Nous ne sommes plus sans ignorer l’impact des épidémies sur la santé mentale. En effet, différentes études l’ont corroboré. Les facteurs de vulnérabilité accroissent les inégalités de santé face à ces épidémies.
Plus récemment, avec le Covid-19, alors que des mesures de confinement ont été prises pour limiter la propagation du virus et l’engorgement des hôpitaux. L’impact sur la santé mentale en générale et sur les troubles anxieux, les symptômes de stress post-traumatique, les troubles dépressifs, la détresse psychologique et les troubles du sommeil, en particulier, retentit au point d’une pérennisation des symptômes voire des troubles mentaux, après le confinement. Les femmes et les parents d’enfants de moins de seize dont la situation financière est préoccupante, représentent les populations les plus exposées aux troubles mentaux durant cette pandémie.
Quelles en sont les causes ?
Des raisons plurielles, imprégnent les représentations des personnes vulnérables, comme : la peur de la contamination pour soi et pour ses proches, l’impression d’étouffer due aux conditions de vie en quarantaine assortie d’une perte de liberté, un sentiment de dévalorisation de soi dû à un isolement social, une diminution ou une perte de salaire induisant la peur de se retrouver à la rue. Autant de facteurs, contribuant à entretenir une anxiété plongeant ces populations à risque dans un désarroi pathologique.
‘’Le confinement est trop dur, je suis isolée, il pourrait m’arriver n’importe quoi, personne ne s’en rendrait compte, je ne tiens plus’’… ‘’Si le confinement dure, je ne supporterai pas, mieux vaut que je me rende à l’hôpital’’.. Ces propos prononcés par des patients, étaient fréquemment entendus dans les services d’urgences psychologiques et psychiatriques. Les appels à l’aide étaient nombreux. D’autres, n’ont pas résisté : Thomas Schaefer ministre allemand des finances, « profondément inquiet » des répercussions de l’épidémie du Coronavirus sur l’économie, a attenté à ses jours, fin mars 2020. Bernard Gonzalez médecin du club de football de Reims, apprenant qu’il était détecté positif s’est suicidé
Le fameux The Lancet prévoyait dans une étude sur les effets du Covid-19 un accroissement du taux de suicide dans le monde.
Santé publique France avait mis en place une surveillance comportementale et psychologique en s’appuyant sur un dispositif d’enquêtes par Internet. Un échantillon de 2 000 personnes âgées de plus de 18 ans et résidant en France métropolitaine a été interrogé par Internet. Il en ressort que lors de la première vague (23 au 25 mars 2020), une prévalence de l’anxiété de 26,7%, soit un taux deux fois supérieur à celui observé dans une enquête précédente (13,5% en 2017). Lors de la seconde vague située entre le 30 mars et le1er avril , la prévalence de l’anxiété était retombée à 21,5%.
Un risque d’anxiété aigue s’expliquerait par des :
1/ caractéristiques sociodémographiques telles que le fait d’être une femme, et/ou un parent d’enfant(s) de moins 16 ans, en situation économique précaire
2/ conditions de vie induite par la pandémie : télétravailler en période de confinement et avoir un proche malade ou ayant eu des symptômes du Covid-19 ;
3/ perceptions et des comportements face au Covid-19 : percevoir le Covid-19 comme une maladie grave et se sentir vulnérable face à cette maladie.
À contrario, le risque d’anxiété diminue une connaissance adéquate des modes de transmission de la maladie, que les mesures de préservation de soi sont observées, et qu’une confiance existe en l’action des pouvoirs publics, bien que celle-ci ait été mise à mal et continue de l’être
De fait, le niveau d’anxiété des populations sera déterminant du creusement des inégalités de santé en situation de confinement.
La corrélation existante entre la santé mentale et les conditions socioéconomiques témoignent de la nécessité de protéger et d’accompagner les ménages les plus précaires du point de vue de leur situation financière.
En dépit des mesures mises en place (arrêt de travail, chômage partiel…) pour contenir le risque socio-économique, certains sous-groupes de la population, ceux vivant des conditions de confinement plus stressantes (promiscuité, situation financière difficile), n’ont pas bénéficié de l’amélioration.
La levée du confinement, initiée pour répondre à la nécessité d’une reprise de l’activité économique, suscite la réflexion portée sur l’évolution à venir des états anxieux au sein de la population générale. Il est probable que ce lendemain de pandémie impacte mentalement sur une sphère plus étendue de la population. Cela justifiera une mobilisation plus marquante et plus pérenne, des états au bénéfice de la santé mentale.