La vie avec une personne bipolaire n’est pas un long fleuve tranquille, mais peut être au contraire mouvementée et produire des états anxiogènes qui fait que parfois l’existence peut être synonyme de péripéties dont on ne sait où¹ chacune d’elle peut conduire. Certains outils peuvent être utilisés pour tendre vers davantage de fluidité dans la communication et donc une vie plus apaisée.
Agir avec calme et détermination
Un sujet bipolaire a besoin d’un environnement socio-familial calme, sécurisant et rassurant.
Par conséquent, partager la vie d’un bipolaire, suppose d’éviter de se laisser entrainer par les émotions souvent paroxystiques de celui-ci. Le sujet bipolaire peut dans une phase d’agitation se montrer exigeant, agressif, obsessionnel, ou à contrario dans une phase dépressive, plongé dans une mélancolie et colérique.
Répondre à ses états, transite par le décodage de son état émotionnel.
Toutefois, il arrive que le contexte tonitruant ne permette pas cela ou encore l’état d’énervement du sujet entrave toute capacité de l’entourage à percevoir ce qu’il revendique. Une phase transitoire à cette compréhension, consiste à tenter de désamorcer les choses, en les relativisant en montrant comment est-il possible de ramener les choses à; leur juste proportion. Eviter de lui dire : »tu t’en fais pour rien », mais plutôt : » essaie de m’expliquer calmement et je vais t’aider à y voir plus clair, ou je vais t’aider à trouver la solution ».
Désamorcer facteurs sur-stimulants.
‘une des caractéristiques de la phase maniaque est l’hyper-réactivité du sujet caractérisée par des sens exacerbés et des perceptions décuplées et une réalité augmentée. L’état d’exaltation est maximum, et le sujet se sent parfois enseveli par une avalanche de stimuli, comme si son cerveau ne hiérarchisait plus l’information. Par conséquent, mieux vaut conduire le sujet dans un environnement lénifiant dans lequel ses sens seraient peu sollicités, notamment, par un usage réduit de la musique et ou des écrans, des activités, des veilles prolongées, des échanges sans fin. L’idée étant de réguler la stimulation des sens en fonction de la personnalité du sujet et de tendre vers la modération des rythmes quotidiens.
«Ne pas railler, ne pas détester, mais comprendre». Spinoza
Rappelons que la dépression présente notamment dans la bipolarité, n’est pas due à; une attitude volontairement passive, mais à; une véritable incapacité à; prendre son soin de soi, à se motiver. Si dans la configuration
socio-environnementale dans l’enfance du sujet, elle pouvait être le signe permettant d’attirer l’attention, elle est par le suite devenue un comportement ancré par habitude. En parallèle, se déroule un marquage neurobiologique conforme à ce comportement et qui deviendra un dysfonctionnement.
Par conséquent, s’il est parfois d’usage de faire appel à; la culpabilité en vue d’une prise de conscience, dans la dépression cela ne produit non seulement pas le comportement attendu, mais peut aller jusqu’à; l’engendrement d’effets destructeurs.
De même que, vouloir user de levier quelconque pour déclencher une raison d’agir, une motivation, s’avère également inefficace. En d’autres termes, dire à l’autre qu’il est partisan du moindre effort ou qu’il manque de volonté, c’est faire de l’attitude négative une nature, c’est donc une phrase contreproductive. Vouloir activer un comportement chez l’autre passe par une écoute empathique, fondé sur la compréhension et non le jugement. »Ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas détester, mais
comprendre » disait Spinoza. En d’autres termes, le jugement est à bannir au bénéfice de la compréhension et ce en vue de susciter un comportement adapté.
Sachant qu’un redémarrage est souvent en mode sans échec, c’est-à;-dire à minima. Le primat doit être donné aux petites choses du quotidien. Et dans ce cas précis, il faut saluer le moindre petit effort.
Bienveillance, reconnaissance et soutien.
L’état d’exaltation produit souvent des attitudes indues et de fait brouille la communication. Contradictions, reproches et mots réducteurs sont à bannir du dialogue, dans la mesure ou le bipolaire est impulsif au point que, ce qui a vocation à réveiller un comportement adéquat, pourrait rapidement se transformer en pugilat et fâcher l’hypersensible. Ne jamais dire : »tu ne fais rien ou tu es fou ou folle tu aurais besoin qu’on t’interne »
Mais plutôt : ‘Je constate que tu t’efforces de bien faire en mettant tes valeurs en application » (reconnaissance) ‘Je sais que tu luttes beaucoup » ‘Je t’aiderai si tu en as besoin ». Cette reconnaissance et ce soutien lénifient le sujet exalté. ‘Tu devrais te détendre. » Ces paroles nourrissent le lien de confiance et éloignent du conflit avec le sujet bipolaire.
Enfin, mettre chaque émotion sur le compte de maladie reviendrait à; affirmer que le normal n’éprouve aucune émotion, et que le pathologique n’a que des émotions ce qui absurde dans les deux cas.
L’attitude adéquate consiste à; reconnaitre et à; comprendre que certaines émotions même en phase d’euphorie ne sont pas nécessairement négatives et donc non pathologiques. Montrer une crispation quelconque,
serait perçu par la personne bipolaire comme une anomalie
comportementale, et engendrerait anxiété, tristesse et agressivité de sa part
S’entourer tout en accompagnant le patient
Un environnement bienveillant, sécurisant et accompagnant est crucial pour le bipolaire. Il est important que les personnes qui entourent le sujet, fassent équipe avec celui ou ceux qui le traitent.
Entourer un sujet bipolaire est énergivore mais également anxiogène, c’est pourquoi, l’entourage proche doit autant que possible conserver une hygiène de vie, poursuivre ses propres activités tout en les combinant avec le soutien prodigué au sujet en demande. Il peut également partager les difficultés du quotidien au sein de groupes de paroles mais également avec les traitants (psychologue, psychiatre)