Le cerveau humain, connote toute une mécanique complexe. La caractéristique, la plus extraordinaire mais surtout celle qui favorise la survie de l’espèce, c’est la neuroplasticité.
Dit autrement, discourir sur le cerveau, est sans équivoque, pointer sur sa neuroplasticité. En effet, elle traduit une propension des neurones, à une adaptation à l’environnement moléculaire, cellulaire et fonctionnel follement ondoyant,les prête et les apprête à des modifications fonctionnelles.Ainsi, le cerveau, subit des altérations permanentes en fonction des expériences émotionnelles, psychiques et cognitives vécues.
Les facteurs d’influences pour le cerveau en particulier et le sujet en général, vont dans les deux sens de la flèche : ils sont internes de par la régulation interne au corps humain et externes à savoir : environnementaux génétiques ou épigénétiques.
La neuroplasticité incarne et favorise les apprentissages en tous genre. On pense souvent à l’acquisition des savoirs intellectuels, mais pas seulement, ce peut être acquérir, l’usage de nouvelles langues, ou encore les capacités de résoudre des problèmes mathématiques complexes, de développer des compétences techniques, sportives, de jouer d’un instrument, ou d’apprendre à jongler. Toutes ces habiletés acquises par un conditionnement, permettent d’aller vers de plus en plus d’autonomie et de résistance, voire de résilience et de survie en cas d’épreuves difficiles.
Comme toute pièce de monnaie, la neuroplasticité est munie de deux faces. Nous en avons évoqué les bénéfices et de façon plus générale les mécanismes de survie qu’elle favorise, mais elle peut également entraîner vers altérations destructrices.
La neuroplasticité intervient également dans un processus pathologique en réponse à un mécanisme lésionnel. Ce dernier, implique la nécessité impérieuse d’une réorganisation des interactions neuronales, permettant de préserver au mieux les capacités fonctionnelles du système. C’est aussi, le cas lors d’une attaque virale. Mais également, lorsqu’un sujet se livre à une consommation effrénée ou un usage itératif, tels que de l’alcool et/ou des stupéfiants, du sexe, des écrans.. et de façon général à ce qui peut conduire à des dépendances.
Le cerveau grâce à ses mécanismes hautement adaptatifs, apprend à réagir face à l’ingestion de substances ou d’alcool pour ne prendre que cet exemple. Cette exposition stimule la sécrétion de neurotransmetteurs, en l’occurrence de la dopamine, particulièrement active dans le circuit de la récompense.
Les modifications accrues des niveaux de dopamine dans le système de récompense, peuvent entraîner une neuroplasticité supplémentaire suite à une exposition répétée aux substances. Ces altérations médiées par la neuroplasticité sont fondamentales dans l’apprentissage, fondé sur la répétition. Par conséquent, la consommation récurrente de drogues, pourrait augmenter ou diminuer la transmission d’influx entre les neurones. Ainsi, la neuroplasticité va favoriser une consommation de drogue plus accrue, plus compulsive surtout en cas de vulnérabilité du sujet.
Ainsi, l’exposition répétée à des produits addictifs, crée l’acquisition d’une habitude puis d’une dépendance face à cette expérience, si bien que le sujet ne peut plus s’en passer. Il en devient l’esclave, ou le prisonnier. S’enchainent, des altériations cérébrales connexes, pouvant conduire à des consommations de drogues non maîtrisées, avec des usages non répétés mais aussi plus importants.
Une recherche rapportée par New England Journal of Medicine, a mis en évidence, les altérations cérébrales produites par la toxicomanie. Celles-ci sont dites normales, puisqu’elles correspondent aux modifications dues aux apprentissage, en dehors de toute considération pathologique.
Ce modèle d’apprentissage admet que la toxicomanie est certes problématique, mais il s’agit en même temps, d’une réponse naturelle et contextuelle face à des circonstances environnementales difficiles.
La dépendance est une pathologie en soi, car elle inhibe toute attitude visant à la dépasser ou à la neutraliser, d’où la nécessité d’une aide pour en sortir. Mais de surcroît, ainsi que le montrent des chercheurs du National Institute on Drug Abuse (NIDA), la dépendance est semblable à une maladie du cerveau, déclenchée par de nombreux facteurs génétiques, environnementaux et sociaux. Le NIDA utilise le terme « dépendance » pour décrire la forme la plus grave et la plus chronique de ce trouble lié à la consommation de substances, provoquant des modifications du système de récompense, mais également celui de la gestion émotionnelle.
La neuroplasticité ne fait pas de différence entre le normal et le pathologique, car sa fonction consiste en une adaptation quelle quelle soit, que ce soit pour acquérir une capacité à jongler par exemple, ou que ce soit pour faire un usage disproportionné de son écran.
Il est heureux que l’individu soit doté d’un mécanisme naturel, rendant possible un changement à ses attitudes par l’acquisition de nombreuses habiletés,non de façon performative (il ne suffit pas de le vouloir pour le pouvoir) comme certains seraient tentés de le croire et/ou de le promouvoir, mais à partir d’une mobilisation ferme engendrant toute une série d’efforts en tous genres. Certes, l’individu apprend toute sa vie durant. Certains, sont plus enclins à l’apprentissage que d’autres développant ainsi et plus intensément que d’autres, leur neuroplasticité .
Par conséquent, surmonter la dépendance requiert l’acquisition de cognitions. Les modèles d’apprentissage suggèrent de suivre des conseils ou une psychothérapie, y compris des approches telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), aidant possiblement une personne à modifier ses habitudes et opérant à un changement. Il arrive que certaines addictions nécessitent une prise pharmacologique.
Nombreux sont les patients qui combinent suivi psychothérapeutique à une prise de substances médicamenteuses.
Les TCC sont un exemple d’intervention thérapeutique fondées sur l’apprentissage ; ainsi, elle font appel à la neuroplasticité. Elles favorisent l’apprentissage de la gestion de situations notamment dans les pathologies liées à la dépendance mais pas seulement.L’idée étant basée soit sur le conditionnement, soit le renforcement de comportements positifs.
La neuroplasticité qui avec plus ou moins d’efforts et de patience, permet l’acquisition de nouvelles compétences et d’habiletés. C’est un véritable outil de recyclage, en faveur d’une reconstruction ou d’une déconstruction voire d’un effondrement.