Une anxiété juvénile de plus en plus répandue : les causes ?

Les problèmes de santé mentale chez les enfants jeunes et moins jeunes, peuvent avoir d’importantes répercussions sur leur développement. Il est important d’en identifier les causes, les symptômes et leurs effets afin de prévenir notamment à l’anxiété et la dépression..

Les troubles anxieux méritent une attention particulière. Ils sont à l’origine de nombreuses détresses pouvant altérer le fonctionnement cérébral et psychologique. Lorsque celles-ci deviennent de plus en plus disproportionnées et ce, de façon régulière durant un minimum de  quinze jours, le trouble anxieux devient avéré. On y observe un certains nombre de signes chez l’enfant, notamment : tempêter et pleurer sans s’apaiser, suffoquer, au moment de la séparation avec leurs parents pour pénétrer dans l’enceinte de l’école, ou encore avoir des maux de ventre ou de tête. Cela se produit généralement en fin de week-end, ou à la fin des vacances. En persistant dans le temps, l’anxiété finit par générer des effets indésirables comme une morosité, une humeur irascible et une perte d’entrain, cela devient alors les prodromes d’une dépression.

L’anxiété est un état émotionnel temporaire ayant des répercussions physiques et psychologiques. Certains enfants éprouvent des symptômes débilitants d’anxiété.  Il leur est recommandé de suivre une psychothérapie, accompagnés parfois de leurs parents. Vers l’âge de dix ans, alors que celle-ci constitue une entrave à certaines activités ou à certaines relations, la prise d’antidépresseurs nouvelle génération, ainsi qu’une révision de l’alimentation peuvent s’avérer utiles et complémentaires à une psychothérapie.  

 L’anxiété est-elle répandue chez les enfants ?

Selon l’OMS (l’organisation mondiale de la santé, les cas d’anxiété et de dépression se sont accrus de 25% depuis le Covid :(1)

  • L’âge médian d’apparition de l’anxiété est de 11 ans
  • 1 enfant sur 20 souffre d’anxiété soit 5%
  • L’anxiété de séparation touche 4% des enfants
  • Près de 20% des adolescents dans le monde souffrent de troubles mentaux. (5)
  • Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-19 ans dans le monde.
  • Environ 15% des adolescents des pays à revenu faible ou intermédiaire ont envisagé de se suicider.

Des symptômes physiques accompagnent l’anxiété chez les enfants. Les manifestations courantes comprennent des étourdissements, des nausées et des brûlures d’estomac. Les enfants atteints de phobie sociale peuvent également éprouver des difficultés à sortir, à manger, à dormir et à se concentrer. L’hypertension artérielle, l’obésité et le diabète peuvent également résulter de mauvaises habitudes alimentaires induites par le stress.

Certaines manifestations de l’anxiété apparaissent de façon insidieuse. Les tourments mentaux, tels que la perte de confiance en soi, le stress de performance peuvent occasionner des troubles du sommeil et de la digestion et aller au contact des autres.  

Des facteurs environnementaux contribuent au développement de cette anxiété, notamment : un divorce parental, un décès de proche, un stress familial excessif, une intimidation, un harcèlement, de la négligence parentale, des violences familiales, une situation socio-économique familiale compromise.(2)

La raison sociétale compte parmi ses facteurs confluents vers l’anxiété. Il s’avère que la mal-alimentation et la carence en soins, l’isolement social, profus dans des environnements sociaux-économiques défavorisés,  en sont pourvoyeuses. (3) L’OMS déclare : « les conséquences économiques, sociales, médicales et sur le développement de la charge mondiale de la malnutrition sont graves et persistantes aussi bien pour les individus et leurs familles que pour les communautés et pour les pays ».

L’anxiété peut-elle se transmettre de parents à enfants ?

C’est la préoccupation qui hante de nombreux parents malades d’anxiété dont ils redoublent à l’idée que leurs progénitures ne se modélisent sur leur souffrance.

Rappelons que la transmission génétique se nombre dans 30 à 40% des cas, ce qui revient à dire que le champ environnemental territorialise une portion supérieure, située entre 60 à 70%.

L’anxiété ne compte pas parmi les pathologies mentales, pas plus qu’elle ne rende fou. Elle occasionne en retour, une souffrance pouvant invalider le quotidien de l’individu. Renvoyant à l’étymologie latine d’anxietas, elle connote l’idée d’une oppression, en tant qu’elle renferme des signes physiques, se faisant l’écho d’une inquiétude. Le concept d’anticipation qu’elle concentre, face à une menace réelle ou imaginaire, implique la confusion de deux temporalités: futur et présent.

L’anxieux convoque le déroulement d’un futur probable ou non  dans le présent en une seule et même représentation qu’il enrichit d’éventualités multiples et menaçantes et dont une modification de son état en découle. Par conséquent, il transite d’une forme de neutralité émotionnelle à une peur de l’advenir, assortie de symptômes physiques, pouvant le conduire à la panique : accroissement du rythme cardiaque, suffocations, tremblements, sudations, peur de mourir,  peur de devenir fou…

Au niveau comportemental, l’anxiété peut se transmettre par une attitude parentale, elle-même troublée. Le sentiment d’insécurisation du parent peut induire un inquiétude immodérée envers son enfant et hors de tout fondement rationnel.

Le parent franchissant la sphère de la surprotection, qui par nature flirte avec l’etouffement de l’enfant. Il réitérera les mises en garde pour que ce dernier diminue son temps en dehors de la maisonnée, pour ne pas qu’il attrape un microbe ou qu’il ne se fasse pas mal, ou encore ne fasse de mauvaises rencontres :’’attention de ne pas attraper froid.. ou encore attention de ne pas te faire mal…ne parle pas aux inconnus…’’

Tout le temps passé en dehors de la maison, l’enfant portera en lui la lourde charge de n’être décoiffé par le moindre souffle. Ainsi, il croira que le monde est si terrifiant, qu’il s’imaginera sentir passer l’ombre. L’enfant vulnérabilisé subit tous les courants. Il estime n’être pas né sous une bonne étoile, il est malheureux et ses parents qui par compassion mutilante, adjoigne du malheur au malheur.

L’envers de la surprotection est une insécurisation telle, que la vie demeure hostile à ses usagers. Un comportement qui se conforme à l’encontre du bénéfice recherché à priori par le parent.

Il n’est pas rare que, passer le cap de l’enfance, l’adolescent infantilisé et épouvanté se rebelle contre ses protecteurs. Il tente de se défaire des lianes qui l’enserrent au prix de nombreuses afflictions. Paradoxalement, il y reste aliéné par incapacité d’accroissement du son seuil de tolérance à la souffrance, aux frustrations multiples et au final à la peur de chuter.  

A défaut de prise en charge, il reproduira à son tour, à l’âge adulte, ces comportements de surprotection envers sa progéniture.

Ça n’est pas tant un manque de pouvoir qui empêche ces parents de déprogrammer cette surprotection et ils le savent, mais ne le veulent pas. Comme disait Jankelevitch, si pouvoir n’est pas toujours possible, pour vouloir, il suffit de le vouloir, or la peur entrave leurs capacités à se mesurer à la souffrance de l’incertitude. Comme ils refusent de se maîtriser pour aider l’enfant à dépasser ce vis à vis de quoi il s’incline,  l’insécurisent et l’empêchent par des mises en gardes récurrentes toujours plus apeurantes les unes que les autres.

Ces mêmes parents plaintifs par nature, se laissent parfois aller à partager leurs douleurs et leurs souffrances en tous genres. L’enfant dans ces cas précis, témoin malgré lui, d’attaques paniques qui l’impressionnent et l’inquiètent au point de penser que ses parents encourent prématurément le risque de succomber à une maladie. Les gémissements deviennent une culture familiale dont il est lourd de se déconditionner.

Pour prouver leur amour, certains parents exprimeront systématiquement leur marque d’inquiétude : «si maman ou papa s’inquiète autant pour toi, c’est parce qu’elle ou il t’aime» . Ici aimer signifie s’inquiéter et non pourvoir aux besoins de l’autre pour qu’il se sente heureux de vivre. L’enfant finit par comprendre qu’aimer, c’est avoir des crampes à l’estomac lorsque l’autre est absent du paysage. Comment l’enfant peut-il , dans une telle condition de dépendance entretenue, se sentir bien ?

L’anxiété passe par un modelage. Au même titre que les enfants apprennent par mimétisme, à danser, à dessiner,  à cuisiner, ou à chanter, en s’imprégnant d’une gestuelle parentale, ils adoptent également une vision d’un monde infréquentable qui féconde leur idéation et leur fait prendre des décisions nuisibles à leur existence.

Dès lors, à travers le langage mais aussi les commentaires négatifs ou les remarques mettant en avant des dangers, des menaces, l’anxiété devient une culture familiale.

L’enfant exposé à un adulte anxieux pourvoit sa connaissance du monde sur un mode anxieux. Il développe une personnalité stratifiée par des alertes en tous genres, qui dénote aussi d’une amygdale cérébrale (lobe temporal) dysfonctionnelle, c’est à dire d’un circuit de la peur en hyperactivité.

L’anxiété est un sentiment d’anticipation

Il existe des circuits engagés dans l’anticipation d’une menace temporellement incertaine. Anatomiquement, ceux-ci constituent une triangulaire entre les régions fronto-corticales, l’amygdale et le gris périaquéducal.(4)

Les conditions de la menace importent dans l’activation ou la stimlation de ces circuits. Notamment, les régions fronto-corticales seront davantage stimulées lors d’une menace intense, comparativement à l’amygdale qui entrera en activation pour une menace moindre.

Lors de l’anticipation de la menace, se sont les deux zones amygdaliennes qui montreront une activité élevée. Cela signifie que dans les faits, rien ne s’est encore produit que ces deux zones que sont :

– le noyau du lit de la strie terminale

– l’amygdale dorsale

Vont anticiper une réponse adaptative face à l’éventualité de l’aboutissement d’un fait et c’est pourquoi, elles se mettront au travail, juste à l’idée que le réel d’un  fait se produise.

Sur le registre comportemental, cela signifie qu’un individu en état d’anxiété,  va se projeter en se représentant les conditions d’une réalité probable ou imaginaire. Cela implique que l’incertitude, ou le probable donc le non abouti, devient une certitude, un fait :  «j’ai peur que cela ne se produise» est considéré dans un état d’anxiété comme :»c’est entrain de se produire». C’est à dire que l’anxieux se situe dans une confusion temporelle due probablement à l’activité de ses subdivisions amygdaliennes, favorisant une perception du futur dans le présent. L’anxieux anticipe en comme si le futur était déjà présent, et qu’il était entrain de le vivre.

(1) https://www.who.int/fr/news/item/02-03-2022-covid-19-pandemic-triggers-25-increase-in-prevalence-of-anxiety-and-depression-worldwide

(2) https://www.who.int/fr/news/item/17-06-2022-who-highlights-urgent-need-to-transform-mental-health-and-mental-health-care

(3) https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/malnutrition

(4) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8136040/

(5) https://news.un.org/fr/story/2019/11/1055441

Taggé , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .Mettre en favori le Permaliens.

Les commentaires sont fermés.