La pandémie du Covid-19 nous impose une réclusion dont on ignore pour l’heure l’échéance. 1.8 milliards de personnes vivent à ce jour confinées chez elles. Si la mesure jugée utile, vise à nous protéger, la socialisation biologique permettant de tisser notre immunité à long terme l’est tout autant.
Toutefois, le confinement crée un isolement social, qui, en se prolongeant menace notre santé mentale. Et pour cause, il constitue déjà un enjeu de santé publique, supérieur à celui de l’obésité, qui continuera de croitre au cours des années avenirs. Des travaux récents dirigés par Julianne Holt-Lunstad, élaborés à partir de deux méta-analyses. L’une de 148 recherches, regroupant plus de 300 000 participants, met en exergue la corrélation entre mortalité précoce et isolement. L’autre, s’étendant sur 70 recherches s’étendant sur près de 3,4 millions d’individus essentiellement d’Amérique du Nord mais également d’Europe, d’Asie et d’Australie, ont révélé la conséquence directe de l’isolement sur les décès prématurés. L’isolement prend l’allure d’une pandémie silencieuse, dont aucun pouvoir politique ne se préoccupe.
Bien que ce confinement soit l’une des préconisations thérapeutiques nécessaires au regard d’une gestion défaillante de la crise, ses effets indésirables portent sur la santé mentale. Notre équilibre psychique repose également sur le socle d’une socialisation. Si nous devions graver dans le marbre ce à quoi s’associe cette pandémie, ce serait notre vulnérabilité, longtemps abritée par la démesure, la toute-puissance, brandies par l’étendard de notre système économique et dont l’idée repose sur la résolution des problèmes de notre société par l’unique voie des marchés financiers. Or cette crise, défie le capital en son cœur. Que peuvent les marchés face à un virus qui s’en prend à notre corporéité mortelle ? Nous humains, sommes mis à nus de par notre vulnérabilité consécutive à notre impuissance. Vulnérable renvoie au latin vulnus, signifiant blessure. L’être est prompte à être blessé, donc à subir une altération du corps par une exposition à ce qui lui incompatible.
Ceci nous rappelle un élément fondamentale de notre nature qui est la matérialité de notre existence soumise aux déterminismes biologiques, sociaux et environnementaux. Les accepter, c’est garantir notre sauvegarde dont notre liberté dépend. Nous étions confinés dans un déni, ce confinement s’inscrit à présent dans le réel comme un rappel à l’ordre de notre nature propre.
A quelles conséquences mentales devra-t-on s’attendre en cas de prolongement du confinement ?
La peur accouche de comportements irrationnels et conduit à la panique ou au repli comme on le voit déjà. Elle peut aussi conduire à l’indignation, à la colère à la défiance de l’autorité comme c’est le cas d’une partie de la population, souvent jeune. A des états mélancoliques, à des troubles anxieux, des troubles psychosomatiques voire à des suicides. L’urgence de la sortie de ce confinement prime autant que l’éradication de la propagation de cette épidémie.
User de ce confinement, comme l’instant d’une quête de sens. Ce retrait social imposé, fait souffrir inévitablement mais en dépassant ce premier stade, nous repositionne vis-à-vis de l’autre et inversement. Il devient un marqueur puissant de ce que peut être le manque de l’autre et nous invite à préparer un meilleur lendemain social.