Yossi n., 45 ans marié et père de deux grandes filles, traverse une remise en question. Il vient d’effectuer un changement de vie en allant s’installer en israà«l. Il ne trouve pas de boulot. Il s’est rendu à plusieurs entretiens, mais tout ce qu’il a pu trouver, c’est soit des heures de ménage au tarif deâ 6 a‚¬ de l’heure, soit de travailler dans un centre d’appel à 5 a‚¬ de l’heure. Il a perdu sa pêche. Il se demande tous les jours, s’il va se contenter d’accepter les offres qu’il a trouvé, ou alors il va y renoncer comme à l’accoutumée. Un jour, il se décide d’aller travailler en centre d’appel, car concevoir de faire des ménages même lorsqu’on est en manque d’argent, n’est pas évident, puis il y a le qu’en dira-t-on et enfin l’inévitable regard abjecte que l’on porte à soi.
Avant de venir en israel, yossi n. Vivait à paris, il avait une petite boite de dépannage et ça marchait plutôt correctement. Mais lorsqu’il décide de changer de vie, il ne s’attend pas à devoir concevoir à de tels sacrifices, comme le renoncement aux conditions salariales qu’il avait, une mentalité qu’il imaginait mal avant de s’y être confronté, une culture à mi chemin, entre l’orient et l’occident, juste qu’entre les deux, il y a la méditerranée et l’atlantique.
En ce rendant, au poste qu’il a accepté d’essayer, il découvre que ça n’est pasâ pour lui, passer des appels constamment , tenter de vendre par téléphone pour 5 a‚¬ de l’heure, assortie d’une prime de misèreâ et par dessus tout un manque de considération de la part du patron, tout cela ne valait pas le coup. Yossi n. Est en plus rattrapé par des dettes qu’il a contracté, israà«l étant une société de forte consommation, il s’est laissé tenter en faisant des petits cadeaux à sa famille, en invitant des amis à la maison à de nombreuses reprises. Rien de bien méchant, sauf lorsqu’il s’agit de rembourser en y cumulant les caprices du quotidien qu’il faut assumer. Cela n’est pas fait pour arranger les choses.
En dépit de tout cela, il démissionne de ce centre d’appel. Yossi n. Commence à déprimer, il se remet en question et se dit qu’il n’a rien fait de bien, l’expérience qui est la sienne aujourd’hui, le conduit droit vers des propos destructeurs, je suis nul, je ne suis pas considéré, je n’arrive pas à me trouver un job, ma femme me pousse vers ce que je ne désire pas faire, comme si seul son intérêt prime, elle ne me comprend pas, elle ne me fait plus confiance. Je suis décidemment très nul, d’ailleurs mes parents me l’ont toujours dit.
Bien que yossi n., constate que la terre promise est loin d’être un eldorado économique, il ne peut s’empêcher de basculer dans une autocritique acerbe, en se lançant dans la culpabilité.
Que faire ? Yossi n. Se sent désemparé, perdu, abusé, déçu, il a envie de retourner vivre en france, et d’un autre côté, il se dit que c’est ici sa place. D’un autre côté, comment se dire qu’on a une place, lorsqu’on ne la trouve pas ?
Les idéaux commencent à en prendre un coup, Yossi devient agressif, car son système de valeurs en prend un coup. Mais à part, tourner en rond, et faire semblant de se sortir d’une situation désobligeante, Yossi, traine les pieds. Le temps passe, et il est toujours au point mort. C’est la traversée du désert.
Un jour, il entend parler d’un séminaire sur le changement de vie, il se dit qu’il ne perdait rien d’y assister. Il y va mais sans grande conviction. En y ressortant, un légère brise d’espoir se met à souffler : â« il y a sans doute quelque chose à faire, mais quoi ? Comment ? Et qui peut m’aider ? A»
Il décide de contacter l’animateur de ce séminaire, en l’occurrence moi, pour me demander en quoi je peux faire quelque chose pour lui ? La question ne se pose en général pas en ces termes. Je retourne la question en lui demandant, ce qu’il attendait de moi et qu’est ce qui l’avait interpellé dans mes propos. Je sentais en même en temps de sa part, une grande réserve, une timidité, une peur de ce que je risquais de penser s’il commençait à me parler de lui. Nous fixons une rencontre.
Pour le mettre à l’aise et l’aider dans sa quête incessante d’une voie qu’il ne trouvait pas, je lui propose de me parler de ces gouts, de ce qu’il aimerait faire, de ce qu’il aimerait recommencer… Il hésite au début à répondre, puis se lance parce qu’il se dit, qu’il est ici pour trouver une issue. Impossible de l’arrêter et lui poser d’autres questions, il est dans sa course comme une machine, notre entretien s’achève pour reprendre de façon régulière. Yossi n., s’aperçoit, qu’on ne s’était jamais auparavant intéressé à sa personne à ce qu’il ressentait, à part pour lui exprimer qu’il est nul et ce depuis petit.
Trois mois plus tard, alors que nous avions rendez-vous, yossi n. Vient me voir pour dire, que sa voie était toute trouvée. Je lui demande, si on lui avait fait des propositions, s’il avait trouvé un job, gagné au loto et que sais-je encore ? Il me répond, que depuis le temps o๠il a débarqué en israel jusqu’à ce jour, ça n’était pas d’un job dont il avait besoin, même s’il était rattrapé par ses finances, mais d’une véritable remise en question avec des réponses à la clé.
Je ne pouvais résister au fait de lui redemander : « bon, mais expliques moi qu’est ce qui me vaut cet enthousiasme de ta part? » Il me répond que durant 30 années de sa vie, il est passé à côté de ce qu’il aurait aimé faire, mais à présent il l’a découvert.
Une quinzaine de jours après cet entretien, il me téléphone et me dit : « armand, tu ne sais pas quoi ?
* – non, mais je vais le savoir.
* – je viens de me lancer à mon compte.
* – formidable.
* – et comment ca s’annonce ?
* – ca démarre fort.
Je ne pouvais m’empêcher de tirer la conclusion suivante : voila une personne qui a perdu les 30 premières années de sa vie, et qu’il en a gagné d’autres en 3 mois de temps.
On devrait lire ton histoire chaque matin en se levant, elle nous « boosterait ». Comme quoi, tout a une raison d’être, toute experience est bonne à prendre… et à coeur vaillant Rien d’impossible!!!! sourire. V.