Le processus de mentalisation que nous expliquons à la lumière des neurosciences, implique de conscientiser son propre état ainsi que celui des autres. Cela signifie que nous créons simultanément un certain nombre de représentations qui nous concernent mais qui concomitamment concernent les autres. Le sentiment de soi se conjugue aux représentations que nous créons d’autrui ainsi que celui du contexte dans lequel les choses se déroulent.  Cela requiert non seulement sur un équilibre entre quatre[1] composantes distinctes de la mentalisation, mais également de pouvoir appliquer la bonne composante en fonction du contexte et de l’environnement dans lequel l’individu se trouve. Dans le trouble de la personnalité, le sujet rencontre souvent des difficultés dans l’une des composantes de la mentalisation. Nous mentalisons parfois de faà§on automatique et le traitement de l’information se fait rapidement car il ne nécessite pas d’attention particulière, en revanche d’autres fois, fois cela exige de lui une réflexion et donc une attention et un redoublement d’effort or dans le trouble de la personnalité, le sujet est vulnérabilisé sur ce point.
Au cours de nos interactions sociales ordinaires du quotidien, la plupart de nos mentalisations s’effectuent automatiquement c’est-à -dire qu’elles sont gérées de faà§on inconsciente. C’est particulièrement vrai dans un environnement social sécurisant, c’est à dire celui dans lequel on se sent bien, en confiance avec nos interlocuteurs. Par exemple, lorsqu’un parent joue avec son enfant ou encore que deux amis bavardent le processus de mentalisation se fera tout à fait naturellement et sera géré par des automatismes qui ne nécessiteront aucune focalisation de l’attention. Si en revanche un enfant se met à pleurer cela provoquera un changement émotionnel bien évidemment chez l’enfant mais également chez le parent qui va immédiatement s’interroger sur ce qui suscite un tel changement émotionnel et sur son intensité… Par conséquent le processus de mentalisation redoublera d’efforts, puisque le parent tentera de décoder au travers le langage verbale et non verbale de l’enfant, ainsi que le contexte dans lequel les évènements se sont déroulés, le pourquoi de ses pleurs
Lorsque survient un stress, mentaliser comporte davantage de difficultés, nos systèmes neuronaux associés à cette mentalisation seront inhibés[2]. De fait, nos capacités cognitives pourront moins bien fonctionner et nos réactions pourront àªtre altérées par rapport à un contexte plus apaisé. Dans le trouble de la personnalité, la mentalisation se fait compliquée du fait des distorsions au sein des cognitions sociales et autres. Lorsque l’enfant entend fréquemment hurler son parent contre lui, brandissant envers lui systématiquement la menace, il devient craintif des autres, perd confiance en lui et son image de lui-màªme est écornée. Il devient alerte (presque parano parfois), à partir des micros expressions qu’il détecte sur le visage du parent violent. Plus tard, il surinterprétera de faà§on automatique chez l’autre le simple froncement de sourcils ou encore le moindre regard, comme une menace ou encore comme le signe que quelque chose ne va pas en lui. Cela déclenchera chez lui un message d’alerte, parfois une réaction disproportionnée, qu’on qualifiera d’impulsive, ou encore l’envie de se mutiler… Le processus de mentalisation est en relation étroite avec la mémoire auquel se rajoute une représentation du contexte et l’environnement social. L’impulsivité est une mentalisation liée à une mémoire traumatique et qui engendrera une distorsion dans l’interprétation de ce qui est en passe de se vivre.
Le processus thérapeutique consistera à réanalyser cette représentation et à la modifier.
[1]  1 Mentalisation automatique ou contrôlée  —2 Mentaliser le soi en collision avec les autres – 3 Mentalisation par rapport aux caractéristiques internes et externes – 4 Mentalisation cognitive versus affective  (Mentalization based  treatment for personality disorder 2016)
[2] Nolte et al., 2013
