Covid-19 : Un temps de suspension propice ou contre soi.
Nous entrons dans la seconde semaine de confinement, durci à plusieurs reprises par des mesures plus restrictives. Nous observons d’ores et déjà quelques effets psychologiques sur les personnes et évidemment sur celles qui sont les plus vulnérables.
Le confinement n’est jamais bien accueilli par les populations, bien que selon les cultures, on en accepte avec plus ou moins de facilité, le bienfondé de la mesure. Nous l’observons en France, mais également dans de nombreux autre pays, y compris à Wuhan, l’épicentre de cette pandémie.
Une étude élaborée par le K.C.L [1] menée sur des citoyens originaires d’une dizaine de pays ayant été frappés par les virus que sont :
Ebola en 1976 (issu des chauves-souris d’Afrique centrale), le Sida en 1981 (issu des singes), la vache folle en 1996 (les bovins), la grippe aviaire en 1997 (les poulets, les oiseaux migrateurs), le Sras en 2003 (les chauves-souris, les civettes) et le Mers-CoV en Arabie Saoudite en 2012 (venant des dromadaires), révèle que la perte de liberté, la séparation avec les proches lorsque ceux-ci sont atteints, l’anxiété due à l’incertitude de ce qui va advenir et l’ennui, sont autant de causes à partir desquelles peuvent découler des effets angoissants, bouleversants et tragiques.
L’humeur est souvent irritable, la peur et la confusion s’enracinent rapidement. Nous observons également le développement de syndrome de stress post traumatiques (SSPT) caractérisé par le syndrome de répétition ou de reviviscence, associé à des symptômes non spécifiques comme les troubles psychosomatiques ou les troubles de la personnalité.
Rappelons que le SSPT, est déclenché après le trauma, c’est-à-dire l’évènement que le sujet n’est pas parvenu à gérer à l’instant de son déroulement et qui ensuite devient un traumatisme. Le concept de SSPT laisse entendre que le stress succède au trauma et que la symptomatologie juxtapose la réactivation du stress. En période de confinement, les plus vulnérables ont l’impression d’une réviviscence d’un segment traumatique du passé.
Les sujets confinés pour des raisons de proximité avec des personnes atteintes, manifestent souvent des peurs, de l’irritabilité, de la colère et de la tristesse. Les personnes psychologiquement vulnérables peuvent après quelques jours déclencher des troubles anxieux plus ou moins sévères et des SSPT. Mais aussi, des effets sur le moyen ou long terme, telles que des addictions ainsi que cela s’est produit chez les personnes ayant été frappés par le Sars.
Dans le cas du Covid-19, nous observons d’ores et déjà, des stimuli anxieux de tous ordres, suscités par :
- le manque d’accès aux soins et l’absence de thérapeutique.
- les médias et les fake news contribuant abondamment à entretenir une anxiété.
- les membres de la communauté scientifique médicale offrant des discours incertains par manque de savoir suffisant sur le virus et contradictoires sur les thérapeutiques existantes même si restreintes soient elles. La chloroquine d’une part préconisée, de l’autre décriée par absence d’échantillonnage conséquent…
- le manque de confiance envers les élites de par les mécomptes qu’ils ont suscités et les abus qu’ils ont pratiqué a généré méfiance et défiance.
- la gabegie de l’industrie pharmaceutique soupçonnée de vouloir entretenir plus d’effets indésirables que de guérir les pathologies
- l’absence de revenus suffisants due à la suspension d’activité et au confinement.
- la peur du temps inconnu de ce confinement
- la crainte de ce qu’il adviendra.
Convoquons la philosophie d’Epictète, pour avancer: ‘’Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves ; ce qui n’en dépend pas est faible, esclave, exposé aux obstacles et nous est étranger’’.
Ainsi ce qui dépend de nous consiste en l’occurrence à coloniser cette parcelle de liberté par diverses activités individuelles, mais aussi par la suspension de la solitude. Nous pouvons échanger avec nos proches, s’ils se trouvent dans l’enceinte que nous occupons, mais également au travers les réseaux sociaux, favorisant un échange riche et vivant. On peut en user pour tisser de nouvelles relations. Certains, comme en Italie, en Espagne et dans certains quartiers de Marseille, échangent par balcon ou fenêtre interposés, pourquoi pas ! Lorsque la solitude devient pesante, générant tristesse et angoisse, lorsqu’elle devient symptomatique, il est souhaitable de joindre des cellules psychologiques aidant à passer le cap.
Ce confinement, comme je l’indiquais dans une précédente publication est un Kairos. Osons le confinement comme l’instant propice au renforcement de son hygiène de vie physique et mentale. Cultivons notre jardin intérieur. Pour les plus vulnérables, cela favorise un accroissement de l’élan vital, rempart aux attitudes destructrices telles que les addictions.
Le confinement connaitra une fin, pour
l’heure il convient à chacun de faire en sorte que cela se passe le mieux
possible pour lui et pour les siens.
[1] King’s College of London