L’ennui : c’est cette lassitude d’esprit, un manque de goût, de plaisir de la vie, relevant d’une certaine tristesse, d’un manque de joie de vivre. C’est aussi ce sentiment de lassitude qui relève d’une impression plus ou moins profonde de vide et d’inutilité. Certes ! Cette approche de l’ennui que nous connaissons tous, semblent nous faire conclure que l’ennui vient un peu au grès du vent, des dieux, sans cause qui le détermine, comme s’il naissait de rien, comme un sentiment apparu soudainement n’ayant aucune relation avec les éléments de notre vie. Et pourtant n’est-ce pas une représentation de la réalité qui est la nôtre, faisant naitre en nous le sentiment que les choses sont vides, insipides, inhabitées par ce qui pourrait nous attirer. Comme si pour ne pas s’ennuyer, les choses avaient fait leur travail de nous conduire à elles, nous procurant ainsi l’occasion d’y consacrer notre attention et y passer notre temps.
N’est-ce pas au travers cette attitude, une façon naïve de croire que les choses soient dotées d’un pouvoir d’attraction envers notre personne ? Dans ce cas, l’existence relèverait de la magie, de pouvoirs surnaturels face auxquels nous serions les gentils petits robots programmés pour obéir à l’influence des choses. L’intelligence, la volonté, l’esprit critique…ne seraient qu’une fatale illusion par lesquels l’être humain s’invente des représentations en guise de consolation lui faisant croire qu’il peut tout, qu’il incarne une puissance.
Rappelons-nous étant enfant, nos éducateurs, nos parents, nos baby-sitters, ne nous ont-ils pas maintes et maintes fois répété qu’il fallait s’occuper, plutôt que de contempler les mouches qui volent ? En effet, l’ennui n’est qu’un état développé à partir de notre imaginaire qui a décidé de faire une pause vis-à -vis de l’intérêt qu’il pourrait porter aux choses, pour des raisons qui relèvent soit, parfois de la fatigue physique, soient de préoccupations conscientes ou inconscientes ou encore d’angoisses ou de peurs vis-à -vis desquelles l’esprit se fige, sans nécessairement en être pleinement conscient. Mais ce peut être également et en même temps une tristesse qui sous-tend cet état. Ou simplement, tout cela en même temps.
Lutter contre l’ennui transite par une dynamique, une volonté de s’intéresser à différents domaines, et en choisir quelques-uns pour en établir un centre d’intérêts. Le gout des choses ne revient pas à partir d’un coup de baguette magique, mais nécessite parfois de se faire violence pour le stimuler. Il ne parvient à se reconstituer qu’à partir d’innombrables tentatives s’étendant sur un temps qui peut semblait long, mais nécessaire. Cela suppose également de varier les plaisirs, autrement dit, d’interrompre ses réflexions, ses ruminations mentales pour se plonger au cÅ“ur l’action. C’est une des façons qui nous a été donnée pour changer nos modes de représentations, ainsi de percevoir davantage notre univers empli d’éléments porteurs de sens. N’est ce pas une façon de rendre notre imaginaire plus fécond repoussant l’ennui dans ses retranchements les plus profonds.
L’ennui, une fenêtre sur la mort.
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