Si je devais ériger un sapin de la contemplation, j’y suspendrai quelques méditations depuis leurs teintes les plus décolorées, douceâtres, sépulcrales, caverneuses, jusqu’aux plus vives, aux plus étincelantes, aux plus éblouissantes en passant par un incolore. Pourquoi ? Car l’existence semble insipide, si nous ne l’ornons pas d’un spectre chromatique. Elle est un trou noir qui engloutit, si nous n’en faisons pas une étoile.
J’ai une pensée inclinée en direction de ses orphelins de l’affection ou ses affamés de l’affection comme les aurait interpellé Pesoa : »Mais, en fait d’affection, je suis toujours resté un affamé, » citation qui s’achève sur une note résiliente, »…et je me suis si bien adapté à cette faim inévitable que, parfois, je ne sais même plus si j’ai besoin de me nourrir.”
Certains seraient tentés, d’y voir davantage une résignation, qu’une adaptation, car s’adapter ne revêtirait il pas une forme de renoncement dans son étymologie la plus nostalgique? Tandis que dans son étymologie la plus joyeuse, elle connoterait une harmonisation? Certes ! Au nom de cette survivance, se démettre d’une part de ses aspirations, de celle ses désirs, de celle d’un soi, nous place au centre de ce jeu de bascule, consistant à opter entre le trou noir ou l’étoile. Les deux étant les versants d’une même vie, dont l’art permet d’en adoucir les contours.