Le déni serait-il sur le plan linguistique, la forme contractée d’une Négation Directe et ou Indirecte de l’Évidence.
Il se caractérise soit par le refus de regarder la réalité en face, soit en niant son existence. En dépit des ressources de chacun, la réalité serait-elle à ce point redoutable, voir traumatisante incitant l’individu à continuer d’agir comme si elle n’avait jamais vu le jour ? L’inscription du déni dans le registre psychologique, fait qu’il appartient à la liste des mécanismes de défense permettant au moi de se protéger d’émotions par lesquelles il se sentirait submergé. C’est à force d’usage systématique que celui-ci sera l’expression d’un symptôme, donc un état dit en rupture avec l’état de normalité.
Sigmund Freud a employé pour la première fois le terme de déni pour décrire le mécanisme de défense du «Moi» chez le petit enfant pour lutter contre l’angoisse liée à la découverte de la différence des sexes. La réalité étant difficile à admettre pour ce dernier, il continue à penser que la femme possède un pénis et que son absence est expliquée par une castration.
Il distinguera (1924) entre névrose et psychose, au travers une gestion des représentations, laquelle s’effectuera à partir de l’acceptation des perceptions conscientes, internes et externes. Dans la névrose, le sujet ne dénie pas la réalité, il refuse d’en entendre parler, à contrario dans la psychose non seulement il la dénie mais cherche en plus à la remplacer. » Pour Freud, le « déni de la réalité » est la capacité du sujet à refuser de la percevoir et de la conscientiser, contrairement au refoulement qui permet de rendre inconscient la représentation d’une expérience qui a pu être préalablement consciente.
Le déni, est maniable par tous, dans tout un panel de situations des plus banales aux plus traumatisantes. L’usage en est emprunté pour une altération de la réalité au moyen de notre capacité d’amnésie, et/ou de notre faculté à la banaliser, favorisant un semblant de sentiment de bien-être.
Dans le cas d’un traumatisme, le déni ne relève pas d’une faiblesse de caractère ou d’un dysfonctionnement, mais en tant que mécanisme de défense, il favorise la préservation et le fonctionnement de la personne face à une situation dite anxiogène.
Dorothée se faisait régulièrement abusée par son père à l’âge de 8 ans, celui avait pour habitude d’accepter de jouer avec sa fille au docteur moyennant le fait que cela se déroule dans la cabane au fond du jardin. Ainsi, lorsque ce dernier le lui proposait, elle s’y dirigeait en tenant sa poupée dans ses bras et s’adressant à elle, la consolait en lui disant que le docteur ne lui ferait aucun mal avec sa piqure. Lorsque des années plus tard, j’interrogeais Dorothée sur son sentiment en se rendant à la cabane, elle me répondait qu’elle ne ressentait rien, pas la moindre peur, ce qui correspondait à une altération de la réalité. Et pendant, ‘’l’auscultation’’, c’est-à -dire l’instant durant lequel, elle subissait l’abus, elle expliquait qu’elle maniait sa poupée pour se déconnecter de cet instant effroyable, durant laquelle son moi devait se défendre des affects liés aux pulsions inconscientes.
Le déni psychotique[1],se caractérise par un mécanisme selon lequel le sujet répond aux conflits émotionnels ou aux facteurs de stress internes ou externes en se refusant à reconnaître comme réels certains aspects extérieurs douloureux ou certaines expériences subjectives douloureuses pourtant apparentes à autrui.
Bien que le déni en tant qu’il un mécanisme de défense vise à prémunir face à une réalité jugée insupportable, ou encore face à toute situation génératrice d’anxiété, il ne permet pas pour autant de résoudre le conflit qui en est le déclencheur. La majorité des psychologues s’accordent à dire qu’il s’agit dans bien des cas, d’un modèle de comportement potentiellement inadapté traduisant un ou des troubles psychologiques.
[1] DSM 4