Sourire, même quand on déprime?

Lorsque Narcisse cherche des  »Likes » sur les réseaux sociaux, il s’affiche sous son plus beau jour, laissant éclater son sourire, mettant en scène son dynamisme et éventuellement les parties les plus sexy de son corps. Tout laisse à penser qu’il est en bonne santé physique et mentale. Pourtant, l’apparence peut être trompeuse et la réalité bien en rupture avec ce qui s’affiche. Confinant une détresse profonde pouvant le conduire à un passage à l’acte, sans que nul ne s’en aperçoive, ce que de telles photos ne disent pas ou encore incapables de le dire.

Parfois, elles sont publiées par les personnes elles-mêmes et ou partagées par des proches. Il arrive malheureusement qu’elles soient publiées alors que la personne qui y figure est déjà passée à l’acte et c’est pour annoncer la nouvelle. Comme si c’était un message, consistant à alerter sur l’apparence trompeuse des personnes.   

Les photos ne sont pas les seules à barioler la réalité. Il existe des personnes qui affichent un sourire, une joie de vivre, au sein de leur entourage, tout en étant en souffrance. Nul autour d’elles, ne soupçonne l’ombre d’un malaise. Les patients peuvent eux-mêmes demeurer dans un déni qui dévie leur acuité au point de croire que tout va bien. De fait, il ne leur vient pas à l’esprit de lancer un appel à l’aide. Certains se murent dans le silence, de peur de paraître faible.

Les personnes atteintes de dépression souriante, revêtent une persona. Elles mènent souvent une vie sociale active dans laquelle elles paraissent épanouies. Elles ont un travail et les choses semblent leur réussir. Pourtant, sitôt qu’elles se retrouvent face à elles-mêmes, la porte se referme et éprouvent un sentiment d’impuissance et de désespoir.

Ce qui nous fait conclure, que la dépression ne se vit pas de la même façon chez tout le monde. La croyance populaire conçoit mal qu’un individu souriant et plein d’entrain, puisse être déprimé. La dépression est souvent associée à la grise mine. Comme pourraient si bien le dire les Vampes :’’Si i déprime pourquoi qui sourit alors, Hein?’’

Dépression souriante

Arborer son plus beau sourire lorsque ça va mal, est un mécanisme de défense permettant de scotomiser sa détresse.

En dépit de ces expressions qui diaprent le visage de son plus bel éclat, voici quelques signes permettant d’anticiper le pire et venir en aide aux personnes dont la détresse s’abrite derrière la lumière.  

Les signes devant alerter :

  • Une indifférence progressive s’installe vis-à-vis des activités pour lesquelles la personne avait de l’intérêt
  • Une absence de désir
  • Une modification de l’appétence et de la charge pondérale
  • Une perte de la libido
  • Une fatigue, voire un épuisement et un délitement progressif de la concentration.
  • Des insomnies
  • Une rumination fréquente de situations négatives avec l’expression de sentiments de peur, de colère, de tristesse, de culpabilité, d’ennuis, de désespoir, d’anxiété.
  • Une euphorie affichée et contre nature.

Faire prendre conscience du problème.

Susciter la compréhension

La détresse psychologique n’est pas une honte. Chacun peut en faire une fois dans sa vie, l’expérience. Cependant, certains refusent d’afficher leur faiblesse et plongent dans le déni. Plutôt que de les forcer à l’aveu, mieux vaut leur témoigner d’une empathie et d’un soutien.

Prêter l’oreille. 

Cela signifie une écoute attentive et sans préjugé aucun. Il ne suffit pas de dire que tout ira bien, pour que tout finisse par aller. Si la pensée positive était performative, les carences ne seraient pas de ce monde et nul n’aurait besoin d’aide. Dire que tout ira bien, implique une réflexion à partir de laquelle des actions conduisant à une amélioration peuvent être mises en place. C’est par conséquent, un instant plus ou moins long de création.

Favoriser la résurgence et/ou l’accroissement de l’estime de soi. 

On a pratiquement tout entendu sur le sujet notamment de la bouche de ceux qui prétendent pouvoir rehausser celle des autres, par des suggestions farfelues frisant l’ignorance. Passons ! Il s’agit d’accompagner la personne, à la découverte de ce qui pourrait faire sens, notamment un projet. Un projet quel qu’il soit, se construit par étape et les efforts déployés pour passer chacune d’elle, doit être salué. Chaque étape devra soigneusement être anticipée.  Cette prise de conscience nourrit l’estime de soi, accroit la puissance d’agir et favorise la pérennisation de l’action.

Prêter une attention particulière. 

Requérir des nouvelles de la personne, par voie de messagerie (SMS, WHATSAPP…ou par celle d’un appel téléphonique, voire d’une visite. Ne pas se contenter d’entendre de l’autre un :’’je vais bien’’.  Chercher à en savoir davantage en essayant de percevoir ce qui est entrepris en faveur du tissage de ce bien être, tout en restant à l’écoute des signes de mal-être.

Stimuler l’action. 

En encourageant la personne en dépression avec douceur, en lui faisant faire ce qu’une personne «en bonne santé» ferait. Suggérer des instants de partage en élaborant un programme. Ce pourrait être du shopping, de marcher ou de courir dans un parc, de voir un film…. Jouir de son existence, se fait en acte. L’action impacte sur nos sentiments et nos émotions et le cerveau cartographie cela tout en mettant en place le circuit de la récompense. Agir comme une personne heureuse peut aider l’autre à se sentir mieux.

Adopter une hygiène de vie. 

Les personnes souffrant de dépression sont apathiques et éprouvent une fatigue permanente. Elles consentiront peu, voire pas du tout à de l’exercice physique, y compris dans un cadre stimulant comme une salle de sport. Faire de la marche, ou quelques exercices à la maison, voire les deux suscitent un bien être. La carence en sérotonine et/ou en vitamine qu’on observe dans la dépression, peuvent être compensées par une alimentation tenant minutieusement compte des apports nutritifs. Pour cela, il ne faut pas hésiter à se documenter.

Suggérer une thérapie. 

Sortir d’une dépression, ne consiste pas à se dire journellement :’’je vais bien, tout va bien’’. La dépression, ne peut être prise à la légère et requiert un traitement psychothérapeutique assortie d’une médication parfois. Requérir les conseils d’un représentant religieux, d’un voyant ou d’un pseudo thérapeute, peut conduire le patient vers un état aggravé. Pas plus, qu’un sujet ne puisse se sortir seul d’une dépression. Ne confondons pas la dépression avec le coup de mou. Le coup de mou est passager, la dépression est une pathologie, qui comme toute pathologie comporte des symptômes qui perdurent.  Il convient de faire prendre conscience, qu’il n’y a rien de mal à se faire suivre par un professionnel, mais bien au contraire, c’est une façon lorsqu’on y parvient pas par ses propres moyens, de continuer de prendre soin de soi.

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