Histoire d’un trouble de la personnalité
Dans l’antre obscur de son être, Cassandre errait, l’âme en quête de stabilité dans un monde au mouvement irréfréné. Son regard, reflet d’un tumulte intérieur insondable, balayait l’horizon avec une intensité à demi féline, révélant une profondeur troublante, une dualité éclatante.
Cassandre était comme une rose épineuse, belle mais piquante, un paradoxe vivant. Son visage, façonné par les caprices de ses passions en ébullition, oscillait entre la douceur d’un sourire angélique et la froideur d’un regard distant, comme les marées changeantes d’une mer en colère.
Son esprit, théâtre des tourments, était un kaléidoscope d’identités en conflit, chaque facette étincelant à sa manière, mais jamais en harmonie. Un jour, elle pouvait être l’incarnation de la joie débordante, illuminant la pièce de rires enchanteurs. Le lendemain, elle se métamorphosait en une tempête furieuse, ses mots acérés comme des lames de rasoir, taillant dans les cœurs imprudents.
Dans ses moments de calme, Cassandre semblait flotter entre les ombres et les lumières, une énigme à déchiffrer, un tableau abstrait à interpréter. Elle était la toile sur laquelle s’entremêlaient les couleurs vives de l’espoir et les teintes sombres du désespoir, une œuvre d’art vivante dans un monde de nuances subtiles.
Pourtant, malgré les tempêtes qui faisaient rage en elle, une fragilité touchante s’affichée dans son regard, un appel silencieux à être compris, à être aimé qui guerroyait contre ses émotivités. Car derrière la persona de son trouble de la personnalité s’abritait une âme tourmentée, cherchant désespérément la paix dans un océan de chaos intérieur. Et dans cette quête éternelle, Cassandre poursuivait son odyssée telle une étoile solitaire éteinte, dans un univers assombri par absence de constellation.
Absorbée par ses déambulations mentales, elle imaginait comme au Moyen Age, un esprit maléfique ayant jeté son dévolu sur elle, qui, après avoir noué ses membres à des ficelles, tel un marionnettiste, la mettait en scène.
Lorsqu’elle avait la sensation de n’être plus elle-même, elle se mettait en quête de celui qui pourrait lui insuffler un demi souffle de vie, pour la faire renaitre. D’un gourou à l’autre, d’un prêtre à un rabbin, d’un imam à un moine tibétain, tels étaient ceux, qui chacun avec leurs mots, se hasardaient à dispenser, un oui à la vie, à cette mendiante d’une paix intime. Lorsqu’elle tournait les talons aux esprits, elle songeait dans ses instants de foi, qu’elle subissait des châtiments divins. Ce fameux oui à la vie, s’évaporait tel un éther au contact de l’air.
Parfois, sous le charme de son être, qui ne durait que le temps d’une éclaircie dans un ciel orageux, elle prenait fait et cause pour sa personne, robustement convaincue à cet instant, qu’elle parviendrait à une renaissance, sans se figurer les accomplissements que cette noble aspiration, attendaient d’elle. Elle s’imaginait l’air majestueux, défilant sous le regard ébahi de ses semblables, prêts à succomber à son charme qui se répandait comme un arôme galvanisant.
Cassandre, formulait dans sa prière le vœu de humer un parfum nommé résilience. Naitra t- elle, un jour cette instance supérieure capable enfin de l’exhausser, après qu’elle eut effectuée une ronde auprès de ceux qui eux-mêmes s’étaient vus refuser l’acquiescement à toutes leurs implorations.
Que lui restait-il ? Ces docteurs que la science enferme dans une empathie glaciale et qui lorsqu’ils s’adressaient à elle, comptaient leurs mots qui intensifiaient ses maux. La voute céleste lui semblait encore et encore, sombrer dans une noirceur opaque, qui masquerait l’azur pour des temps encore infinis.