Le bonheur, si je veux !

Aujourd’hui plus que jamais l’individu s’en va rechercher sa propre liberté et son propre bonheur. N’ayant plus fois envers ceux qui lui ont promis une amélioration des conditions de vie, ni dans les marchands de bonheur, ni même en ceux qui promettent le paradis de façon plus générale, la tendance consiste à prendre en main sa vie et tenter d’y apporter son propre bonheur comme l’aboutissement d’une initiative personnelle et créatrice.

C’est du cœur de la crise et ou celui de la souffrance, que certains entrevoient la perspective de transformer leur quotidien, permettant ainsi de dresser des ponts vers un avenir meilleur. La correction d’une trajectoire de vie, peut parfois pivoter à cent quatre-vingt degrés. En d’autres termes, un changement peut connoter une rupture intégrale avec le passé, impliquant elle-même une métamorphose de soi.

De quoi cette métamorphose est-elle le nom ?

De l’épicentre de la souffrance se dessinent deux ramifications possibles et opposées l’une à l’autre :

  • L’une d’elle consiste en un renoncement, dont l’attitude résignée conduit parfois  droit à la dépression. Ce dernier peut aussi être le signe d’une certaine paresse. Dans cette logique, consentir à se soustraire à la souffrance, c’est renoncer à vivre toute vie humaine. Puisqu’il n’y a pas de vie sans souffrance pas plus qu’il n’y ait de vie sans bonheur, en d’autres termes bonheur et souffrance cohabitent tous deux au sein d’une même existence et il ne peut en être autrement.
  • L’autre est celle du désir de mettre un terme à toutes les perspectives en entreprenant une nouvelle vie, mais en même temps en tentant d’extraire de cette souffrance le meilleur. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort disait Nietzsche.

Par conséquent se libérer de l’œil du cyclone, implique une métamorphose valant pour deux actes. Le premier étant celui d’une rupture avec le vécu actuel pour se tourner vers un avenir plus en osmose avec soi-même, accompagné d’une joie de vivre. Rappelons que le sentiment de joie implique une satisfaction intense. Etre doté d’une joie de vivre, c’est éprouver un plaisir soutenu des instants vécus. Cela n’augure en rien de l’avenir de ce sentiment, mais fournit en revanche une image de la représentation que nous nous faisons à un instant donné de la vie.

Le second acte, étant que la résolution d’un changement entreprise, teintée de courage et de détermination se doit d’être conjuguée à un acte de réflexion sur soi, aussi vaste qu’étendu dans le temps. Celle-ci peut se nourrir à partir de lectures, d’études, et de tout ce qui contribue à l’enrichissement de la connaissance et du savoir, nécessaires à la personne qui ambitionne d’opérer à un changement.

Ainsi se modifient ses propres représentations sur l’existence qui permettront de pouvoir agir à tout moment dans la logique de cette métamorphose qu’on veut apporter à sa vie.

Ce nouveau regard se configure à partir d’un retour sur soi, c’est le chemin de l’individuation,  autrement dit de la découverte du fait que chacun est créateur en son être, or nous ne créons que parce que nous donnons un sens aux choses. Exemple :  Nous disons qu’il y a une famine au Sahel, car nous pensons en effet qu’il y a des besoins alimentaires et qu’il faille sans doute intervenir pour y mettre un terme. Or bien souvent, nous sommes amenés à croire que cette affirmation connote une réalité, alors qu’elle décrit un jugement. Pour percevoir le raisonnement revenons au signifiant que renferme le vocable de famine, lequel est : qu’il existe des personnes sous-alimentées par rapport à ce qu’on entend sur la dignité humaine, et par conséquent nous souhaitons qu’elles soient mieux alimentées. En d’autres termes, sous l’ombre du mot famine s’abrite un argument éthique.

En conséquence de ce que nous exprimions sur la création de sens, les significations émanent des individus eux-mêmes et non des mots et des choses. Puisque nous sommes capables de faire preuve de créativité en inventant un jugement où un signifiant, nous sommes alors capables  d’inventer d’autres valeurs voir d’autres formes de vie. Dans le prolongement de cette idée, le bonheur devient une action et cet acte de retour sur soi démontre une liberté.

Parler de création, c’est créer une œuvre pour soi à partir de laquelle chacun se réalise. Parler de réalisation de soi, c’est évoquer ses désirs, ce que nous voulions. Or n’est ce pas à partir de la réalisation de ses propres désirs que l’individu parvient à une jouissance de l’existence ? La jouissance est elle-même expression de satisfaction donc de joie. La métamorphose de son existence consiste à rompre avec ses perceptions tragiques et poser que la vocation de toute vie humaine est la joie, l’accomplissement de soi par la réalisation de ses désirs. En disant cela, nous ne nions pas l’existence du tragique, mais nous modifions simplement notre regard pour le porter sur le versant à moitié plein du verre, sur la contemplation du beau.

De façon plus étendue, la vocation de l’humanité c’est le bonheur partagé par tous, lui-même articulé autour de cette triangulation qu’est : réciprocité, autonomie, jouissance.

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