Le ressentiment biologiquement parlant

Toutes les fois que nous éprouvons du ressentiment, le cerveau limbique est stimulé. Nous sommes alors traversés par un flux émotionnel, emmagasiné sous forme d’accumulation de la colère. Le programme neurobiologique du ressentiment sera lancé, par simple activation de l’une des émotions qu’il aura cartographiées. C’est une chaine neuronale dense qui en ayant stimulée, émettra une succession de sentiments négatifs : désagréable, indésirable, blessant etc.

Selon certains évolutionnistes, les émotions ont évolué de sorte à répondre à des programmes adaptatifs dont les mécanismes biologiques auront en charge le traitement de l’information.
Observé à partir de ce prisme, le ressentiment, en tant que mécanisme de protection, peut être interprété comme une stratégie d’inhibition visant à empêcher le système nerveux autonome de se déréguler de façon permanente.

Le sentiment ressentimiste déclenche notamment de la colère. Or celle-ci favorise la préparation au combat ou à la fuite, à moins qu’un sentiment d’impuissance ne la neutralise par constat d’infériorité. Ainsi, conserver une rancoeur, peut être la voie du compromis servant temporairement à préserver son être des foudres de l’autre. Dit autrement, cela revient à se mettre en sécurité au moins temporairement. Durant cette parenthèse temporelle, une stratégie peut être conçue pour surmonter cette impuissance ou cet assujettissement. Cette attitude, empreinte de prudence, protège d’une exposition au danger quel qu’il soit.

Ainsi en est-il du traumatisme :

Après un trauma, le cerveau se met en mode automatique. Il réagit à tout stimulus rappelant l’événement traumatique (trauma), faisant en sorte le sujet ne succombe pas. Le cerveau revit l’évènement, c’est à dire qu’il rappelle à la mémoire l’ensemble des émotions et des représentations qui s’y rapportent et cela est médié par l’ensemble des processus organiques et neurochimiques. L’impuissance à se défendre, s’apparenterait à une défaite, suscitant des frustrations en tous genres.

Lors d’un trauma, le délitement de la puissance d’agir, portant atteinte à l’élan vital, active une défense paroxystique à partir de laquelle le système s’immobilise et s’effondre. Si, en dépit du bouclier érigé, le sujet demeure dans l’incapacité d’aller vers une résilience, le trauma se transforme en traumatisme. Le sujet s’encage dans une rumination permanente de l’évènement, de ses causes, et de scénaris inhérents à lui :  »Pourquoi, m’ont ils fait cela ? Qu’ai-je fait pour le mériter ? Pourquoi ne me suis-je pas débattu ?…. »

Le ressentiment en tant qu’expression latente d’un désir de combat, notamment par acte de vengeance, fait obstacle au traumatisme qui est une attitude passive consistant au repli sur soi, et/ou à une sidération. Tandis que du traumatisme, résulte une représentation de défaite, d’impuissance et de subordination, le ressentiment, n’est pas l’expression d’une défaite mais d’un mode combat mis en veille, n’attendant que l’instant propice pour se mettre en scène une colère vengeresse.
C’est un mode de défense alternatif, faisant barrage à l’écroulement et servant également de temps de préparation à une offensive en mode silencieux.

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