Sortir de la dépendance affective, suppose d’apprendre à se défaire de l’esclavage en faveur de son ou sa courtisan(e) ou de quiconque et du lien entretenu, reposant sur la représentation d’une réalité fantasmée.
L’engouffrement dans la dépendance intervient lorsque le besoin de l’autre retentit de façon plus vive, plus pressante, vital, et toujours plus anxiogène.
Nous observons l’accroissement de ce sentiment atteignant des niveaux paroxystiques, comme l’engendrement de deux composantes : extérieur et intérieur. A la suite d’un conflit, d’une séparation, d’un licenciement, d’une frustration, d’un évènement parfois banal et dont la dont la personnalité friable du sujet s’est bâtie à partir d’un lien parental peu sécurisant voir insécurisant et/ou atrophiant.
Deux attitudes parentales suscitent l’apparition du trait de la personnalité dépendante :
- Le parent insécurisant ne rassurant pas suffisamment l’enfant sur l’amour et ou l’intérêt qu’il lui porte. L’enfant ne sera pas apaisé et redoublera d’efforts jusqu’à tomber parfois dans l’anxiété pour demeurer accroché à eux persuadé que sa survie dépend.
- Le parent surprotecteur qui voit en chaque initiative de l’enfant, un danger à éviter. Cette hyperprotection transforme le désir d’explorer le monde en phobie. L’enfant, ou l’adulte en devenir, développera une vulnérabilité à partir de laquelle, tout changement, toute nouveauté, toute différence, sera perçue par lui comme autant de menaces potentielles. Sa confiance en ses propres capacités s’écornera avec le temps et il se montrera incapable de se fier à lui en sa propre capacité de jugement. Il enquerra systématiquement l’avis d’autres, y compris pour les décisions les plus banales, car l’autre sait, lui, non !
La personnalité dépendante exprime des exigences importantes vis-à-vis de son entourage. Celles-ci sont quelque fois exprimées par de fortes pressions culpabilisantes à l’égard des autres : » tu ne peux pas m’abandonner sinon je serais mal et tu seras responsable si jamais il m’arrive quelque chose … je vais me suicider si tu me laisses tomber. »
Des études établies auprès de services psychiatriques indiquent que 20 à 50 % des cas traités, présentent des signes de personnalité dépendante dont une majorité de femme.
Cette dépendance est semblable à une hydre qui s’alimente d’autant que le sujet tente de s’y soustraire par l’évitement.
Le choix de partenaires est la plupart du temps conditionné par nos expériences affectives archaïques. Le tissage relationnel est fonction des modèles parentaux, à la base de l’étayage de nos croyances. Il est soit possible de les reproduire à l’identique, soit les idéaliser, ou encore à défaut de référents suffisamment satisfaisants, inventer une stratégie relationnelle à l’opposé des modèles hérités.
Si dans l’enfance, le sujet a manqué d’attention ou d’amour, il cherchera à combler ses carences, croyant à tort, que ce sera la panacée.
Face à l’intensité de ses propres besoins, la personnalité dépendante, nourrit la vie de l’autre, persuadée que l’amour donné ou la reconnaissance octroyée même non justifiée, apaisera ses manques. Elle ne conçoit d’ailleurs la relation qu’au stade de la fusion, l’autre identique à elle, se doit d’épouser ses pensées, ses désirs et demeurer une projection d’elle-même.
Si l’autre devient l’unique objet de sécurité auquel elle se raccrochera, la relation deviendra rapidement suffocante, voir aliénante. L’envahissement affectif trop prégnant surtout, si elle cherche à se fondre dans le désir de l’autre à épouser sa personnalité de peur d’être abandonnée.
Tout changement est vécu comme un épisode anxiogène assorti de troubles divers, le recours abusif à la nourriture, à l’alcool, au sexe… agira en substitut à ces manques.
La personnalité dépendante cumule des expériences relationnelles chaotiques la conduisant à des impasses comme si elle obéissait à la loi de la nécessité de répétition d’un processus.
La peur de l’échec est au cœur de la personnalité dépendante, agir devient synonyme d’une surexposition à ce risque, dont il convient d’en diminuer la probabilité. L’idée consiste à briser cette fatalité configurée depuis l’enfance, en multipliant les initiatives au détriment de leurs résultats.
La rencontre avec l’autre est synonyme d’expérience avec la différence. La personnalité dépendante, abhorre cela pour les inconnues qu’elle renferme. Or se mettre en exercice pour affronter cela constitue le Kairos pour se renforcer.
La personnalité doit se faire à l’idée que l’amitié ou l’amour, ne consiste à faire de l’autre son siamois. L’autre est appelé à s’occuper en dehors de sa présence, sans qu’elle n’interprète cela comme un rejet ou une tentative d’abandon.
Les relations interpersonnelles sont ponctuées par des tensions entre besoin d’autonomie et besoin de dépendance. L’idée consiste à chercher de tendre vers le point d’équilibre afin de s’assurer d’une fluidité dans les rapports humains.
La mise en servitude volontaire de la part de la personnalité dépendante, semble incarner une stratégie de mise en sécurité d’elle-même. L’apparence est quelque fois trompeuse, car se prêter à ce jeu s’effectue, au prix d’une chosification de son être.
La liberté est par nature épanouissante, il faut apprendre à en user sans écarter l’idée que son usage excessif ou détourné devient rapidement liberticide mais en même temps aliénant à d’autres égards.