Vulnérabilité & Élasticité : deux versants de la conversion.

“Tous les hommes ne sont pas vulnérables de la même façon ; aussi faut-il connaître son point faible pour le protéger davantage.” Senèque

La vulnérabilité  est une caractéristique inhérente à la condition humaine. Les êtres sont exposés à de nombreux types de vulnérabilités, qu’il s’agisse de la vulnérabilité physique, émotionnelle, financière ou sociale, entre autres. Même les cellules du corps peuvent être vulnérables à certaines conditions ou maladies,mais le sont chacun à sa manière. Certaines  peuvent se montrer plus résistantes et certaines conditions peuvent affecter des cellules spécifiques plutôt que l’ensemble du corps.

La vulnérabilité constitue une exposition aux blessures.

L’exposition quant à elle, est cette manœuvre qui soumet un agent quel qu’il soit, à l’action d’un potentiel, qui va l’amender, lui ôter une part de lui-même, sur laquelle il n’aura que peu ou pas de prise. Cela revient à extraire une part d’un soi donnée, qui par translation deviendra  un soi autre. Un soi réformé par l’épreuve de la vulnérabilité.

La blessure c’est la partie ramollie, à la suite  d’une soumission à l’action d’un potentiel. Tant que cette partie blessée ne s’est pas affermie, ni régénérée,  l’aspect qu’elle comportait avant son exposition, si tant est qu’elle puisse un jour recouvrer sa figure originelle, demeure subordonnée à un agent susceptible de nouveau la transformer.

La vulnérabilité, est cet état qui rend le sujet potentiellement susceptible de subir l’indésirable, mais qui en même temps peut constituer un kairos (opportunité) pour se transformer, à l’image du métal qui par l’action thermique améliorera ses caractéristiques mécaniques telles que l’élasticité, la dureté et la ductilité.

La nature ne produit pas de vulnérabilité systémique, mais enfermerait les espèces dans un remodelage permanent jusqu’à leur disparition.

Ce remodelage n’est il pas l’envers de la  vulnérabilité, qui de fait obéit aux lois de la nécessité ?   La vulnérabilité ne deviendrait-elle pas synonyme d’élasticité sans laquelle aucun mouvement, ni serait envisageable et dont l’exposition à l’action d’une quelconque influence serait sans doute vaine.

La vulnérabilité soumise à l’exposition d’un agent, offre au grand jour son aspect malléable tel un gazania qui s’ouvre à la lueur  de l’astre rayonnant.

Le soi en appelle à elle pour devenir. La réforme de soi  qui par volontarisme conduit à l’exploration de terres neuves, jusque là inexplorée, à partir de laquelle des matériaux peuvent être extraits pour architecturer de nouvelles cathédrales rompant avec l’état d’avant la blessure.

Vulnérabilité et élasticité sont l’envers d’une conversion, d’une évolution, d’une transmutation.

L’individu par sa condition, est un coltineur de blessures à charges variables dont certaines plus pondéreuses que d’autres, plus contraignantes, plus invalidantes, mais également affranchissantes. Elles sont les stigmates de son histoire tout en l’orientant, comme le vent qui aiguille la trajectoire du navire. Le sujet ne connaît d’autres alternatives que de se modeler pour survivre, c’est-à-dire s’ajuster aux nécessité et aux lois du milieu. La nature est intransigeante, mais belle.

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