Ces personnages publics ayant retourné leur veste durant cette pandémie du Covid-19 et il y en aura d’autres, s’autodésignent comme les »Sachants », c’est à dire ceux qui savent à tout moment et qui n’éprouvent pratiquement jamais la nécessité d’émettre l’once d’une hypothèse. Ceux qui sont visés, sont cette poignée de scientifiques qui dérogent au cadre déontologique exigé par la matière qu’ils manipulent, en affirmant et non interrogeant, en postulant et non en supposant. Serait-ce la tribune médiatique qui leur est offerte et qui dilue subitement leur sérénité !!! Une dose de circonspection ne fait non seulement pas de mal, mais s’impose à tout discours, se dressant comme un rempart face à l’imprudence et le délire qui peut en découler. L’idée n’étant pas de brandir l’étendard de la conscience morale, mais d’en appeler à la conscience en tant que champ de la connaissance claire. Il n’y a pas de mal à ne pas savoir lorsque la science n’a pas encore foulé du pied un territoire peu connu. Il n’y pas de mal, à se montrer incapable de rassurer, lorsque soit même on ne l’est par en l’absence suffisant de savoir. Or Covid-19 comporte encore nombre de zones d’ombre dans le champ de la virologie.
Toutefois, une part de la représentation de celui qui croit savoir, se tisse à partir de l’idée d’infantilisation de l’autre conduisant rapidement à une attitude condescendante et autoritaire : ‘’je suis celui qui sait, l’autre doit tendre l’oreille et obéir’. Ainsi lorsque le scientifique en est imbibé toute idée d’humanisme et d’eugénisme qui animent l’univers de la science s’étiole. A quoi sert-elle, si elle ne vise pas à améliorer la condition humaine dans son corps, dans son esprit et dans l’espace qu’il investit ? Lorsque le savoir ne compte pas dans sa préoccupation première l’augmentation de l’être, il faillit dans sa mission essentielle.
Je continuerai de croire que la grande majorité des scientifiques est circonspecte et tient compte des réalités en tant qu’elles font état de la fragilité et la minceur de notre connaissance mais également de son évolution majeure. C’est pourquoi d’ailleurs, les auteurs des recherches, achèvent leurs publications par un chapitre d’ouverture intitulé discussion et non conclusion. Car une recherche, se limite à un segment déterminé et ne connait qu’un achèvement partiel tenant compte de l’état actuel des connaissances. Sa fin n’est par conséquent que temporaire et ses hypothèses devront être tournées et retournées puis vérifiées. C’est ce qui oppose la science à toute religion et à toute secte, qui elles affirment avec des preuves qui n’en sont pas, avec des croyances à partir desquelles il est demandé tout fidèle d’adhérer.
Si, à l’homme d’Eglise, on a substitué le policier, lors de la grande peste du XIVème siècle en Europe et qui a vu réduire du tiers sa population, c’est parce qu’il a été incapable de sauver des vies et de donner un sens à la mort, hormis le fait d’apposer la faute sur les dits mécréants ! Lorsqu’au XVIIIe siècle, le médecin prend le relais du policier c’est parce qu’il est le plus à même d’éloigner la mort. C’est ce que tout un chacun en attend de la science et à raison.
Je ne veux pas parler de quelques politiques dont le but se limite à nous convaincre de leur vérité, à faire du show et à ne combler que leur appétence propre au détriment de l’intérêt général. On s’offusque avec des catilinaires face à l’indiscipline de certaines gens du peuple, à la défiance de l’autorité qui est la sienne. Mais on n’oublie que le rhizome qui la prolonge, s’enracine dans la tromperie, la manipulation, la négligence, le désintérêt, l’écrasement et l’assujettissement de la part de ses fameux ‘’Sachants’’ envers ce petit peuple.
En cette période de crise sanitaire sonnant comme une tragédie, la science demeure le phare et l’antidote. Le politique dans sa mission orientée vers l’intérêt général, doit accompagner pour que cette pandémie soit éradiquée au plus vite avec une létalité en décroissance constante. A défaut de quoi, c’est un bouleversement qui guette l’humanité dans son ensemble, comme elle en a connu aux lendemains de crises sanitaires majeures. La légitimité de l’autorité sera soumise à rude épreuve et le nouveau pouvoir appartiendra à ceux qui démontreront de l’efficacité de l’empathie et de l’altruisme à l’égard du peuple.