Le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), telle une ombre insaisissable, s’érige au palmarès des troubles mentaux les plus répandus parmi les jeunes, affectant à travers le globe, 3.1 % dont l’âge est compris entre 10 et 14 ans et 2,4 % de 15 à 19 ans (1). Cela signifie que nombreux sont ceux parmi eux qui verront cette affection se déclarer à l’orée de l’adolescence. Cette population enregistre une majorité de garçons. Le TDAH, avec ou sans hyperactivité se présente comme une perturbation du neurodéveloppement, engendrant tant chez l’enfant autant que chez l’adulte des niveaux élevés d’inattention, d’agitation et d’impulsivité, qui initieraient un handicap cognitif et social sévère et rémanent.
Bien que sa définition ne souffre désormais d’aucune ambiguïté, les croyances propagées sur le TDAH fustigent et satirisent non seulement les personnes affectées, mais entachent la crédibilité des professionnels en charge de l’accompagnement et du soin. Cela obstrue et ralentit le traitement. Ainsi, est-il recommandé d’exhiber des faits rigoureusement scientifiques pour lutter contre ce qui pourrait conduire à des fakes.
Le diagnostic du TDAH s’établit à partir d’une persistance des symptômes sur une durée d’environ six mois. Ils se manifestent dans des environnements sociaux hétéroclites, tels que l’école, le domicile, la salle de sport… Une fois le diagnostic posé, des évaluations psychométriques sont réalisées pour déterminer les tâches et les contraintes sociales s’avérant les plus laborieuses pour la personne, ainsi que la présence de troubles associés tels que la dyslexie et la coordination motrice.
Il apparaît désormais à la lumière de la recherche scientifique, que ce trouble soit assorti de difficultés à se maîtriser, entravant le processus de régulation émotionnel. Ainsi, 2,1 % des enfants affecté par le TDAH se trouvent également pris au piège des affres d’un trouble de l’humeur et de la dépression, tandis que 27,4 % sont en proie à un trouble anxieux. Nombreux sont également ceux qui développent des comportements explosifs assortis d’agressions verbales et/ou physiques.
Dans une étude récente élaborée par l’Université Fudan (Chine), parue dans la revue Nature Medicine, (2) il a été fait état d’un un substrat cérébral, soit un facteur neuropsychopathologique, à l’origine des symptômes sous-jacents à divers troubles de la santé mentale, de la dépression au TDAH.
En combinant des données de neuroimagerie, cognitives et génétiques, il a été découvert que de nombreux problèmes de santé mentale pourraient être liés à un au déterminisme génétique d’« élagage synaptique ».
L’élagage synaptique, est un processus crucial dans le développement du système nerveux. Il revêt une double vocation, la première étant l’élimination sélective des connexions synaptiques notamment les superflues ou encore une réduction de leur activité, la seconde étant un renforcement d’autres connexions. Ce phénomène qui se déroule toute la vie durant, est singulièrement soutenu durant l’enfance et l’adolescence, puis demeure ralenti.
L’élagage synaptique est impliqué dans de nombreux processus tels que l’apprentissage, la mémoire, la plasticité synaptique et la formation de circuits neuronaux spécialisés.
Or, des altérations dans ce processus peuvent contribuer à des troubles neurologiques et psychiatriques tels que l’autisme, la schizophrénie et le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). En effet, cela pourrait expliquer les raisons qui fonderaient que le TDAH chez l’enfant se doublerait d’autres problèmes de santé mentale.
On observerait alors, un développement ralenti du cortex préfrontal, responsable du «contrôle cognitif» sur les émotions et le comportement. Cela signifie que les personnes atteintes de TDAH peuvent être en proie à une lutte émotionnelle acharnée.
Par conséquent, l’étude révèle que le facteur neuropsychopathologique constitue un développement génétiquement ralenti du cortex préfrontal, entraînant un dysfonctionnement des fonctions exécutives. Rappelons que les fonctions exécutives font référence à un ensemble de compétences cognitives et comportementales indispensables à la planification, l’organisation, la résolution de problèmes, la prise de décisions, le contrôle et l’adaptation. L’apprentissage et les actions et la vie quotidienne en sont des usagers extrêmement fréquents.
Une étude récente et à grande échelle (3) élaborée par l’Université de Cambridge, portant sur 11 876 enfants âgés de 9 à 12 ans a permis de relever des déficits cognitifs chez les enfants présentant davantage de symptômes de TDAH et qui étaient essentiellement liés à des carences attentionnelles plutôt qu’à des difficultés de régulation émotionnelles.
Les enfants présentant des symptômes d’anxiété et de dépression ne présentaient ces déficits que s’ils avaient également des problèmes d’attention.
Il semble donc qu’une voie semble s’esquisser pour venir en aide aux enfants atteints de TDAH en mettant l’accent sur le développement cognitif consiste qui engage à une focalisation plus importante de l’attention. L’exercice répété permet d’accroitre la performance attentionnelle.
- (1) Institute of health Metrics and Evaluation. Global Health Data Exchange
- (2) A shared neural basis underlying psychiatric comorbidity
- (3) Impact and centrality of attention dysregulation on cognition, anxiety, and low mood in adolescents