A une époque où la vie professionnelle occupe une place non négligeable dans notre emploi du temps, à une époque ou la performance est dans toutes les bouches, à une époque ou l’épanouissement personnel se veut être une préoccupation, les mythes en tout genre fourmillent :
le travail comble tous nos rêves d’actualisation, la notoriété est signe de succès, le succès est proportionnel aux efforts fournis, le plaisir accompagne quotidiennement notre travail, …
En période de lassitude, ces croyances resurgissent en nous sous l’expression du harcèlement et de la hantise. Elles s’avèrent limitantes. Éprouver le besoin d’apporter un nouvel éclairage à notre vie tant privée que professionnelle, c’est déjà percevoir la montée de la morosité.
Plusieurs remparts s’avèrent efficaces pour prévenir à l’installation du sentiment d’impuissance, le pouvoir de la conscience et celui de la liberté doivent s’exercer pour améliorer sa destinée.
L’affirmation des valeurs, l’élaboration d’objectifs et la prise de décision donne accès aux ressources de la personne et par voie de conséquence à des actions porteuses de sens. En somme, l’être conditionné par sa réussite doit s’engager dans cette voie.
Ainsi l’engagement est la voie royale d’accès aux ressources intérieures et extérieures. Les événements marquants de notre vie, telles que les périodes de transition obscures, la conscience de l’irréversibilité du temps, de l’incertitude de l’existence nous incitent à une relecture de notre système de valeur et de notre mission.
L’engagement, la mise en action  prend d’abord la forme d’un engagement envers soi. Chacun sait que nous vivons en fonction de l’histoire que nous nous sommes construite, celle que nous avons désiré vivre.
Il est fréquent de constater que les premiers récits de notre vie que nous avons tirés ne conviennent plus. Avant de s’engager dans une nouvelle avenue faut-il encore se désengager des liens déjà tissés, devenus avec le temps, désuets et inefficaces.
Afin de réécrire de nouvelles réalités, il nous faut faire le point sur ce sur quoi nous avons besoin de nous désengager. Pour ce faire, il nous faut répondre aux interrogations suivantes d’ici et maintenant :
- Qu’est-ce qui, dans ma façon de faire est devenu énergivore?
- Qu’est-ce qui stimule mon intérêt professionnel ?
- Qu’est ce qui accroit mon énergie ?
- Qu’est ce que je recherche dans la vie?
- Quelles sont en ce moment, mes valeurs prioritaires?
S’engager envers soi-même, c’est s’engager dans un processus de réflexion qui permet de s’extirper du cycle, parfois infernal, métro-boulot-dodo. C’est faire place à un espace de relâchement et de quiétude bienveillante qui permet un retour éclairé sur ses valeurs et convictions profondes.
La prise de contact avec nos convictions profondes, c’est-à -dire celles qui pour nous sont porteuses de sens, véhicule officiel de notre mode de conduite, est incontournable. L’engagement envers soi-même requiert de revisiter la hiérarchie des valeurs fondamentales qui sont les nôtres, en accord avec les expériences de vie actuelles, afin de dessiner celles en devenir. Ainsi, si à certaines étapes de notre vie, nous éprouvons le besoin de s’approprier notre pouvoir personnel et souhaitons avoir un impact sur notre environnement, à d’autres moments nous pouvons nous consacrer à la construction d’un monde meilleur…
À d’autres chapitres de notre vie, se prouver par ses accomplissements, partager, s’exprimer par la créativité et le jeu, chercher la sagesse, peuvent devenir des motivations profondes et orientent notre engagement professionnel. Nos valeurs sont appelées à être combinées et sont également susceptibles de changer au cours des ans.
En période de lassitude, il convient de re-déterminer ces valeurs, car elles sont, à la base, le moteur de nos comportements. Cela dit, il serait une erreur de faire tabula rasa des expériences qui ont jusqu’à maintenant dessiné notre plan de vie.
Les expériences du passé méritent elles aussi d’être exploitées. Elles nous renseignent sur les instants de vie, ou notre action a été porteuse de sens dans la mesure, elle obéissait à la logique de plan de vie.
Le simple constat, que la flamme a déjà brillé dans sa vie nourrit l’espoir et nous témoigne que nous avons été capables, il peut dés lors faire l’objet d’un modèle.
Pourquoi ne pas la recycler et s’en inspirer ? De plus, n’oublions pas que derrière l’engagement réside aussi l’intention. L’intention donne un sens à l’action. Le vocable intention implique que le moi  est responsable, qu’il fait un choix libre, a l’intention d’agir, d’être… En l’absence, d’intention l’action est isolée. Exemple : ‘’je fais une promenade au bord de mer, dans l’intention, d’admirer la beauté de l’eau qui caresse le sable, celle des couleurs bleues du ciel et de la mer qui contrastent de façon linéaire..’’ Avec l’intention, l’action se double d’une quête et d’un accès au sens.
Faut-il avoir clairement répondu aux questions sur le sens de notre existence et faut-il avoir défini notre nouvelle mission avant de passer à l’action ? Faut-il que tout soit planifié, organisé avant d’opérer ? Une telle attitude risque d’être sclérosante. «Réfléchir dans l’action et agir en réfléchissant» disait Bergson.
La réflexion et l’action s’interpénètrent si bien que l’action peut précéder la réflexion ou encore même l’accompagner. Période de consolidation, où les questionnements sont moins nombreux, l’action dicte souplesse et persévérance. La continuité de l’engagement dans le mouvement élimine la diversion, et consolide dans une certaine mesure le projet.
L’action s’avère un allié inconditionnel pour raviver l’étincelle de vie. Dans des situations nouvelles où notre réservoir habituel de réponses est à sec, elle affûte nos instincts et nous dévoile la route de solutions nouvelles et créatrices. En somme notre génie créateur, peut au moyen de l’action, trouver l’instant opportun pour s’exprimer. Une fois engagé dans l’action, une certaine assurance s’installe et stimule pour tenter des comportements qui jusqu’ici ne faisaient pas partie de notre base de données mentale.  L’action suscite de nouvelles occasions favorables qui n’existeraient en l’absence d’initiatives d’une démarche.
Parler à haute voix de nos projets, s’exprimer par la transparence, présenter nos rêves et les traduire en mots, c’est se compromettre et déjà s’engager. Les mots sont porteurs de sens et en disent long sur l’attitude sous-jacente de nos comportements. Eviter l’emploi du conditionnel présent. « J’ai 56 ans et je voudrais créer un business» sous-entend que l’âge est un obstacle à mes intentions. « Si j’avais de l’argent, je m’achèterais un petit restaurant » « Si j’avais été plus jeune,  j’aurai repris mes études » Le conditionnel tue l’espoir, et met un terme à la vie. Il en va de même de l’expression : « Je vais essayer, ou encore je verrai… » La possibilité d’entraves insurmontables, d’échecs éventuels pointent à l’horizon. À quoi bon essayer ?
Pour encourager l’engagement, utilisons le présent de l’indicatif et oublions la phase d’essai.
« J’ai 56 ans et je veux bâtir une entreprise» « j’e n’ai pas d’argent et je rêve d’un petit restaurant. »
De la même façon, certains mots sont obstruant. Il faut user d’un vocabulaire transformationnel en remplaçant les mots freins par des mots propulseurs qui catapultent vers l’action. À titre d’exemple, commençons par changer les « si » par des « quand » et les « mais » par des « et ». « Quand je terminerai mon stage de droit, je travaillerai sur des problématiques touchant les femmes. » « Ce contrat m’intéresse et il s’étend sur six mois. » À travers le langage, de nouvelles réalités se construisent, car les perspectives s’élargissent. Elles insufflent de nouvelles croyances positives et suggèrent de nouveaux comportements. Choisir les bons mots, guide vers la voie de l’engagement et assurément du changement. Comme disait Marshall Rosenberg : ‘‘Les mots sont des fenêtres’’. Le talmud, parle du mot crée qui un monde.