Il existe d’innombrables variantes aux obsessions et aux compulsions, qu’on inscrit sous l’étendard d’un seul et même thème portant le nom de TOC (trouble obsessionnel compulsif). Elles posséderaient quelques caractéristiques communes, dont des pensées intrusives insupportables, apeurantes, culpabilisantes, angoissantes, suscitant toutes sortes de peurs dont celle d’être fou ou de le devenir et celle de perdre le contrôle. Certaines sont des obsessions morbides ou dit autrement, ce sont des impulsions phobiques telles que l’idée de tuer ou de se porter atteinte, ou encore celles de penser l’acte sexuel, en marge des normes culturelles de la société, incluant une forme de violence qui rompe avec la nature de l’acte lui-même.
Les sujets en souffrance de par ses pensées intrusives, ont tendance à redouter d’être esseulées avec des personnes plus petites ou plus faibles qu’eux. Dés lors, qu’ils pensent avoir le dessus, ils s’imaginent commettre le pire. Ils évitent voire redoutent même le fait d’avoir à demeurer seul à seul avec leurs propres enfants. Ils renoncent fréquemment à fréquenter des lieux peuplés de gens et des coins de rue ou encore des parkings. Certaines mères paniquent par la survenue de pensées violentes envers leurs nourrissons, ou leurs jeunes enfants. Les idées à caractère sexuel, impliquant le viol, l’abus sexuel d’enfants ou d’adultes, assaillent le sujet. Des craintes d’agir de façon inappropriée engendrent des montées d’angoisses, face auxquelles un certain nombre de manifestations physiques s’opèrent: tremblement, tachycardie, sensation d’étouffement …
Différemment de ce que la psychanalyse a pu promulguer au sujet des personnes souffrant de TOC, l’origine de ces pensées intrusives à caractère violent ne se loge pas systématiquement dans des colères refoulées. Il peut y avoir une confluence de facteurs qui sont aux antipodes d’une chaine causale linéaire. Ce lien étroit de causalité, établi comme l’explication du symptôme, a engendré non seulement une chronicité plus importante des symptômes, mais cela en a en plus produit d’autres. Certains thérapeutes s’acharnent jusqu’alors à pérenniser leur soutien à ces bévues.
Une étude de 2017 publiée dans le Journal of Obsessive-Compulsive and Related Disorders a révélé que les personnes craignant la perte d’une maîtrise de soi étaient beaucoup plus susceptibles de se préserver. C’est rassurant.
Il s’avère que ces sujets se concentrent essentiellement sur ce qu’on appelle la peur du mal ou la sur-responsabilité du mal. Les pensées obsessionnelles peuvent entraîner des actions compulsives, souvent centrées sur la vérification comme moyen de limiter le risque de préjudice.
La peur de faire mal
L’anxiété émanant de cette compulsion est souvent centrée sur la perspective de blesser légèrement ou gravement quelqu’un ou soi-même, en commettant un acte malheureux ou encore un acte manqué par omission. Une personne pourrait par exemple, omettre d’éteindre le four qui déclenchera un incendie du lieu d’habitation, ou encore, oublier ou négliger un lavage de main avant une préparation culinaire, ce qui rendrait accidentellement malades ceux qui en auraient consommé.
De telles craintes s’accompagnent bien souvent d’une responsabilité accrue voire excessive pour prévenir de telles catastrophes. C’est ce qui peut conduire à des actes obsessionnellement compulsifs comme le fait de :
- S’enquérir plusieurs fois des nouvelles de ses proches, pour s’assurer qu’ils vont bien
- Vérifier à maintes reprises successives, les appareils et s’assurer qu’ils sont en position d’arrêt ou d’extinction.
- Verrouiller et déverrouiller plusieurs fois de suite la serrure de la porte d’entrée en s’assurant qu’elle est toujours en position fermée.
- Mettre en place des rituels superstitieux tels que compter, taper ou répéter des mots
- Vérifier avant de sortir et à plusieurs reprises que l’arrivée de gaz est en position fermée afin d’éviter des émanations et ou une explosion.
- Laver et relaver les aliments ou les mains afin de prévenir la contamination de maladie.
La liste peut être encore longue.
Les sujets souffrant de TOC, redoutant une perte de contrôle qui irait jusqu’à faire du mal à l’autre agissent en conséquence, de telles craintes, agissent à partir d’attitudes compulsives axées sur le maintien de la sécurité, tout comme précédemment notamment en:
- détournant le regard d’un objet tranchant quelconque
- refusant de se retrouver seul ou en compagnie d’une personne plus faible que soi, tel qu’un enfant
- s’abstenant fréquemment d’utiliser son véhicule pour ne pas causer de dommage à autrui
- hésitant longuement à rentrer chez soi, de peur de s’en prendre à ses proches.
En plus de vérifier les comportements, les personnes craignant de perdre le contrôle, peuvent également s’engager dans des rituels physiques ou mentaux. Cela inclut la répétition de certains mots, de phrases ou de décomptes. Ceci leur permet de se sécuriser par l’obtention de certitudes tournant parfois autour de la pensée magique.
Les compulsions peuvent inclure une recherche de réconfort et d’assurance auprès des autres, la vérification du comportement (serrures, fenêtres, horaires) et les rituels mentaux impliquent de tenter d’obtenir un apaisement.
Mauricette est terrorisée à l’idée de contracter une maladie sexuellement transmissible à partir d’un contact tactile avec les poignées de porte des lieux publics. Après s’être lavée les mains, elle sollicitera un ami, voire à une personne étrangère, pour lui confirmer avec assurance et à maintes reprises, que ses mains sont propres et qu’elle ne devrait pas être inquiétée de contracter une maladie.
Bien que les réponses soient en soi satisfaisantes, elle reposera maintes fois la même question jusqu’à ce qu’elle en sorte convaincue. Ses proches se dérobent assez souvent à l’idée de l’accompagner dans les lieux publics à cause de son attitude.
Suzanne, éprouve des craintes obsessionnelles de heurter quelqu’un en conduisant. Avant de se garer, elle demande systématiquement à son mari de regarder un certain nombre de fois, dans le rétroviseur pour s’assurer que les piétons sont en sécurité, ou qu’il n’y en ait pas. Bien qu’ennuyé, son mari se refuse de la rendre anxieuse et finit par obtempérer
Le traitement du TOC consiste à diriger les personnes atteintes vers une acceptation de leurs pensées obsessionnelles tout en résistant à l’obéissance aux compulsions. Dit autrement, il ne faut pas craindre de se figurer ses pensées, de se dire qu’elles sont une émanation de soi, tout en résistant au fait de passer à l’action.
Le travail ne se limite pas à cela. Se faire aider via une psychothérapie et peut être également un traitement pharmacologique, sont une nécessité. Les traitements actuels des symptômes fondés sur des données probantes pour les TOC et la peur de perdre le contrôle s’inscrivent dans le cadre d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
La TCC permet aux personnes souffrantes d’apprendre à identifier et à modifier les schémas de pensée destructeurs ou perturbateurs ayant une influence négative sur le comportement et les émotions.
Elle se concentre et participe à la modification de pensées négatives automatiques pouvant contribuer à aggraver les difficultés émotionnelles, la dépression et l’anxiété. Celles-ci déteignent de façon néfaste sur l’humeur.
La TCC consiste à identifier les croyances irrationnelles, à les remettre activement en question pour enfin apprendre à les identifier et à les modifier.
Néanmoins voici quelques règles que je souhaite partager avec les patients confrontés à des pensées obsessionnelles violentes ainsi qu’à d’autres formes de TOC, allant dans la logique de l’acceptation de pensées morbides :
- Attendez-vous à l’inattendu, vous pouvez avoir une pensée obsessionnelle à tout moment et en tout lieu.
- Ne cherchez pas à vous rassurer. Dites vous, que cela peut arriver, sans aller plus loin
- Soyez toujours d’accord avec toutes les pensées obsessionnelles mais ne les analysez pas, pas plus que vous n’engagerez de dialogue avec.
- N’oubliez pas que la gestion de vos symptômes relève de votre seule responsabilité. N’impliquez pas les autres.