Quel sens donner à  la souffrance chez le Borderline ?

La question est complexe et elle l’est d’autant, que la réponse est souvent fonction des personnes. Qu’y a-t-il dans l’acte de souffrir ? Le fait de supporter, d’endurer quelque chose de pénible. Une auto punition, certainement souvent. En endurant telle chose, ma personne s’acquitte d’un dû, comme si elle devait payer. Peut-être parce qu’inconsciemment, je me dis que je ne mérite pas telle ou telle chose de bien, par conséquent je me destine à payer par ma personne pour me soustraire au ressenti de tel plaisir ou de telle jouissance. Si par mon éducation, mes parents, ou mes éducateurs, m’ont inculqué des années durant que j’étais quelqu’un qui n’y arriverait pas, quelqu’un de bête, quelqu’un de moche, que je n’aurai pas même dû naitre, car je n’ai aucun avenir. Cela m’a fait souffrir et continue de me faire souffrir par la remémorisation de tout cela. Je suis par conséquent condamné à rester dans cette souffrance, pour obéir à un principe de loyauté vis-à-vis des principes inculqués. Si en plus j’ai vu des gens souffrir autour de moi, je continuerai à obéir au principe de loyauté pour ne pas être différent d’eux (car la différence marginalise l’individu). Enfin, si je devais ressentir une quelconque jouissance dans ma vie, je contreviendrais ainsi à ce qu’on a pu m’inculquer, donc il me faudra très vite me dire que je ne mérite pas cette jouissance et qu’il faut de nouveau retourner à la souffrance. Rappelons-nous ceci, une souffrance quel qu’elle soit, n’est pas un état normal pouvant perdurer, si je souffre, la logique de la bonne santé mentale, voudrait que je fasse quelque chose, pour lui mettre un, mais si je ne le fais pas, c’est parce que cette même souffrance obéit à une logique interne qui lui est propre, en d’autres termes, cette souffrance est parfaitement intégrée dans la vie de celui qui souffre et trouve sa raison d’être. Les religions du livre obéissent au même principe, lequel est le suivant : pour mériter les choses, l’individu se doit d’obéir à  la loi, aux commandements, c’est-à -dire aux ordres qui sont supposés être dictés par Dieu (cela évite la contestation humaine chez une majorité de personnes), s’il ne le fait pas il contrevient à  la loi et mérite un châtiment. Ce châtiment consiste en ce que le pécheur subisse des épreuves douloureuses parsemées de souffrances, donc la personne qui entre dans cette logique va pouvoir alimenter ce châtiment. A savoir : je n’ai pas obéi, donc je mérite de souffrir et comme je continue de souffrir, c’est que je n’ai pas obéi. Conclusion : je dois absolument chercher à obéir, pour éviter de souffrir. Principe névrotique, car l’infliction de la souffrance est alimentée par le sujet lui-même.

Au travers cette souffrance, je vais vers ce qui me détruit (c’est-à -dire la pulsion de mort), car telle est la finalité et on peut se détruire progressivement pour réduire l’intensité de cette souffrance, mais l’objet final reste le même. Lorsque cette souffrance devient paroxystique, elle est insupportable pour l’individu, ce dernier veut y mettre un terme, or comme nous l’exposions plus en amont, la souffrance fait partie de sa vie, et y mettre un terme dans cette vie n’est pas possible non plus, parce qu’il se doit d’endurer, la seule solution consiste à se donner la mort. La mort met un terme à  la souffrance psychique, c’est une forme de délivrance, c’est-à -dire il n’y a plus de questionnement et plus de ressenti possible.
La folie dans le sens d’une perte totale de ses fonctions cognitives, c’est-à -dire ne plus être capable de raisonner et perdre la conscience des choses peut aussi être une alternative acceptable par l’esprit.
Ou encore, il est possible de se dire, que la souffrance fait partie de la vie, l’individu est condamné à  la ressentir tant qu’il vivra, mais il ne peut pas y mettre un terme, pas même par la mort, il vit donc avec.
Nous n’aborderons pas la souffrance infligée à  l’autre qui est l’expression du sadisme, cela fera partie d’un autre développement.

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