Une rentrée scolaire au parfum d’anxiété. Comment y pallier ?

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Israël a été plongé dans un conflit multipolaire, jouant les prolongations, sans qu’une perspective de cessez-le-feu, ne s’esquisse à l’horizon. La situation sécuritaire reste instable dans certaines zones du pays avec de nombreux réfugiés humanitaires. Une pression considérable sur une partie de la population civile.

Sur le plan économique, cette guerre retentit sur le budget de la nation, qui a subi des coupes affectant plusieurs secteurs au bénéfice du secteur de la défense. Le coût de la vie en Israël étant devenu tel, qu’une pression financière croissante s’exerce sur les ménages.

Les infrastructures de santé ne sont pas en reste. Les hôpitaux dans le sud d’Israël, ont dû traiter un afflux massif de blessés en raison des attaques multiples, des combats et des évacuations. Les services médicaux d’urgence sont fortement mobilisés, non seulement pour soigner les blessés, mais aussi pour gérer les impacts psychologiques et le stress post-traumatique (SSPT) qui affectent une large part de la population?

De plus, les tensions sécuritaires s’étant étendues dans d’autres régions, comme le nord et la Cisjordanie, intensifient la pression aux les établissements de santé.

Le conflit a aussi exacerbé la crise de la santé mentale dans le pays. Les taux de troubles comme l’anxiété, la dépression et les SSPT (syndrome des stress post traumatiques) ont connu une recrudescence sans précèdent. A la suite des événements d’octobre 2023, près de 29 % de la population israélienne souffrait de SSPT et entre 42 % à 44 % faisaient face à des niveaux élevés d’anxiété?. Se pourrait-il d’ailleurs, que ces chiffres soient en augmentation depuis !

Bien que le système de santé mentale en Israël ait été renforcé dans certains secteurs, il demeure débordé par ce brusque alourdissement des besoins. L’accès aux soins dans les services appropriés se fait péniblement long pour les citoyens et nombre d’entre eux se tournent vers le privé lorsque leurs moyens financiers le leur permettent.

Impact de l’ajournement de la rentrée sur les enfants.

Nul n’aurait pu s’imaginait qu’un an plus tard, en dépit de l’annonce du premier ministre prévenant d’une guerre longue, que le pays y serait encore plongé.

Pourtant cette guerre a interrompu le cours normal du quotidien de nombreux citoyens dont les enfants en âge scolaire (6 à 18 ans), qui souvent attendent la rentrée avec impatience, après une longue période de vacances.

Son ajournement, commence à entraîner une grande frustration, par absence d’emprise sur la situation. Cette impuissance, ce désir contrarié se manifestent par de l’irritabilité et/ou des comportements impulsifs. L’incertitude quant à la reprise des cours, peut également susciter de l’anxiété chez certains enfants,, spécifiquement ceux qui se montrent plus sensibles aux changements ou qui en affichent une prédisposition. Manquer de visibilité, avancer dans l’inconnu, quant à la reprise d’une routine et non des moindres, puisqu’il s’agit de l’école, déclenche chez les plus vulnérables des réactions de stress.

La rentrée scolaire en tant qu’elle est une transition, nécessite souvent une préparation émotionnelle et mentale. Or, lorsque cette même transition est elle-même, soumise à une variation inattendue, bien que la raison soit comprise, le cours régulier, ou la normalité des choses en sont perturbés. Cela engendre pour nombre d’individus, dont les enfants un facteur de perturbation émotionnelle, dont le développement d’une anxiété.

Les enfants, en particulier les plus jeunes, ont besoin de routines structurées pour percevoir un apaisement. Ces routines structurées sont synonymes d’environnement stable. Il en est de même pour l’école qui est perçue comme un point d’ancrage dans le quotidien des enfants. L’ajournement sine die de la rentrée, dans un contexte de grève et de guerre, délite cette stabilité et installe une confusion et une insécurité chez certains d’entre eux. Ces sentiments peuvent être exacerbés par le contexte familial, notamment lorsque les parents sont eux-mêmes en état de stress.

Les recherches montrent que la stabilité et la cohérence sont essentiels pour le développement émotionnel des enfants. Leur privation aussi temporaire soit-elle, peut accentuer le risque de comportements régressifs (troubles du sommeil, irritabilité, tristesse, colère..), particulièrement chez les enfants en bas âge.

L’école incarne non seulement le lieu d’apprentissage académique par excellent, mais demeure également un espace non des moindres, pour l’élaboration du lien social. Les enfants y tissent des relations avec leurs pairs, apprennent à mieux gérer les conflits, et développent des habiletés interpersonnelles indispensables. Une rentrée différée raisonne chez certains enfants, comme une suspension du lien social entrainant parfois une forme d’isolement et amplifiant le sentiment de solitude, notamment chez ceux dont le réseau social extra-scolaire est appauvri, voire inexistant.

Par ailleurs, le report de la rentrée occasionne des tensions chez certaines familles, en l’occurrence les parents doivent cumuler leurs obligations professionnelles avec le fait que les adolescents soient occupés. Or, dans bien des cas ces enfants demeurent à l’état d’oisiveté : ils dorment jusqu’à la fin de matinée pour les lève-tôt, puis s’emparent de leur téléphone pour jouer ou chater de longues heures durant (6 à heures 7 par jour). Nombre de parents croupissent dans l’impuissance et ça n’est pas faute d’avoir tenter de stimuler leur progéniture. Cela occasionne des états de stress et des conflits éclatent, cela peut se répercuter sur le bien-être émotionnel. Les enfants peuvent à leur tour développer de la culpabilité et/ou de l’inquiétude face aux difficultés que la situation impose. Dans certains cas, les enfants peuvent développer des comportements de désobéissance ou des attitudes défensives, en raison de leur frustration de ne pouvoir accéder aux routines habituelles.

Les familles aux ressources financières compromises, de surcroit face à ces aléas, demeurent pour certaines en état de stress, dont l’effet domino sur la santé mentale de tous les membres est pratiquement assuré.

Comment peut-on agir, en diminuant l’emprise de cette situation sur l’état émotionnel des enfants ?

Pour compenser ces aléas de la rentrée, il est important de maintenir une routine d’apprentissage à la maison. Notamment :

Instaurer un emploi du temps régulier qui alterne entre les matières académiques (lecture, maths, sciences) et les instants de détente.

Utiliser des ressources en ligne, comme des vidéos éducatives, des tutoriels ou des applications éducatives pour faire fonctionner le cerveau par d’autres médiums.

Lire régulièrement des histoires, car cela stimule l’imagination et développe les compétences linguistiques.

Elaborer des projets manuels (dessin, peinture, collage) ou des projets plus complexes comme la construction de maquettes.

Inventer et écrire des histoires, écrire des poèmes ou même tourner de petites vidéos constructive à la maison pour stimuler l’imagination.

Jouer à des jeux de société éducatifs comme le Scrabble pour améliorer leur vocabulaire ou le Monopoly pour les notions de gestion de l’argent.

Utiliser des puzzles complexes pour développer leurs capacités de réflexion critique et leur persévérance.

Planifier des activités sportives comme la course, le foot, le basket….

Maintenir une communication ouverte entre vous et vos enfants sur leurs émotions, leurs inquiétudes concernant l’école et la situation actuelle.

Entretenir des interactions sociales virtuelles avec les amis pour maintenir des liens sociaux (via Zoom ou d’autres plateformes), lorsque les rencontrer physiquement est plus compliqué

Donner des responsabilités aux enfants, comme aider à la cuisine, organiser leur chambre ou jardiner, peut les occuper tout en leur apprenant des compétences pratiques pour la vie quotidienne.

Pour pallier l’ajournement de la rentrée, il est essentiel de combiner des activités stimulantes sur le plan intellectuel, créatif, et physique, tout en assurant une structure et un soutien émotionnel. L’objectif est de transformer cette période incertaine en une opportunité d’apprentissage diversifié et d’enrichissement personnel pour les enfants.

Ces solutions bien que non exhaustives, permettent non seulement de combler le vide laissé par l’absence d’école, mais également d’instaurer et/ou d’entretenir  un environnement stimulant et positif pour les enfants.

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