Une expérience mémorable est un événement quel qu’il soit, heureux ou malheureux, laissant une empreinte pérenne, sur le bien-être d’un sujet, s’étendant au-delà même de sa réalisation. Ce pourrait être une promotion professionnelle, un mariage, la réussite d’un examen scolaire ou universitaire, un gain d’argent important suite à un investissement mais également une expérience traumatique comme un accident de la route, un attentat…
Ces expériences se distinguent des consommations routinières par leur persistance dans la mémoire et leur contribution singulière vis-à-vis du bien-être. Les expériences mémorables semblent être, celles que les individus revisitent fréquemment mentalement, en se remémorant les moments clés, dont l’influence est persistante sur le long court.
Une recherche scientifique (1) en la matière a permis d’observer que les décisions de consommation subissent une double influence notamment : *
- des bénéfices matériels directs qui en sont extraits
- de l’impact mémorable de certaines expériences qui les ont précédé.
Un sujet peut donc, éprouvé un plaisir ou un inconfort immédiat lors d’une expérience, tout en se remémorant de façon consciente ou non une satisfaction ou un regret inhérent à une expérience, le tout conjugué à l’élément subjectif, à savoir : une expérience peut être marquante pour un sujet et non un autre.
Ainsi, les souvenirs d’expériences passées, positives ou négatives, influencent la propension des individus à entreprendre de nouveaux risques que ce soit dans un cadre personnel ou professionnel. L’individu faisant face à de nombreuses incertitudes au cours de son existence, ses expériences passées vont influencer ses décisions face aux contingences de la vie. L’agent aura une propension à contracter ou non un risque face à une incertitude. Par exemple, dans une sphère professionnelle, un dirigeant marqué par une expérience connotée négativement, se montrera particulièrement prudent, peut-être même à l’excès en évitant des projets modérément risqués mais rentables, ou à l’inverse, affichera une spontanéité à contracter des risques excessifs si ses expériences précédentes ont été positivement marquantes.
De même, qu’il demeure un lien conceptuel entre les souvenirs traumatiques et les expériences mémorables décrites dans ce modèle, bien qu’ils diffèrent dans leur tonalité émotionnelle et leurs effets sur le bien-être. Les souvenirs traumatiques, tout comme les expériences mémorables positives, laissent une empreinte durable dans la mémoire, influençant les comportements futurs comme nous l’avons vu plus en amont. Cependant, leur impact est souvent désagréable et peut entraîner des réactions de stress, d’évitement ou des comportements inadaptés.
Un souvenir traumatique pourrait susciter un comportement d’évitement face à des situations perçues comme similaires, limitant la prise de risque ou son exposition à des expériences potentiellement enrichissantes.
Par exemple : une expérience traumatique liée à des pertes financières ou des privations pourrait rendre une personne excessivement prudente ou méfiante vis-à-vis des investissements ou des dépenses importantes.
Par conséquent, les expériences mémorables positives et négatives s’alignent souvent sur les instants de vie les plus intenses (douleur, peur, joie) et la manière dont l’expérience s’est achevée et c’est qui va influencer la façon dont elle est rappelée. En d’autres termes, les souvenirs marquants, qu’ils soient heureux ou malheureux, sont souvent liés aux moments de la vie où une personne a ressenti des émotions très fortes, comme la douleur, la peur ou la joie. L’intensité émotionnelle de ces moments joue un rôle clé dans la façon dont ces souvenirs sont stockés et rappelés. La combinaison de l’intensité émotionnelle de l’événement et de la façon dont il se termine influence la manière dont la personne se souvient de cet événement par la suite. Par exemple, même si un événement a été stressant ou douloureux, si son achèvement a été heureux le souvenir peut être associé à une sensation de satisfaction ou de soulagement, et inversement, une fin négative peut renforcer un souvenir douloureux.
Ceci n’empêche pas que l’acte de résilience peut jouer un rôle clé dans la restauration du rôle d’un individu. La résilience, en tant que processus dynamique d’adaptation face à une adversité, permet au sujet de transformer une expérience négative en un levier de développement personnel et de croissance. Néanmoins, cette résilience pourrait se montrer plus ou moins laborieuse en fonction également de ses propres expériences mémorables.
La résilience implique souvent une relecture des expériences traumatiques, transformant leur empreinte négative en une source de motivation ou d’apprentissage. Un individu résilient pourrait, par exemple, tirer des enseignements d’un échec financier ou d’une expérience traumatisante, ce qui lui permettrait de regagner confiance dans sa capacité à investir ou consommer judicieusement.
En œuvrant pour une « éclosion nouvelle » — que ce soit par une reconversion professionnelle, un projet entrepreneurial ou une activité sociale valorisante —, le sujet résilient peut restaurer son sentiment d’efficacité personnelle et reprendre un rôle actif dans l’économie. Cela pourrait se manifester par un retour à la prise de risque mesurée ou par une consommation plus réfléchie et alignée avec de nouvelles valeurs.
La résilience agit comme un moteur de transformation qui permet au sujet de transcender les impacts négatifs d’un souvenir traumatique. En travaillant à une « renaissance », il peut rétablir son engagement économique, non seulement en tant qu’acteur, mais souvent avec une vision plus éclairée et une meilleure gestion des risques et des opportunités. Ainsi, la résilience est un vecteur de réintégration dans le tissu économique, favorisant une dynamique de reprise et de développement.
(1) Time of consomption