Covid-19 Soutenir les enfants durant ce confinement
Le confinement se prolonge. L’horizon d’une sortie, semble se dérouler chaque jour un peu plus qu’hier. Ce qui en début de confinement, prenait pour beaucoup l’allure d’une trêve, mais aussi de vacances, s’associe peu à peu à un rappel à l’ordre de la réalité qui a motivé cet arrêt. Le questionnement devient pluriel, l’inquiétude aussi. Entretenus par une information recueillie perpétuellement, au travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux qui inondent par vague. Comme si l’on redoutait d’en manquer d’une once, en dépit de ces lendemains nébuleux qui assiègent toujours un peu plus, navrent, rongent et tourmentent.
Les thématiques de conversations reviennent en boucle. Lorsqu’elles n’évoquent pas les lendemains, elles soulèvent celles de la contagion, celles des accessoires de protections, celles des thérapeutiques, celles des morts et de la mort.
L’incertitude n’est pas seulement affaire de représentation, mais elle est portée par le corps dans son intégralité. La peur est là présente et saisissante, pensée mais rien pour la panser. Si les adultes sont peu voire pas rassurés pour nombre d’entre eux, qu’en est-il de leurs enfants ? Ils n’en sont pas pour autant épargnés.
Le parent insécurisé, répand son incertitude, son irritation, sa crainte, son anxiété, comme des embruns sur sa progéniture. Par sa propension à la découverte et à la compréhension, l’enfant veut savoir, cherche, questionne, sonde, scrute, échange. Le parent lui prodigue des réponses réparties parmi les affirmations, les doutes et les contradictions. Il est à son tour peu rassuré, anxieux, colérique et en perte de repères ne sachant envers quel adulte se vouer.
La détresse devient palpable dans les familles, quel qu’en soit l’âge de ses membres. L’enfant est réactif au changement. Un stress permanent dû à l’application des mesures d’hygiène, aux injonctions de demeurer chez soi, aux informations qui circulent, fragilise l’équilibre mental de tous, dont celui des enfants.
Ainsi, lorsque les adultes s’adressent aux enfants, ils doivent moduler leurs discours en fonction de l’âge et de leur niveau de compréhension. Certains sujets comme celui de la contagion et la létalité de la maladie sont plus sensibles que d’autres. Comment rassurer sans abuser de l’innocence de l’enfant ?
Les explications se doivent être simples et concises. Si l’échange demeure sur la mort, le parent doit clairement énoncer que cette pandémie peut tuer en fonction de certains critères. Lorsque le parent bute face à une question technique, il doit sans détour avouer son ignorance. Il n’y a pas de mal à ne pas savoir, il y en a davantage à prononcer des contrevérités. Toutefois, rien n’empêche de saisir l’opportunité pour tenter de percer l’énigme, de la partager en tenant compte du stade de développement de celui-ci.
La communication avec les jeunes enfants ne repose pas sur l’unique simplification du langage et des concepts utilisés, mais doit également tenir compte de la compréhension des éléments de causalité. Entre 4 et 8 ans voire un peu plus, la compréhension est influencée par la pensée magique. Ils peuvent notamment croire au fait que les pensées, les souhaits, les désirs ou les actions peuvent accoucher d’événements externes sans rapport de causalités. Par exemple, une maladie peut être causée par une pensée particulière ou une attitude suscitée par le parent : ‘’Si je ne range pas mes jouets, je risque d’attraper le Corona-Virus’’, ou encore : ‘’mon pantalon est troué, je peux attraper le Corona’’… ‘’Si je réussis à sauter depuis parterre les deux pieds joints en arrivant sur mon lit, je n’aurai pas le virus’’….
L’émergence de la pensée magique aboutit presque simultanément avec le développement d’une sensibilité plus importante à l’environnement, tout en ayant une mauvaise compréhension de la façon dont la maladie notamment se propage. Les adultes doivent redoubler d’attention face aux théories infantiles mais également face à une forme d’autoflagellation ou enfin à ce qui pourrait déboucher vers un écornement de l’image de soi chez l’enfant. Il pourrait notamment considérer que s’il tombe malade c’est pour un comportement inapproprié qu’il aurait exercé.
Il est par conséquent souhaitable d’entendre ce qu’on enregistrer les enfants sur cette pandémie et d’apporter les correctifs ou les compléments d’explication le cas échéant. Cela éviterait des fantasmagories de toutes sortes.
Les nombres incertitudes chez l’adulte, quant à la pandémie de façon générale, engendre une hypersensibilité et une détresse chez l’enfant. Par conséquent, il est important de déclarer concernant la fin du confinement, que rien ne se profile en terme de date, malgré la certitude que cela finira par prendre fin. L’adulte doit de lui-même se raisonner pour éviter une labilité de son humeur ou une irritabilité face aux questions de l’enfant. En conséquence de quoi, l’anxiété de ce dernier s’accroitrait chaque fois davantage et les comportements inadaptés chez l’adulte comme chez l’enfant feraient surface.
À l’inverse, l’anxiété dans la petite enfance comme chez les adolescents peut être intériorisée. De laquelle, il peut en résulter des querelles, de la tristesse, de l’agressivité, de l’inattention, de l’égarement. Il est par conséquent souhaitable de favoriser l’échange serein avec l’enfant, quel que soit son âge, afin de mettre en mots les représentations teintées d’inquiétude et/ou d’incompréhension.
L’idée n’étant pas de minimiser la détresse :’’ne t’inquiète pas, ce n’est rien le Corona va vite passer’’…. ‘’Il s’agit davantage de l’accueillir de façon altruiste, empathique et de l’accompagner.
L’authenticité est de mise pour tout parent face aux défis psychologiques de cette pandémie. La cohérence doit s’inscrire dans une majorité d’échanges et doit susciter l’expression de l’enfant en toute sécurité. Il est recommandé pour les parents qui n’y parviennent pas, de se faire aider.
Les besoins en termes de prise en charge psychologique vont s’accentuer avec le confinement prolongé et les menaces bouleversements. Ils ne devront de préférence ni les minorer espérant un miracle, ni les relayer au second plan.
Cette situation est inédite pour la grande majorité de la population mondiale. La sauvegarde de son équilibre psychique et celui de sa progéniture permettra de gérer un temps d’incertitude et de confinement qui s’annonce long et une situation socio-économique précaire. A moins d’une panacée.