Amertume et perversion du parent.

Réifier le sujet, ou plutôt l’individu, c’est ne plus le reconnaître comme sujet mais c’est l’employer à ses propres fins. Ce sujet, ou du moins ce qu’il en reste de lui, n’est que dans la subordination vis à vis du maître c’est-à-dire de celui qui l’instrumentalise sa vie durant. L’esclave car ainsi faudrait-il nommé le sujet réifié, n’a d’existence que la satisfaction des plaisirs de l’autre.

La relation teintée de perversion vise l’instrumentalisation de l’un au bénéfice exclusif de la jouissance de l’autre. Dans ce schéma de dépendance, la reconnaissance lorsqu’elle se manifeste et de façon exceptionnelle d’ailleurs, non au moindre prix, n’a d’objectif que de s’étendre toujours davantage. Cette dépendance serait en quelque sorte en expansion, tant qu’aucune résolution n’est entreprise pour y mettre un terme.


Ainsi, lorsque le parent pervers sans coup férir s’érige en dictateur pérennisera tant que l’enfant, dompté tantôt comme un esclave, tantôt comme un animal, capitulera face aux injonctions toujours en nombre croissant. Le parent pervers dira : « tu n’es qu’un enfant à qui l’on a tout donné « ou encore « aucun parent n’a fait, ce que j’ai fait pour toi » oubliant ou faisant fi d’oublier que l’enfant a surtout été façonné par lui pour une génuflexion exclusivement orientée vers lui.

Comme si la condition de son enfant quoiqu’il lui en coute, consistait toute sa vie durant, à demeurer l’esclave du parent. Un enfant dira-t-il, ça obéit et quel que soit l’âge !

L’injonction voit son prolongement dans une forme de contrition renouvelable.  Le parent pervers dans un déni permanent a toujours raison. Il prétend agir ou non du bien confondant ainsi le bien avec le sien propre. Il ne cède à l’enfant d’un côté que pour en tirer toujours davantage de l’autre. Tout ce qu’il donne en apparence a valeur de prêt qui se compte au minimum en reconnaissance. Ou alors, lorsqu’il a un geste qui est susceptible de ne pas lui rapporter, il n’hésite pas à se targuer d’en être l’instigateur : « aucun parent ne fait, ce que je fais pour toi » « sans moi tu n’y serais jamais arrivé ». 

Il ne connait pas l’amour ou du moins ce qu’il en croit en être, n’est qu’un amour au conditionnel, c’est-à-dire conditionné à une performance ou à une reconnaissance de son propre être : « c’est grâce à moi que tu as une bonne note à l’école ». Il fait valoir la réussite de son propre enfant auprès des autres comme si c’était la sienne.

Lorsque l’enfant ne satisfait pas les exigences du parent, il devient la cause de toutes ses souffrances, celui par l’entremise de laquelle, le malheur dans la famille s’installe et s’installe pour durer.


Le parent pervers n’engendre que pour sa gloire et sa progéniture est enserrée dans un schéma qui ne vise qu’à l’entretenir. Dépourvu d’empathie, il exige une attention permanente de sa progéniture, vis-à-vis de ses propres besoins. Ceux des siens, il les néglige, allant jusqu’à dire qu’ils sont injustifiés, abusifs voir anormaux. L’équilibre familial qu’il confond avec son bonheur, ne repose que sur l’exclusivité de la satisfaction de ses propres besoins au détriment de ceux des autres.

A court d’arguments pour se faire entendre, il invoquera à son secours et dans le meilleur des cas, le 5e commandement du Décalogue : « tu honoreras ton père et ta mère » (Exode 20 : 12). Et quand, malgré cela, celui-ci n’aura provoqué aucun réveil chez l’enfant, il prononcera des imprécations qui, quelques fois revêtiront l’apparence d’une prophétie de malheur, mais qui en réalité ne seront que des souhaits d’échecs.

Le parent pervers, est un parent amer qui doit son amertume, non à sa progéniture mais à ses ascendants, qui non seulement n’ont pas su l’apaiser, mais s’en sont montrés incapables. Il est un sujet qui s’inscrit dans un ressentiment permanent duquel il ne sort pas et qu’il rumine sans relâche. Il est enfermé dans psychose. Il épanche son amertume en toutes occasions et avec tous, à commencer par les siens.

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