À l’époque de Freud et de Charcot, les symptômes aujourd’hui classés comme troubles neurologiques fonctionnels étaient majoritairement appelés : hystérie. Cette dernière était le nom d’un ensemble de symptômes physiques notamment : des paralysies, des tremblements, des pertes de sensation, ou des crises de type épileptique, ne pouvant être expliqués par une lésion neurologique ou une cause physiologique identifiable.
Freud avait de son temps, théorisé la conversion psychique des symptômes physiques comme une manifestation de conflits inconscients. Dit autrement, des conflits psychiques ou émotionnels intolérables étaient « convertis » en symptômes physiques. Un sujet pourrait notamment développer une paralysie fonctionnelle ou des douleurs chroniques sans qu’une cause organique n’ait pu être identifier et se scénariser un conflit interne, inconscient, possiblement lié à des désirs réprimés ou des expériences traumatiques.
Avec l’évolution des connaissances en neurologie et en imagerie cérébrale, le champ de la neuropsychiatrie a redéfini certains de ces troubles en termes de troubles fonctionnels, reflétant des dysfonctionnements cérébraux, sans marqueur de lésion structurelle. Ce n’est qu’en 2013, avec la publication de la cinquième édition du DSM, (DSM 5) le concept de « trouble à symptomatologie neurologique fonctionnelle » revêt son expression moderne qui sera désigné par : trouble neurologique fonctionnel.
Le terme « fonctionnel » en neuropsychologie renvoie à la présence de symptômes ou des troubles affectant le fonctionnement du cerveau , sans lésions structurelles apparentes ou dysfonctionnement neuronal, cérébro-physiologique , ou neurologique.
Autrement dit, le cerveau ne présente pas de dommages physiques. Il est en revanche dysfonctionnel. Nous savons que les différentes localisations du cerveau entretiennent une communication, à l’instar d’un réseau. Or, avec l’apparition de troubles fonctionnels, la capacité du cerveau à transmettre des messages corrects aux muscles et compromise, entraînant des mouvements inhabituels ou encore des paralysies fonctionnelles.
De plus, les troubles neurologiques fonctionnels sont souvent connectés à des facteurs psychologiques tels que le stress, l’anxiété, les traumatismes, ou les expériences de vie difficiles. Bien que l’origine soit souvent d’ordre fonctionnel, les symptômes ne sont pas « fictifs » mais bien réels et peuvent sérieusement affecter la vie des patients.
Le double trouble neurologique fonctionnel, quant à lui, fait référence à la coexistence de deux troubles fonctionnels d’origine neurologique au sein d’un même organisme.
Cette désignation pointe vers une configuration à partir de laquelle, les capacités cognitives et cérébrales d’une personne sont excessivement sollicitées dont les déterminants pointeraient vers : un stress chronique, une sur-sollicitation mentale, ou encore une surstimulation cognitive.
Cette surcharge fonctionnelle peut entraîner une diminution de la performance cognitive, une fatigue mentale importante, et parfois même l’apparition de symptômes fonctionnels (comme ceux décrits dans les troubles neurologiques fonctionnels). En d’autres termes, l’individu se montre incapable de maintenir un niveau de fonctionnement optimal en raison d’une sollicitation intense des ressources cognitives disponibles.
Tempérer la surcharge fonctionnelle, implique d’une part, une réduction de la pression exercée sur les capacités cognitives, émotionnelles et physiques du sujet, d’autre part, de rétablir un équilibre entre les demandes et les ressources disponibles.
Cela transite à partir d’une gestion adéquate du stress, d’une planification et d’une organisation de ses tâches quotidiennes, d’une amélioration de son hygiène de vie, de par une alimentation équilibrée, d’un sommeil suffisant et d’exercices physiques. Mais dans la mesure où la surcharge fonctionnelle peut être accrue par une exposition excessive aux distractions et aux stimulations multiple, il convient de mettre en place un espace de travail favorisant la concentration, notamment par la réduction de distractions comme les notifications sur les téléphones ou les bruits ambiants, mais éviter également le multitâche, par la focalisation à une seule tâche à la fois, pour améliorer la productivité et restreindre la fatigue mentale.
Par ailleurs, les seules mesures d’évitement ne suffisent à pas à réduire la surcharge émotionnelle, il importe également de procéder à un renforcement des capacités cognitives de résilience au moyen d’activités stimulant les fonctions exécutives, notamment : les puzzles, les jeux de logique et de stratégie, les mots croisés…
La socialisation revêt également une importance considérable pour ne pas s’enfermer dans l’isolement, qui apporte son lot de contribution dans la dégradation de la mémoire et des fonctions exécutives. Se créer un réseau social, maintenir un contact avec les autres permet non seulement de se prémunir contre cette dégénescence mécanique voire cette obsolescence anticipée de cette certaines cellules du cerveau mais favorise en plus l’atténuement de la surcharge fonctionnelle.
Par conséquent, demeurer à l’écoute de soi-même et apprendre à revendiquer du soutien social, mais au-delà de cela, réclamer de l’aide thérapeutique, surtout si la surcharge fonctionnelle est sévère.
Le trouble neurologique fonctionnel (ou trouble de conversion) repose souvent sur une combinaison de prises en charge pour ameunuiser les symptômes. Les traitements médicamenteux favorisent parfois cette réduction de l’intensité de certaines douleurs.
Toutefois, l’élément central reste souvent la psychothérapie, par la voie des thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Celles-ci aident à comprendre les facteurs psychologiques sous-jacents qui déclencheurs des symptômes physiques, tout en apprenant à mieux les gérer au quotidien.
Dans certains cas, une amélioration notable peut être observée avec une prise en charge multimodale adaptée. A partir de quoi, nous concluerons en toute hypothèse de l’importance de traiter à la fois les dimensions psychologiques et physiques des troubles neurologiques fonctionnels.