Promets moi que tu ne m’abandonneras jamais. Lorsque l’abandon retentit comme une menace.
La peur de l’abandon nourrie par un sentiment d’insécurité est précocement logée dans le mémoire de l’enfant. Celui-ci menacé par un parent :’’ si tu n’arrêtes pas de crier, je vais partir de la maison’’. Ou encore le parent incestueux dira «si tu racontes notre secret, je te laisserai tombé, tu ne seras plus ma fille €¦ « autre exemple :’’ papa je le vois peu, il ne m’aime sans doute pas. Maman s’est absentée, va-t-elle revenir ?
Ces quelques situations reflètent des blessures profondes, témoignant d’un état insécure de l’enfant et qui à la moindre absence du parent, la moindre menace, qu’il a l’habitude de scanner avec brio, et perçoit l’abandon comme une sentence exécutoire. Il devient le prévenu en même temps victime d’une injustice de l’existence qu’il subit contre son grès. Cette insécurité s’amplifiera si rien n’est fait pour qu’elle soit réparée, compromettra ses défense et affaiblira son moi. Il trainera de nombreuses années durant, même rendu adulte cette peur d’être abandonné qui, à l’allure d’un fantasme le pourchassera. La soumission qu’il consent vis à vis de son bourreau lui aura octroyé le sentiment d’être sauvé de l’abandon pendant un temps, le temps qu’il demeurera à ses côtés, paradoxalement !
Nous observons que, même lorsque le bourreau interrompe ses sévices, l’abandon reste greffé dans la mémoire et l’adulte qu’il sera devenu, cherchera en permanence à être rassuré par son conjoint ou son entourage, par des messages d’affection, d’attention ou encore de promesses récurrentes de ne jamais être quitté :’’promets moi de ne jamais me quitter’’.
La mà¨re qui n’aura pas pris au sérieux les inquiétudes de l’enfant percevant grandeur nature le risque d’être abandonnée par elle, en se moquant : «oh qu’est ce que tu es bête, qu’est ce que tu vas imaginer’’ ou encore en ne rassurant pas : «pourquoi, tu t’inquiètes, tu n’es plus un bébé ». .. Des propos qui à la longue, retentiront comme étant réducteurs, dépourvus d’empathie, indifférents, et façonneront l’adulte qui à son tour produira des relations amoureuses chaotiques dont la peur d’être abandonnée aura été soigneusement disposée durant toutes ces années en toile de fond. L’adulte anticipera des ruptures ou au contraire laissera se détériorer des relations jusqu’à ce qu’elles soient interrompues par le partenaire. Il pourrait également être tenté de se protéger de l’abandonnisme par une attitude d’évitement de la fréquentation des autres. A titre d’exemple :’’je redoute d’être abandonné, rejeté, je préfère rester seul chez moi €¦ le cannabis me fait oublier mon sentiment d’abandon et le rend plus supportable, du coup je ne ressens ni solitude ni abandon’’. Le renoncement à l’autre constitue une défense qui permet de se prémunir de l’abandon de soi par l’autre.
C’est pourquoi, lors d’une psychothérapie, le récit narratif grâce à la prise de conscience des éléments constitutifs de la peur de l’abandon et de la blessure produite, revêtent toute leur importance. Il favorise grandement la compréhension de ce qui a pu se produire, ainsi que le façonnage d’attitudes plus adaptées face aux risques de rupture que peuvent comporter les relations interpersonnelles. Le réel entrerait en collision avec l’idéal du moi, dialogue qui si, il est mené à bien, pourrait engendrer un questionnement constructif notamment :’’qu’est ce qui peut m’aider à cicatriser ma blessure. Ainsi, des stratégies de gestion des relations interpersonnelles, pourront être conçues et adaptées par le sujet lui-même.