Entre honte et culpabilité, il n’y aurait qu’un pas à franchir, avec toutefois une différence qualitative entre les deux. La culpabilité est un sentiment qui se vit seul et ne nécessite nul public pour être éprouvé. En d’autres termes, un sujet pourrait le vivre sans que l’autre n’en sache rien, le coupable est d’abord et avant tout son propre juge, c’est un enfer dans lequel l’individu s’isole pour ruminer l’obsession qui le tourmente.
Le sentiment de honte nécessite en revanche, la présence de l’autre dans l’entretien de cette représentation négative, en ce sens qu’il demeure terrifié, tourmenté, par le fait l’autre sache, ce qu’il nous désire taire, ensevelir, camoufler, scotomiser. Tant qu’il porte en lui la certitude que l’autre ne sait pas, le sentiment de honte ne peut émerger. Mais lorsque le simple doute effleure son esprit, c’est un peu comme une bourrasque qui soulève la poussière et les feuilles du sol pour entraver la vue et ternir le paysage qui s’offre à lui. Le honteux, peut aussi se coupable d’un tel ressenti au point de ne plus comprendre ce qui lui arrive.
Néanmoins, ces deux sentiments et émotions que sont chacune honte et de culpabilité, peuvent cohabiter et lorsque c’est le cas, elles ont bien souvent un effet dévastateur sur l’individu, au point d’entraver son action, de perturber son jugement, de produire une anxiété telle, qu’elle se scénarisera sur le théâtre du corps, par la voie de toutes sortes de maux et de perturbations métaboliques. Comprendre les mécanismes qui les ont engendrés permet d’en atténuer en partie les effets.