Autrui m’interpelle si je désire m’en approcher, c’est parce qu’à son contact, je me révèle à moi-même. C’est l’autre qui le premier m’as dit ‘’tu’’ et au même instant je suis devenu un ‘Je’.
J’ai compris dès lors que je me suis réalisé par la voie de l’altérité par-delà mes refoulements et mes angoisses, qui m’altèrent et me font porter une multitude de persona.
Pour Emmanuel Lévinas, le visage de l’autre sollicite mes sentiments pénétrés d’une moralité immanente. Cette moralité n’est pas constituée seulement comme un système instable et relatif aux valeurs autour desquelles se regroupent ma famille et mon environnement social.
Pour Platon, autrui est une subjectivité, il est fonction de mon regard, de mes filtres de la réalité qui m’anime et qui me permet de voir l’autre tel que je veux et je peux le voir. Épicure, quant à lui voit autrui comme une subjectivité à réjouir par la douceur, l’amitié, la jubilation, il se concentre sur le partage du plaisir, peut être parfois aussi sur celui de la jouissance. Quant à Sartres, son regard se concentre la façon dont l’autre me voit dans mes états les plus négatifs : ‘’l’enfer c’est l’autre’’ dit-il, parce qu’il me juge et me condamne.
Autrui est sans doute tout cela et sa conjonction avec Moi en tant qu’être incarnant la différence, la rupture, fait que nous formons ensemble une totalité, quelque chose qui rappelle l’union des opposés. C’est de cette dernière conscience que le monde a aussi besoin, aujourd’hui plus que jamais, pour parvenir à un état de paix. L’acceptation de l’autre, tout comme je m’accepte moi-même me permet de vivre en osmose avec lui malgré nos particularités respectives.