Préparer les enfants à la rentrée.

‘’Toutes les bonnes choses ont une fin’’.  Les mauvaises aussi, dirons nous !

La fin des vacances que l’on couple de façon abusive et impropre à celle de l’été est en autre propice à son énonciation. Nombre de parents en usent en plaisantant parfois, comme pour donner le coup de sifflet, marquant l’arrêt des journées à la plage, celui des balades et des dépenses inconsidérées, celui des soirées qui se prolongent jusqu’à pas d’heures dans des cafés et face aux écrans, pour signifier aux enfants que l’heure est à présent venue de : reprendre le chemin de l’école, de préparer son sac avant de dormir, de faire un usage plus modéré de son téléphone, de se coucher tôt et à heure fixe. Le signifiant d’une nature transitoire de l’existence qui n’est pas sans éprouver un léger pincement au cœur.

Bien que cette reprise puisse être stimulante, car elle est empreinte de renouveau, de retrouvailles avec les camarades de classe, ainsi qu’avec les enseignants qu’on a appréciés, la rentrée peut constituer pour certains enfants/adolescents, une source d’inquiétude. Lorsqu’elle l’est avérée pour certaines progénitures, elle le demeure également dans bien des cas, chez les parents.

De plus, des enfants déjà en proie aux transitions, seront sujets à une anxiété, pouvant se prolonger durant les premières semaines qui suivent la rentrée voire malheureusement parfois toute l’année.

Il peut être difficile d’être enfant aujourd’hui et par ricochet d’être parent.

En effet, les enfants quel que soit leur âge, sont souvent exposés aux normes de réussite et de performance depuis petits. La pression pour exceller académiquement, socialement mais également à travers les réseaux sociaux peut être semblable à une chape de plomb. Ils peuvent avoir le sentiment de se sentir aliénés en poursuivant des objectifs non alignés à leur véritable essence.

De plus, la technologie, bien qu’offrant d’énormes avantages, contribue à isoler les enfants, ou du moins l’usage qu’ils en font et dont les conséquences échappent à leur entendement, configure leur isolement. Les interactions en ligne peuvent nuire au développement des compétences sociales et à la capacité d’empathie. Sans omettre qu’une exposition prolongée et régulière aux écrans génère des distorsions de la réalité et du rapport au temps. Ce qui soulève des interrogations sur la notion d’identité dans un réel médiatisé.

La surstimulation sensorielle (1), due à des expositions longue durée aux écrans, peut entraîner des difficultés de concentration et une fragmentation de l’attention. Nous l’observons également en clinique, puisque de plus en plus de parents orientent leurs enfants vers des consultations psychologiques pour des incapacités de plus en plus grandissantes à pouvoir se concentrer notamment sur des contenus à vocation intellectuelle ou encore même des conversations. Ce qui signifie que les composantes environnementales affectent l’expérience subjective des enfants de tous âges, en l’occurrence les réseaux sociaux via les écrans.  

Enfin, les fenêtres ouvertes sur les problèmes sociétaux, tels que le changement climatique, les conflits, les problèmes sanitaires et les inégalités économiques, suscitent le plus souvent chez les jeunes des sentiments d’impuissance et d’anxiété quant à leur avenir. Ce bombardement intempestif de l’esprit par l’information anxiogène apporte sa part d’entrave aux doux rêves de l’enfant. Si bien qu’au lieu de construire un imaginaire à l’intérieur duquel le beau est rendu possible, il crée ses propres inhibitions et se demande comment survivre dans un environnement si hostile.   

Revenons à la rentrée !

L’anxiété avant la reprise de l’école et même au cours des premières semaines affectent de nombreux enfants notamment les plus vulnérables. La pandémie et ses mesures inhérentes ont aussi leurs parts de contribution quant à l’exacerbation des inquiétudes des enfants.

Comment dans ce contexte, peut-on aider ces enfants vulnérables à affronter le retour à l’école ?

  1. Il convient de les y préparer quelques jours voire quelques semaines avant la rentrée, notamment à émettant en place une série de routines :  se coucher à des heures raisonnables, renoncer aux grasses matinées et se lever le matin, prendre ses repas à des heures régulières et limiter l’exposition aux écrans.
  2. Les parents doivent prêter une oreille attentive aux inquiétudes de leurs enfants et les VALIDER. La reprise peut parfois être difficile, car elle suppose une réinstallation des routines, souvent jugées plus lourdes par rapport à la légèreté du rythme des vacances. L’injonction à ne pas s’inquiéter n’est pas performative. Dit autrement, ça n’est pas parce qu’on aura répondu à un enfant de ne pas s’inquiéter, qu’il s’apaisera ! Bien au contraire, ce pseudo réconfort, peu crédible aux oreilles de l’enfant, ne fera que mettre en exergue l’incapacité du parent à rassurer, accroitra l’inquiétude de l’enfant qui n’aura plus vers qui se tourner et le dissuadera d’exprimer son anxiété dans le futur. Un parent incapable de rassurer son enfant est un parent insécurisé qui affiche son incapacité par des postures non verbales et des expressions faciales. Par conséquent, qu’il n’hésite pas à se faire aider, lorsqu’il ne sait pas mettre en mots les idées lénifiantes, ce que ses propres maux l’empêchent de faire.
  3. Il est recommandé de se préparer les plus possible à la rentrée. L’anxiété prospère dans l’incertitude, c’est pourquoi, il ne faut pas hésiter à se rendre aux pré-rentrées lorsque celles-ci sont prévues par les écoles, ou à d’autres évènements scolaires, telles que des réunions d’information, ou autres s’ils sont organisés. 
  4. Mettre en place des scénaris permettant d’apporter la ou les réponses aux stimulus anxieux et la ou les répéter mentalement. Exemple, si l’enfant ou l’adolescent redoute de rencontrer un professeur, aider l’enfant à élaborer la solution adéquate pour affronter cette rencontre. Cela suppose la construction d’un scénario.
  5. Si l’enfant est sujet à de l’anxiété, il est primordial, surtout en début d’année de lui organiser une rencontre avec un professionnel de la santé mentale. Cela pourrait l’aider à mettre en place un répertoire comportemental de réponses adaptées, notamment : une meilleure communication avec le personnel scolaire, une meilleur gestion des difficultés émotionnelles et sociales.
  6. Au moment, de la rentrée, ne pas hésiter à mettre en place après l’école, une activité qui rappelle une parmi celles pratiquées durant les vacances. Cela permettra d’assurer une transition plus onctueuse, notamment pour les enfants les plus vulnérables.  
  7. La rentrée est l’instant à partir duquel se prennent de nouvelles résolutions générant de nouvelles stimulations et permettant ainsi d’aborder la rentrée avec enthousiasme.
  8. La rentrée, c’est enfin retrouver le plaisir d’acquérir de nouveaux apprentissages, tant avec les professeurs qu’avec les camarades, sans omettre les parents qui sont des passeurs de savoirs et de connaissances à temps plein.

(1) The Impact of Screen Exposure on Attention Abilities in Young Children: A Systematic Review

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