1ère Partie.
Etre accro ou addict à une consommation ou un acte, c’est en devenir l’esclave. Les addictions sont multiples et concerne, l’alcool, le tabac, la drogue, la sexualité compulsive, l’internet, les jeux de carte, les jeux vidéo, les achats, la kleptomanie, le sport…Comment un sujet en est-il parvenu à cela ?
Le vocable d’«addiction» vient du latin addictus renvoyant à une coutume ancienne par laquelle un individu était donné en esclavage. Étymologiquement, même si le mot « addiction » connote l’idée d’esclavage, telle n’est évidemment pas la visée originelle du sujet qui est l’esclave de son objet – que cet objet soit le tabac, l’alcool, la nourriture, les opiacés ou le sexe. Au contraire, l’objet d’addiction est investi de qualités bénéfiques, voire de l’amour : objet de plaisir à saisir à tout moment pour atténuer des états affectifs autrement vécus comme intolérables. En tant que tel, cet objet est perçu, du moins dans un premier temps, comme bon ; à l’extrême, comme ce qui donne sens à la vie. L’économie addictive vise la décharge rapide de toute tension psychique, que sa source soit extérieure ou intérieure. De plus, cette tension n’est pas uniquement fonction d’états affectifs pénibles ; il peut s’agir également d’états excitants ou agréables. En fait, un appel psychique est transformé dans l’esprit de l’addicté qui le traduit comme un besoin somatique. C’est en cela que la solution addictive devient une solution somato-psychique au stress mental.
Soulignons au passage, que l’étendue des conduites de fuites addictives existent chez tout un chacun. Lorsque des événements internes ou externes dépassent notre capacité habituelle de contenir et d’élaborer les conflits, nous avons tous tendance à manger, boire, fumer, plus qu’à l’ordinaire, à prendre des médicaments, à la recherche d’un état d’oubli provisoire, ou bien à nous jeter dans des relations, sexuelles ou autres, avec la même visée. Ainsi, cette économie psychique ne devient problème que dans le cas où elle est quasiment la seule solution dont le sujet dispose pour supporter la douleur psychique.
Les épreuves de l’existence nous conduisent parfois à développer des mécanismes de défense, servant à atténuer parfois l’émotion ou encore à la refouler pour cela, nous recourons à des conduites différentes. Nous tentons quelques fois, de relativiser notre malheur ou encore de l’ignorer, de le refouler, par l’usage de satisfactions de l’instant. Nous nous créons un bonheur artificiel favorisant l’évacuation de la souffrance de notre esprit hanté. Un usage récurrent de ce bonheur est produit autant de fois que nous nous sentons interpellés par cette souffrance, même de façon inconsciente, notamment par l’usage d’un euphorisant, de jeu, de nourriture, de sexe… qui déclencheront l’oubli momentané de notre souffrance, c’est accès à la jouissance qui stimulera l’envie d’une récidive.
Il n’y a par conséquent d’addiction que par principe répétitif de la chose.
Cette course à la jouissance est une diversion à la souffrance et devient dès lors indispensable pour être soulagée. Son principe est vital, c’est pourquoi il devient difficile de s’en défaire.
La personne addicte entre progressivement dans un état anxieux tellement grand que le passage à l’acte compulsif devient inévitable. Chez ce type de personne, un déséquilibre existe entre le rêve et la réalité, à savoir qu’il existe une sublimation de la chose désirée, ceci accroit la charge émotionnelle.
L’alcool ne fait pas moins l’alcoolique, que les stupéfiants ne font le toxicomane ou encore que le sexe ne fait le sexuel compulsif, mais simplement la fragilité d’un sujet qui favorise l’accès à un état pathologique.
Il nous semble que la dimension la plus urgente de l’économie psychique qui sous-tend la conduite addictive est le besoin de se débarrasser aussi rapidement que possible des sentiments d’angoisse, de colère, de culpabilité ou de tristesse qui font souffrir, voire des sentiments en apparence agréables ou excitants mais qui sont vécus inconsciemment comme défendus ou dangereux. À partir de la découverte de sa solution addictive, le sujet cherche compulsivement à  la retrouver face à  toute souffrance psychique. En bref, la dépendance implique toujours un mélange de douleur et de plaisir.
Du point de vue neurobiologique, on a mis en lumière le rôle fondamental des neurones dopaminergiques dans la genèse des addictions. La dopamine est un neuromédiateur du plaisir et de la récompense, que le cerveau libère lors d’une expérience qu’il juge « agréable ». Très utile pour l’apprentissage de ce qui est bon ou mauvais pour l’organisme, ce réseau dopaminergique peut aussi « s’emballer » et provoquer des dépendances. Dans le cas de la consommation de substances psychoactives comme les opiacés, le cerveau est régulièrement sollicité, ce qui entraîne une diminution de la production naturelle d’endorphines. Dès lors, la sensation de plaisir n’est plus obtenue que par l’apport de la substance extérieure, ce qui induit une augmentation de la tolérance à cette substance et un manque dès l’arrêt de sa consommation. L’organisme devenant peu à peu insensible à la substance et à ses effets, le consommateur doit accroître les doses pour obtenir le même niveau de plaisir ; c’est ce mécanisme dit de « renforcement positif » qui incite à répéter l’expérience agréable et entraîne la dépendance.
Suivre une thérapie, c’est d’une part comprendre l’origine de cette addiction, comprendre l’origine de sa souffrance, tracer les schémas mentaux qui ont conduit à cette dépendance vitale enfin et surtout désapprendre les mécanismes qui mènent à ce paradis artificiel pour apprendre à regarder en face cette souffrance et à vivre avec, jusqu’à ce que ses effets soient atténués.
Osez en parler en toute discrétion, soit sur ce blog, soit en m’écrivant.