enfants qui en est affecté à 37,2%. Rappelons que la régulation émotionnelle représente la capacité à agir sur ses propres émotions et à les gérer. Dans ce contexte, l’ambivalence émotionnelle médiatiserait le rapport entre le contexte violent et la présence de symptômes anxieux et dépressifs.

Les facteurs de stress suscitent des comportements difficiles de l’enfant. En d’autres termes l’enfant ne né pas difficile, il le devient, par les comportements inadaptés du ou des parents. Ajoutons qu’un équilibre psychologique précaire chez le ou les parents, faisant preuve notamment d’impulsivité fréquente, d’agressivité verbale et/ou physique, prompt au renoncement, manifestant de façon récurrente désespoir et découragement, usant d’un verbe rabaissant, incapable d’accompagnement de l’enfant selon sa personnalité, sont autant de facteurs de précarisation de la stabilité mentale chez l’enfant. Le parent reste géniteur mais écorne son rôle d’éducateur au détriment de sa progéniture.

L’éducation ne consiste pas en l’exercice plus ou moins tyrannique de l’autorité sur l’enfant, mais comme le suggère son étymologie latine educere: qui signifie élever. L’éducation renferme une forme d’élévation consistant à prodiguer les soins nécessaires à la formation et à l’épanouissement de la personnalité de l’enfant. C’est accompagner l’enfant dans un mouvement qui est le sien, c’est transmettre que l’existence est un devenir non linéaire.

En d’autres termes, être parent ne consiste pas à distribuer des interdits et des permissions qui ne sont que les frontières de l’espace de la liberté. C’est enseigner comment œuvrer à l’intérieur de celui-ci en composant avec les leviers et les obstacles, en explorant les différentes voies.

Stimuler l’enfant à la découverte du monde, c’est l’inviter à s’interroger sur la nécessité des choses pour mieux les investir et mieux les vivre.


[1] Centre for Clinical Brain Sciences, University of Edinburgh, Kennedy 

[2] Child Abuse and Trauma Scale

[3] Buckner, Beardslee et Bassuk (2004)

[4] Maughan et Ciccheti (2002)

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