On a longtemps considéré et jusqu’à présent certains continuent d’en penser ainsi, que le traumatisme est un trouble réputé irréversible en insistant même sur le fait que les victimes de traumatismes ne seront plus jamais les mêmes sur le plan biologique. Le fait même d’emprunter des raccourcis, à confondre l’ensemble des traumatismes quelles que soient leur nature et leur ampleur, fait que des patients qui en ont été victimes, risque d’être laissés pour compte, simplement par carence nosologique.
Le traumatisme engendre une réponse biologique devant être fluide et adaptée et non invalidante. Une réponse inadaptée n’est pas invariablement synonyme de maladie, mais demeure l’expression d’un mal-être oscillant entre un état légèrement incommodant et une invalidité majeure. S’il s’agit d’un simple mal-être, un retour à l’équilibre est envisageable dans la mesure où la personne exploite ses potentialités pour rebondir. A contrario, lorsque le traumatisme présente une certaine chronicité de par les énergies occasionnées par le trauma non évacuées, d’avantage d’efforts et de patience seront requis pour recouvrer une forme de stabilité psychologique. Le recours parallèle à la voie médicamenteuse, peut favoriser et conduire à l’atteinte de cet équilibre, néanmoins elle ne peut être l’unique solution thérapeutique d’abord pour le nombre d’effets indésirables qu’elle occasionne à court, moyen et long terme, en outre si ces médicaments sont consommés durant une longue période, ils engendrent une interférence avec la guérison. Ce ne peut donc être qu’une solution temporaire et de surcroît parallèle à une psychothérapie.
Afin d’achever le cours normal des processus biologiques fondamentaux lors d’un traumatisme, la sujet doit permettre de laisser s’exprimer ses propres réactions, ce peut être notamment des tremblements, ou des secousses. Dans le même ordre d’idées, nous observons lors d’une expérience[1], qu’après une poursuite stressante, un ours est atteint par un analgésique. En sortant progressivement de sa léthargie, il traverse une longue période de tremblements et de secousses afin de revenir à un état dit normal.
En agissant envers le traumatisme comme s’il s’agissait d’une pathologie, on en vient à inhiber chez le sujet tout processus naturel et créatif visant à retrouver l’équilibre par la volonté, la conscientisation des aptitudes propres et la confrontation avec les émotions. Contrairement à la croyance populaire, et comme nous l’indiquions ci-dessus, le traumatisme peut être vaincu sans addiction aux médicaments et sans de longues heures de thérapies. Pour cela, il convient de conscientiser et d’accepter ce qu’il s’est passé, d’aller de l’avant en vivant dans le présent et en se projetant dans le futur car c’est ainsi le sujet se désaliène de son passé, en considérant chaque instant présent comme un instant nouveau chargé en opportunités permettant de s’auto-réaliser en usant de sa créativité. La guérison ne parvient que par des instants de récupération successive et non par simple déclic venant de nulle part.
[1] Polar bear alert – National Geographic