Pierrot, est âgé de 8 ans, il est le second d’une fratrie de 3 enfants. Sa mère se plaint qu’il coopère peu au sein son environnement familial et qu’il néglige l’apprentissage scolaire. Les devoirs, sont pour lui une corvée, qu’il boycotte pour la plupart du temps. Lorsque sa maman lui formule une demande, il tarde voire refuse de l’exécuter – «Pierrot range ce jouet dans ta chambre» demande la maman. «Attends je finis un truc» 10 minutes plus tard, le jouet traînant toujours au même endroit, maman revient à la charge : » Pierrot as-tu rangé le jouet ? » « Tu ne me laisses jamais faire ce que j’ai envie ». La maman réitère sa demande une heure plus tard et Pierrot de répondre» : »Laisse-moi tranquille » – Maman» : »Si tu ne ranges pas ce jouet, je le mets à la poubelle ». Pierrot balance alors l’objet qui se trouve entre ses mains et claque fort la porte de la salle de bain. Le jouet, ne sera toujours pas rangé, et l’objet qu’il manipulait tout ce temps-là , finira lui aussi par terre. La maman hausse  de plus en plus le ton, et en guise de réplique l’enfant use de l’insulte pour tenter de la faire taire. En questionnant Pierrot, sur la raison qui l’a poussé à jeter l’objet qu’il manipulait, il répondra que c’est à cause de Maman qui l’a embêté.
Nous observons à travers cette scénette, que Pierrot supporte mal la requête récurrente de sa mère, qu’il interprète comme une intrusion dans sa sphère et vis-à -vis de laquelle il exprime une opposition de plus en plus agressive. Il ne comprend pas l’importance du geste qui lui est demandé, car seul le monde qu’il s’est construit compte à ses yeux. L’insistance graduelle et répétée de sa mère engendre une représentation qui chez lui raisonnera comme une agression. Il en résulte un mode de réaction tonitruante et une conduite antisociale qu’il manifestera par le lancement à terre de l’objet, l’insulte et le claquement de la porte pour finir. Enfin, il va rendre responsable sa mère d’avoir lui-même jeté l’objet qu’il manipulait : » c’est à cause de Maman qui m’a embêté ».
Ce qui caractérise l’enfant affecté par un trouble de l’opposition, c’est la difficulté d’interagir vis-à -vis du monde extérieur. Son impulsivité, ses expressions de colère ponctuent son quotidien. Ses relations interpersonnelles s’articulent autour de contestations fréquentes ce qui complique et fragilise son lien social. Complication d’autant grande qu’elle se superpose à son refus de se soumettre aux règles.
Son attitude sadique le plonge régulièrement au centre de conflits avec les autres, auxquels il fait tant porter la responsabilité de ses erreurs que de ses actions antisociales. L’autre, c’est l’enfer, mais utile comme de prétexte à ses faux pas. Son hypersensibilité le rend particulièrement agacé par les autres et accroît sa susceptibilité. Dans cette logique, l’exaspération et la vengeance sont souvent au rendez-vous, y compris pour un acte que plus personne n’a en mémoire. Il décode maladroitement les situations sociales et commet des erreurs d’attribution et d’intentionnalité. Exemple, Jeannot fait ses devoirs en utilisant son stylo, son frère Pierrot lui demande au même instant de le lui prêter. Jeannot refuse de façon justifiée et lui propose de le lui prêter plus tard, Pierrot interprète cela comme un refus catégorique de la part de son frère et donc une méchanceté exercée contre lui, du coup il ne tarde pas à lever la main sur lui.
Son intolérance à la frustration en fait un enfant peinant à calmer sa colère, pauvre en stratégie d’adaptation, il en vient rapidement à conclure qu’en n’accédant pas à ses désirs, on ne l’aime pas, constat hâtif qu’il couple avec la mauvaise gestion de ses émotions, et qui se solde par une autodépréciation de lui-même. En laissant perdurer ses difficultés, il s’expose au risque du développement d’un trouble des conduites. Le recours à l’alcool et aux stupéfiants, sont d’une part une défiance de son cà´té vis-à -vis des règles sociales, mais également un désir de fuir une réalité compliquée à surmonter dont il ne possède pas les instruments d’adaptation adéquats. C’est pourquoi, affronter une situation devient une source d’insécurité et donc d’anxiété et préfère stagner voire régresser du fait de se sentir plus protégé vis-à -vis de ce qu’il connaît déjà . Il en de même pour l’apprentissage en général, qu’il considère souvent comme inutile par l’effort qu’il requiert d’une part, d’autre part parce que l’apprentissage demeure dans sa représentation mentale, associé à l’autorité qu’il abhorre et défie à chaque occasion qui se présente à lui.
Parmi les facteurs de risque familiaux, on observe qu’un parent anxieux colérique, dépressif, alcoolique ou toxicomane, aux attitudes antisociales ayant dans le passé présenté des troubles oppositionnels, accroît l’éventualité de voir développer chez l’enfant un trouble de l’opposition. De plus, un milieu familial conflictuel, insécure n’encadrant pas les enfants, corrompant le lien parent/enfant, menaçant enclin à des échanges répressifs, des punitions fréquentes et disproportionnées sont également susceptibles de produire chez l’enfant un trouble de l’opposition. Enfin, un faible statut socio-économique, un isolement social un rejet de l’autre ou encore des fréquentations déviantes sont autant de facteurs de risque environnementaux.
Les statistiques indiquent que pour 20 à 25 % des enfants ayant un  trouble de l’opposition s’estompera dans un court, moyen terme. Toutefois, pour 52 % d’entre eux, certains symptômes se manifesteront comme une continuité, quant aux 25 % restant, ils développeront un trouble de conduites, pouvant se prolonger à l’âge adulte, vis-à -vis duquel une thérapie s’avérera nécessaire. Le trouble de l’opposition, se doit d’être traité précocement pour éviter des complications. Il peut être parfois de nature neuro biologique et seuls des examens peuvent confirmer ou écarter l’hypothèse.