Stimuler la motivation des enfants – 1ière Partie.

« Consentir à  la nécessité des choses, pour susciter sa puissance d’agir »

Le thème de la motivation a suscité un intérêt majeur depuis la genèse de la philosophie antique. Partant du principe que l’eudémonisme constitue le souverain bien en ceci qu’il doit d’être le but de toute existence humaine. Il est en soit un stimulus qui va faire appel à  une puissance d’agir, à  une constance et à  une persévérance. Le concept de motivation n’a depuis cessé de générer une production donnant lieu à  pléthore de recherches, de théories et de publications tant dans les champs de la psychologie, des neurosciences, que de l’éducation.  

Elle a été abordée à  partir d’une perspective positive et négative, respectivement, soit en tant que besoin de réussite et soit en tant qu’évitement de l’échec.

La motivation, sous-tendue par une raison d’agir, donc un motif, impulse un mouvement, d’où¹ son usage dans le jargon pictural.  C’est toute une mécanique qui nous permet d’atteindre un but.

En ce qui nous concerne, nous limiterons l’étude de ce thème en tant que besoin de réussite et tiendrons à  l’écart la peur de l’échec.  Bien que cette dernière mérite toute la considération quant à  son impact sur la motivation.

La motivation interpelle le sujet à  partir d’interrogations précises, auxquelles il devra apporter des réponses, qui à  leur tour et par enchaînement des causes, influeront sur sa capacité à  se mettre en mouvement, ou à  le faire perdurer en faveur d’un but déterminé.

Un désir n’induit pas nécessairement un acte de volonté. Un désir en tant qu’il est un but, se définit selon une constance des actions dans le temps qui permettent de le réaliser. En d’autres termes, l’idée de désir ou de but, n’a de sens qui si et seulement si lui est adjointe l’idée de temps.

€˜’Une fois que tu t’es fixé des buts, tu dois t’y tenir comme à  des lois qu’on ne peut transgresser sans impiété. Et quoi que l’on dise de toi, n’y prête pas attention: cela ne te concerne plus ».  (Manuel D’Epictete Chap. L)

Dans un cadre purement scolaire, comment développer cette motivation à  la réussite ?

La prescription n’est pas performative ! à‡a n’est pas parce qu’on désire, que la volonté se montre capable de décréter la réalisation de ce désir. S’il en était ainsi, la souffrance aurait sans doute était éradiquée par volition. Nous aborderons cet aspect lorsque nous parviendrons à  l’engagement.

Pour l’instant, nous devons apporter un éclaircissement préalable sur les trois points suivants :

  • qu’est-ce que l’étudiant ou l’élève veut faire ?
  • vers quoi désire-t-il s’orienter ?
  • quels sont les buts allant causer une préférence stable ?

Il existe des outils favorisant la connaissance de soi par catégorie d’activité (littéraire, artistique, scientifique)  

Il est également utile d’évaluer à  partir  d’outils,  les indices de performance de l’individu au sein de son système éducatif[1].

L’évaluation d’origine anglo-saxonne, selon René Amigues [2] consiste  à  fournir des informations utiles pour éclairer une prise de décision », c’est également un « acte consistant à   émettre  un  jugement  de  valeur  à   partir  d’un  recueil  d’informations  sur l’évolution ou le résultat d’un élève, en vue de prendre une décision ».

Si ces éléments d’information sont si déterminants, c’est parce qu’ils permettent de déceler , voire d’orienter le dynamisme de la personne vers un ou des objectifs précis et stables. Par ailleurs, ils permettront à  l’étudiant ou l’élève d’élaborer une image consciente de soi susceptible d’évolution.

Cependant, ces éléments n’apportent aucune indication sur le dynamisme que la personne va investir et pour ainsi dire, il varie considérablement d’un sujet à  l’autre. Certains s’engageront vers un but quinze heures sur vingt-quatre, tandis que d’autres estimeront suffisant d’espacer davantage les efforts en les réduisant à  trois fois par semaine.

La motivation implique que :

  • des efforts intenses prolongés et répétés soient accomplis pour des buts difficilement atteignables. (Entendons par difficulté relative qui est fonction de chacun)
  • que les buts étant souvent élevés et lointains, impliquent une mobilisation de soi
  • une manifestation de la puissance d’agir luttant parallèlement  contre l’ennui, la lassitude et l’épuisement

La motivation s’incarne dans un besoin dont le tropisme s’achemine en direction de la réalisation d’un désir, quelle que soit sa nature.  Elle endosse le rôle essentiel d’organisateur de la vie psychique se mettant au service de la construction d’une organisation sociale. Certains[3] voient dans le besoin de réussite, un système hédoniste et cognitif. Hédoniste, car il repose sur une recherche de plaisir lié au sentiment de réussite assorti d’une émotion de fierté. Au même titre que la peur de l’échec, suscite l’inaction car elle repose sur l’évitement du sentiment de honte.

Cognitif, car il repose d’un cà´té, sur des représentations anticipées de réussite et d’échec et de l’autre, ces mêmes représentations sont traitées de manière élaborée.

On recense trois types d’effets liés au besoin de réussite incitant :

1. au choix d’activité de difficulté moyenne ou raisonnable plutôt qu’un niveau de difficulté accès sur les extrêmes (soit très facile, soit très difficile)

2. à  des variations typiques c’est-à -dire choisir une tâche plus facile après une série d’échecs ou¹ s’attaquer à  une tâche plus difficile après une série de réussite

3. à  l’accomplissement de tâches de difficulté moyenne

L’évitement de l’échec en tant qu’il constituerait une peur, reviendrait à  ne rien entreprendre pour ne pas avoir éprouver de honte.

La peur de l’échec comporterait 3 effets symétriques aux besoins de réussite:

1. Elle évite de se donner des buts en général et notamment de difficulté moyenne. Mais comme il est impossible de ne pas agir, elle conduirait à  rechercher des buts aisément atteignables ou à  contrario des défis impossibles à  remporter et vis-à -vis desquels il n’y aurait plus de honte à  échouer.

2. Elle viserait à  ne pas persévérer sauf vis-à -vis de taches difficile à  réaliser

3. elle inciterait enfin à  des variations incohérentes du niveau d’aspiration

Attitude parentale estime de soi scolaire de l’enfant.

L’intérêt que manifestent les parents pour le travail scolaire aura une incidence positive sur l’investissement de leurs enfants. Ainsi les élèves jouissant d’un bon statut scolaire, et dont les parents portent de l’intérêt à  leur travail, développent une bonne image d’eux-mêmes,

A contrario les élèves ayant un mauvais statut scolaire et dont les parents portent peu d’intérêt à  leur travail, détérioreront davantage l’image qu’ils ont de même.

L’estime de soi présente une valeur motivationnelle, impactant sur la qualité des apprentissages scolaires. Les attitudes des parents alimentent et configurent les représentations de l’enfant. Il existe un trait d’union entre le style éducatif des parents et l’estime de soi de l’enfant. En se penchant sur l’influence des facteurs structurels (comme l’appartenance sociale) il a été observé une corrélation entre style éducatif et estime de soi.  Une bonne estime de soi chez l’enfant se définit comme la conscientisation de l’importance de prendre soin de soi incluant le développement d’habiletés et une autonomie pour les acquérir. Par conséquent, une estime de soi entretenue, serait le fruit d’un style éducatif parental reposant sur la négociation et la prise de décision. A contrario une estime de soi écornée, serait  la conséquence d’un style éducatif parental fondé sur la contrainte et le contrà´le, au détriment de l’encouragement[4].

Conclusion de cette première partie.

Vous l’aurez compris au cours de cette première partie, que la motivation englobe une mécanique aux composantes diverses nécessitant pour chacune d’elle d’être stimulées pour que la motivation fonctionne, c’est-à -dire qu’elle permette de conduire à  la réalisation de ses buts. C’est pourquoi, comprendre les facteurs qui la déterminent, permet d’agir chirurgicalement vis-à -vis de ce qui ne fonctionne pas et qui entrave tout fonctionnement satisfaisant de l’ensemble du rouage. D’autres mécanismes seront abordés en seconde partie de cette article afin de fournir à  chaque lecteur une vue un peu plus exhaustive de ce thème.


[1] (Cleland 1961)

[2] Comment l’enfant devient élève €“ René Amigues & Marie Thérese Zerbato Poudou

[3] Atkkinson (1983)

[4] (Kellerhals Montandon 1992)

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