Spinoza nous entretient sur le fait que l’ignorance de soi conduit à des délires et à de fécondes fictions ridicules. L’ignorance de soi, c’est l’absence de connaissances suffisantes de soi permettant de percevoir ses propres fonctionnements, ses propres attitudes et ses propres comportements. C’est ignorer la conséquence de ses conduites en faisant preuve de cécité.
S’ignorer soi-même c’est croire que nos réactions sont soumises à la volonté d’une instance supérieure et qui en même temps en prend bonne note pour les soumettre à l’aval d’un tribunal qui en déterminera l’appartenance au bien ou au mal, duquel un châtiment ou une récompense en résultera. S’ignorer soi-même, c’est méconnaitre son propre tribunal de la conscience, capable d’influer délicatement et secrètement donc inconsciemment sur nos propres actes eux-mêmes pouvant être dirigées contre soi, tels que les actes manqués, les mises en danger de sa personne.
S’ignorer soi-même, c’est lorsque que tout va bien et prétendre qu’une remise en cause est vaine. S’ignorer soi-même c’est penser qu’en agissant pour le bien, le sujet se prémunit contre une pseudo adversité. S’ignorer soi-même c’est borner sa conscience au champ d’une perception vaseuse du bien et du mal, alors que la conscience se configure et s’étend à partir de la connaissance de soi, et de son environnement naturel et social. La conscience s’étend à l’image de l’univers en constante expansion.
S’ignorer soi-même, c’est développer des craintes non fondées, et/ou encore des craintes assises sur des vérités chancelantes, des croyances vacillantes et qui fondent des espoirs à leur image. De là on en augure un avenir funeste ou propice à sa soi et tout phénomène extraordinaire se produisant suscite l’admiration des êtres faisant croire subitement au prodige émanant de l’intervention directe d’un être suprême. L’individu souhaiterait que la nature entière lui soit propice et que ne ferait-il pas pour qu’il en soit ainsi ? Mais en désirant ce qui en lui relève du registre de l’incertitude par ignorance de soi et de ce qui l’environne, il implore l’assistance d’un être supérieure pour qu’il agisse à son secours, ce, par des prières, des rituels, des talismans… C’est là l’origine de toute superstition. Ainsi que le mentionne spinoza dans le T.T.P*: « tel est l’excès de délire o๠la crainte jette les hommes. La véritable cause de la superstition, ce qui la conserve et l’entretient c’est donc la crainte ». En d’autres termes, cette crainte, ses propres incertitudes, cette ignorance de soi, produit les délires les plus féconds, engendrant des croyances de toutes sortes et fondent les superstitions.
- Traité théologico-politique
Merci pour ce feedback. Pouvez-vous préciser à quel niveau percevez-vous un amalgame entre superstition et examen de conscience ?
Bon article mais je noterai la présence d’un amalgame entre superstition et examen de conscience