Les recherches scientifiques ont montré que les enfants maltraités sont plus susceptibles que les autres, de souffrir de syndrome de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression, de consommation d’alcool ou de drogues et de comportements antisociaux.
Des études portant notamment sur le système neuroendocrinien ont mis en évidence que les expériences douloureuses de l’enfance peuvent altérer les fonctions de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et intensifier les vulnérabilité aux facteurs de stress, aux facteurs environnementaux tels que la pollution de l’air ou le manque de nourriture.(1)
D’autres travaux ont mis en évidence des différences dans la structure du cerveau lui-même associées à la maltraitance infantile.
Au regard des développements du Dr Jack Shonko(2) sur la résilience, trois types de réponse au stress : positive, tolérable ou toxique. Il s’agit d’effets de la réponse au stress sur le corps.
Une réponse positive au stress, est synonyme d’une capacité biopsychosociale naturelle permettant au sujet d’affronter les facteurs de stress quotidiens. Une réponse positive au stress s’apparente aux répercussions d’un bon stress sur l’organisme notamment : une accélération temporaire du rythme cardiaque et une légère augmentation de la sécrétion et de la libération de certaines hormones.
Une réponse tolérable au stress se scénarise biologiquement parlant, par l’activation d’un système d’alarme interne dû à un élément de peur ou de danger, la disparition d’un proche, une séparation ou un divorce. Face à un stress extrême, le cerveau peut compenser les effets en sauvegardant l’intégralité des organes et en repérant des zones de repli pour sa sécurisation. Le facteur de résilience, suppose une condition laquelle est une capacité de récupération constante et suffisante pour prendre un nouveau départ. En revanche, si la capacité de récupération est inconsistante, la reconstruction ou la résilience, s’effectuera plus durement.
Un stress toxique sous-entend qu’un enfant ou un adulte, courbe l’échine face à des conditions périlleuses telles que : une précarité économique, une carence en soins, un abus physique et psychologique, des violences conjugué à une absence de soutient. L’exposition prolongée à cette catégorie de stress peut non seulement entraver le développement et le fonctionnement d’un certain nombre d’organes chez l’enfant et perdurer tout au long de l’existence, l’amputant à vie d’une capacité à réguler son stress. Ce qui implique une fragilisation pérenne du corps.
Les conséquences négatives sur la santé physique et mentale peuvent être plurielles et s’étendre dans la durée, lorsqu’une exposition à un stress intense est prolongée ou encore due à une multitude de facteurs.
Plus un enfant est exposé à des expériences douloureuses, plus il accroît le risque d’un retard comportemental tant à l’adolescence qu’à l’âge adulte. Il s’ensuit également une santé qui se fragilise augurant d’une probabilité de développer : des maladies cardiovasculaires, diabète, addictions et dépression. Le stress oxydatif, favorise les troubles anxieux, les comportements agressifs, le manque de flexibilité cognitive et un QI en régression. D’autres études ont découvert qu’une exposition au stress sur le long terme engendrait une réduction volumétrique de l’hippocampe, avec pour conséquences une plus grande vulnérabilité de cette structure face à l’anxiété.
L’hippocampe est une structure cérébrale impliquée dans le traitement et le stockage des souvenirs. Sa réduction volumétrique, naturelle par la sénescence, serait davantage impactée par des surexpositions au stress, c’est ce qui susciterait les démences, dont la patholgie d’Alzeimer appartient.
Tout ceci implique, qu’il faille transmettre à l’enfant des stratégies de coping pour pouvoir affronter une épreuve. Ainsi, il a été montré au cours d’une expérience avec les rats, s’ils sont exposés à un certain nombre de situations stressantes et qu’il leur est octroyé la possibilité d’éviter, de fuir ou de contrôler un facteur de stress, c’est-à-dire d’y appliquer une stratégie de coping active, non seulement les rats ne développeront aucun symptôme de stress post traumatique ou autre trouble, mais ils sauront faire preuve d’une résilience supérieure à la normale lorsqu’ils y seront de nouveau exposés. Ceci vaut également pour l’être humain.
(1) Eamon McCrory, Stephane A. De Brito and Essi Viding, “Research Review: The Neurobiology
and Genetics of Maltreatment and Adversity”, The Journal of Child Psychology and Psychiatry 51
(10), 2010: 1079–95, doi: 10.1111/j.1469-7610.2010.02271.x.
(2) Center for Child Development de la Chan School of Public Health de l’Université de Harvard